Clôture désormais rituelle des REVEVIN, le dessert sucré en compagnie de son géniteur ligérien. cCest au tour d’Eddy et Mileine Oosterlinck de venir nous faire découvrir sa production de Coteaux du Layon sous le patio du Chai Carlina. Enfin, pas tout à fait. Ce que le froid ascensionnel n’avait pas réussi à faire, les égouts montois y sont parvenu. Des reflux d’eau nauséabonde, remontant de l’Avenue de la Mer (pourtant déserte à cette heure-ci!) jusque dans le patio, nous ont contraint à un repli interne au milieu de la cave du Chai. On est là pour goûter à du sucre, pas à de la m...! Pour se faire la bouche, rien ne vaut pourtant du sec. Une production devenue une quasi nécessité pour les vignerons angevins, devant l’affaissement du marché des liquoreux, même quand les vins sont superbes. 6 tries successives, en moyenne pendant les vendanges, permettent de prendre moins de risque dans la gestion des maturités et de ramasser à point pour élaborer le type de vin que l’on souhaite.
Le Sec de Juchepie, tout le monde se l’arrache, et il y en a peu. Que ce soit le 2005, au superbe équilibre alliant onctuosité, tension et élégance, sur une finale parfaitement fraîche, ou le 2007, à la jolie trame vive et acidulée. Deux superbes chenins au top, qui ne doivent pas occulter les splendeurs sucrées qui vont suivre.
En liquoreux, nous goûterons aux quatre cuvées existantes. La production d’Eddy et Mileine se décompose en deux cuvées parcellaires (Les Churelles et les Quarts) et en deux Têtes de cuvée non parcellaires (La Passion et Quintessence), à la recherche de la plus grande expression du millésime. Pour compliquer utilement les choses, la dégustation portera également sur deux millésimes distincts de chaque cuvée, des années supposées opposés par essence: botrytis versus passerillage.
L’exercice fut aussi réjouissant que passionnant.
- Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Churelles : en 2006, il donne un vin tout simple, frais, acidulé, l’expression même du rôti dans un millésime de botrytis. 1997, année de passerillage et grand millésime, c’est autre chose. La robe est dorée. Le nez, d’une grande complexité, délivre des notes de miel, de coing, de fleurs blanches. La bouche développe pas mal d’onctuosité et du gras, sans aucune lourdeur. La finale se fait miel mais reste fraîche. Superbe !
- Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Quarts : 2003, année de passerillage, donne un vin opulent et miellé, tandis que 2004 joue plus sur la minéralité carbonifère et le graphite, même si la bouche est également étoffée.
Avec La Passion, on arrive dans la recherche d’une grande concentration. La richesse liquoreuse favorise le développement d’arômes complexes, le challenge étant de parvenir à conserver une fraîcheur indispensable pour que le vin reste buvable. 2002, année de passerillage, donne un vin droit, frais et équilibré, à la robe dorée et aux entêtants arômes d’abricot. Le botrytis de 2004 fait ressortir des notes de mine de crayon et de thé fumé, sur l’abricot initial. Un vin riche et gras, à l’acidité plus basse, et à la superbe robe ambrée, évoquant une évolution légèrement oxydative.
La Quintessence nous emmène au bout du processus, dans le registre de l’extrême concentration et des vins hors normes. 1997 est somptueux, salin et iodé, aux magnifiques notes rôties, et à l’équilibre subtil. 2003, sur des notes d’abricot et d’épices, est tout en élégance et en distinction. Fabuleux. Match nul entre botrytis et passerillage, en terme de qualité, même si les deux expressions sont clairement différentes.
Les sessions liquoreuses des REVEVIN se suivent, ne se ressemblent pas et s'imposent de plus en plus comme un moment incontournable, un véritable hâvre de douceur ascensionnel. Merci à Eddy et Mileine Oosterlinck pour ce grand moment gustatif et aux deux Philippe vendéens de l'avoir organisé.
Sunday, sweety sunday...
Olif