Critique en avant-première : Inception (par Jango)

Par Jango


Synopsis :

Dom Cobb est un voleur confirmé, le meilleur dans l'art périlleux de l'extraction ("inception" en anglais). L'extraction consiste à s'approprier les secrets précieux d'une personne, enfouis au plus profond de l'inconscient pendant qu'elle rêve et que l'esprit est le plus vulnérable. Le milieu de l'espionnage industriel convoite Cobb pour ses talents. Dom Cobb devient alors un fugitif recherché sur toute la planète. A cause de cela, il perd son plus grand amour. Une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie antérieure. Au lieu de subtiliser une idée, Cobb et son équipe vont devoir en implanter une dans l'esprit d'une personne. S'ils y parviennent, cela pourra constituer le crime parfait. Cependant aucune stratégie n'a pu préparer l'équipe daà un ennemi dangereux, qui semble avoir toujours un coup d'avance. Un ennemi qui seul Cobb aurait pu voir venir. Cet été, votre esprit est la scène du crime.

Critique :
Inception, un peu comme Avatar l’an passé, est probablement la super production la plus attendue de l’année. Un pitch totalement original, un casting hors catégorie et surtout, surtout, le génial Christopher Nolan derrière la caméra, derrière le script mais aussi à la production. Avec ces éléments de base, il était peu probable que le résultat ne déçoive même si après The Dark Knight, on se demandait comment il allait être possible, à défaut de faire mieux, de faire aussi bien.
La grande force de Nolan et du marketing de Warner, c’est avant tout d’avoir conservé l’histoire secrète. Même si l’on commençait à comprendre vaguement de quoi il s’agissait en regardant les extraits ou autres bandes-annonces, les morceaux du puzzle étaient relativement complexes à assembler. Une histoire de rêves, de mission, de crime et c’est à peu près tout ce dont nous disposions avant d’assister à la projection. Et quel bonheur de découvrir à un film de cette envergure sans en connaitre la substance ! Un plaisir oublié dans toute cette masse de productions formatées que nous donne à voir Hollywood au fil des mois.
Pour faire court, Inception est de loin, voire de très loin ce que le cinéma américain nous a proposé de plus intelligent, de plus marquant, de plus spectaculaire au cours de ces dernières années. Une expérience de 2h40 dont personne ne sortira indemne tant le film vous mettra à l’épreuve. Nolan a réussi l’exploit de capter l’essence des rêves, les sensations qu’ils provoquent, les paradoxes et les décalages qui nous habitent pour les retranscrire à l’écran. Pari impossible ? Pas pour Nolan qui réalise avec Inception l’un de ses films les plus aboutis dans d’une filmographie déjà parfaite.

Si le terme de blockbuster d’auteur existait, Inception en serait le porte drapeau. Sous cette apparence de super production (budget colossal de 150 millions de $, des effets spéciaux renversants (dans tous les sens du terme), un casting incroyable) se cache en réalité l’une des réalisations les plus profonde et intellectuelle de l’année.
Nouveau film noir (registre de prédilection du réalisateur), Inception pourrait être simplifié à un film de braquage à l’exception qu’ici, on ne vole pas mais on insère. Inception, extraction, deux mots sur lequel je vous laisse méditer pour éviter de spoiler quoi que ce soit.  Comme le signalait Niko de Filmosphère, en sortant d’Inception, notre grille d’appréciation des films doit être entièrement revue. Nolan réalise ici un modèle de narration, de montage, regorgeant d’idées de mise en scène toutes plus géniales les unes que les autres tant lorsqu’il s’agit de scènes spectaculaires (la scène dans Paris ou encore le passage en lévitation du personnage de Joseph Gordon Levitt) que lorsqu’il s’agit de passages intimes ou émouvants.
En présentant des rêves aux apparences très réelles plutôt que des fantasmes graphiques ou oniriques, Nolan reste universel et s’assure de l’adhésion des spectateurs qui trouveront leurs points de repères bien vite. Et c’est bien là la force du film. Si le scénario demeure relativement sophistiqué (notamment lors de l’introduction de la notion de rêves imbriqués), la narration reste fluide et met à l’épreuve l’intelligence des spectateurs. Étrange paradoxe que de proposer sans doute le scénario le plus dense et complexe tout en restant d’une grande limpidité mais cette réussite est à n’en pas douter la marque des plus grands.

Le personnage interprété par DiCaprio (sans doute le plus intéressant même si tous apportent une vraie valeur ajoutée à l’histoire), cet expert en extraction de rêves, peut trouver nombre de similitudes avec celui qu’il incarnait dans Shutter Island. Il est l’élément commun à tous les films de Nolan, un personnage tourmenté, écorché vif, hanté par ses démons du passé qui dictent sa conduite, sa manière d’être, ses actions. Le film se résume finalement à une tentative de reconstruction d’un homme qui, grâce à une opportunité offerte par businessman, va tout mettre en œuvre pour retrouver ses enfants. Une performance individuelle pour l’acteur le plus talentueux du moment, bien évidemment supportée par le reste du casting, tout aussi impressionnant car judicieusement casté.
Film noir transcendé par une mise en scène prodigieuse encore plus aboutie que dans The Dark Knight, Inception est aussi aidé par une photographie parfaite, nous emmenant dans cet univers imaginaire jamais vu auparavant. Evidemment, visuellement, les images sont bluffantes. Pourtant, le nombre de plans truqués est bien inférieur à la moyenne des films de ce genre (environ 400 pour Inception contre 2000 en moyenne). Dans cette logique de présenter des rêves aux allures réelles, Nolan et ses équipes ont préféré opter pour des effets visuels à base de vrais éléments de décors comme pour The Dark Knight. Des trucages presque à l’ancienne mais qui impressionnent de réalisme et sauront, au moment venu vous scotcher à votre fauteuil.

En parlant d’Inception on peut être sûr à peu près de deux choses :
La première est qu’il s’agit du film de l’année ex-aequo avec Shutter Island. La seconde est que le film est immédiatement culte et devra se regarder bien plus d’une fois pour en apprécier toute la puissance. Une expérience originale comme le cinéma nous en offre une tous es les 10 ans et qui, à ce niveau de perfection, plane à des kilomètres au dessus de tout ce qui peut se faire quotidiennement.
C’est bien simple, Inception est un choc. Il procure un sentiment magnétique qui nécessitera plusieurs minutes avant de pouvoir revenir à la réalité et parler, tant la claque aura été grande.
Deux mots suffisent à parler du film : Chef d’œuvre.
Oscars en vue ? (I hope so !)

Sortie officielle française : 21 juillet 2010