Tiens !* Comme nous, les vieux habitués de Bruxelles, le disons si bien, « éh bien je jamais »*. (Traduction littérale de l'Anglais « well I never » signifiant, « jamais je ne l'aurais cru », NDT).
Le dernier Sarko-scandale, est, aux normes françaises, du pur train-train : une héritière fortunée, des caisses noires cachées, des dons illicites, des enveloppes pleines de cash. Mais là, il y a une différence : les Français peuvent lire chaque nouvelle allégation en France même. L'affaire a été largement sortie par un site web d'actualité disponible par abonnement seulement, fondé par un ancien rédacteur en chef du Monde.
La pure servilité des médias papier français doit être vue pour être crue. Quand, par exemple, il a fait surface qu'un ancien Président de la République avait mis sa maitresse dans un siège au Parlement Européen, les lecteurs français ont été entièrement dépendants de reportages étrangers pour l'apprendre. La même chose a été vraie des nombreuses peccadilles de Mitterrand, sexuelles autant que politiques. Et ce n'est qu'après sa mort que son passé Vichyste a été ouvertement discuté.
Quand Jacques Chirac a accordé son pardon a plus de mille politiciens trouvés coupables de corruption, aucun journal français n'a ne serait-ce que fait allusion au fait qu'ils avaient jamais été accusés. En fait, quand Nigel Farage, le leader du parti indépendantiste Britannique UKIP, a signalé que l'un de ces politiciens avait été nommé Commissaire Européen, le Président du Parlement Européen lui-même lui a dit de retirer sa remarque sous peine de subir des poursuites.
Certains étrangers rigolent de la faiblesse des journalistes français. D'autres l'admirent. « Pourquoi ne pouvons nous pas être aussi adultes que les Français sur ces choses » nous disent des métropolitains pragmatistes. Mais l'obséquiosité des journaux français n'est pas déterminée par les préférences de leurs lecteurs. Au contraire, il y a peu de démocraties où les électeurs expriment un mépris aussi véhément pour leurs élus qu'en France. Non, la raison pour laquelle les journalistes français tendent à ne pas y aller trop fort avec leurs politiciens est qu'ils ont une relation symbiotique avec le gouvernement. Ils jouissent de fortes subventions, de niches fiscales et autres avantages, de nombreux journaux sont liés à l'un ou l'autre des partis politiques, ou encore appartiennent à des industriels qui vivent de marchés d'Etat, et les lois sur la préservation de la vie privée leur sont très défavorables.
En conséquence, ils se retrouvent souvent à aller à l'encontre de leurs lecteurs. Quand la France a voté sur la Constitution Européenne il y a cinq ans, tous les journaux sauf l'Humanité ont appelé à voter Oui, laissant la campagne pour le Non aux seuls blogueurs. Devinez qui a gagné ?
Les organes d'informations basés sur le web contribuent au déclin des médias papier dans le monde anglophone. En France, où un cartel journalistique s'est rendu dépendant du patronage politique, leur opportunité est d'autant plus grande. Vraiment, l'internet est un phénomène merveilleux.
* : en Français dans le texte.
Un article de Daniel Hannan pour son blog sur le site du Telegraph.