Ce mardi 13 juillet verra l'épilogue parlementaire de la proposition de loi anti-burqa, présentée par Jean-François Copé, le Député-maire UMP de Meaux. La proposition qui devrait ensuite être examinée par le Conseil constitutionnel.
Cette loi est la réponse trouvée par l'UMP au développement, très restreint, du port de la burqa ou du niqab, par un nombre limité de femmes musulmanes dans notre pays. Et se veut être un rempart contre l'intégrisme religieux.
Et une réponse, selon les leaders de la Droite, pertinente, à la remontée de l'extrême droite.
Mais dans les 2 cas, cette loi atteint-elle vraiment ses buts ?
Pour ce qui est de l'extrême droite, comme avant elle, la question sur l'identité nationale, la proposition du Député UMP, a fait un flop. Lancé avant les élections régionales de mars 2010, le débat a été vite récupéré par le FN, qui malgré tous les efforts du parti majoritaire, fait dans le domaine du populisme et du racisme, pour le moment, toujours mieux que l'UMP. Les résultats du parti Le Peniste aux régionales montrent bien que plus la Droite tente de prendre à son compte des sujets polémiques sur la nation, plus le FN retrouve de la vigueur. Pour ce coup là, la famille Le Pen peut remercier Jean-François Copé.
Lutter contre l'intégrisme religieux, musulman, dans ce cas, et la soumission de la Femme, sont les objectifs avoués de cette loi.
Les Radicaux, pourraient se satisfaire de ces 2 résolutions. La France laïque s'est toujours opposée aux tendances hégémoniques des religions dans la vie des citoyens, reléguant celle-ci à la vie et aux convictions privées.
La promotion des droits des Femmes reste, aujourd'hui encore, dans la sphère privée comme dans la vie quotidienne, un combat d'actualité et sur lequel, il ne faut pas baisser la garde.
Cependant, les Radicaux ne sauraient se contenter des réponses apportées.
La burqa est une volonté d'affirmer d'une manière publique une identité et une appartenance communautaire. Par là même, dans cette volonté d'instaurer cette différence, la burqa démontre l'échec du système français. L'échec de la République.
Alors que pour les Radicaux, la République se doit être universelle, fraternelle et laïque, celle-ci a laissé des pans entiers de la société, de la communauté nationale, se désolidariser d'elle. Pour suivre une voix opposée à ses valeurs.
Mais la République est aussi fautive que ceux qui ont quitté sa communauté.
Au lieu d'assurer son universalisme, c'est à dire, en apportant à tous les mêmes droits et en exigeant en retour les mêmes devoir, notre République a oublié des franges importantes du territoire, de la population.
Comment pourraient se reconnaître dans la communauté républicaine, ceux que l'Etat a abandonné, en supprimant les services publiques des transports, de la sécurité, de la santé ou de l'éducation ? La République, c'est l'accès à tous aux services de l'Etat, en priorité les plus défavorisés. C'est aussi cela, l'universalisme.
Comment pourraient se reconnaître dans la communauté républicaine, ceux qui chaque jour font l'expérience d'un racisme qui ne dit pas son nom ?
Quand un nom, une couleur de peau, une casquette de travers, font de vous un paria, vous empêchent de vous loger, de travailler, de vous instruire ou encore de vous divertir. La République ne saurait reconnaître des différences raciales ou ethniques et doit assurer à tous l'égalité des chances. C'est la République de la Fraternité.
La République laïque protège la sphère publique de toute ingérence religieuse. Elle ne reconnaît aucune religion et n'en favorise aucune. Elle considère que la religion est du domaine privé et n'entend pas interférer dans celui-ci. Ainsi, toutes les religions sont traitées et respectées de la même façon.
Toutes ? La République a laissé s'installer sur son territoire l'idée que toutes les religions ne seraient pas égales. Qu'une d'elles serait dangereuse et qu'elle pourrait nuire aux valeurs de la France républicaine.
Hier, s'il est vrai que les Républicains, et aux premiers rangs desquels, les Radicaux, combattirent la présence pesante et hégémonique du catholicisme sur la société publique française, ils n'avaient pas pour but de combattre les croyants catholiques en tant que tels.
Et le message que la République laïque doit donner, aujourd'hui, aux musulmans de France, est que la laïcité n'est pas l'ennemie de l'islam et de ses croyants, mais qu'elle se refuse à accepter qu'une frange radicale s'impose à la communauté nationale, et par là même, se coupe d'elle. Ainsi, la République fera la démonstration qu'elle ne rejette personne, du fait de ses convictions religieuses et qu'au contraire, elle prouvera que la laïcité protège de fait, la liberté de confession de chacun.
Au delà d'une loi de circonstance, qui répond aux polémiques du moment, qui permet à leur auteur d'assurer une présence politique, et dont la mise en application sera des plus difficile, la vraie réponse est celle que seule peut apporter la République au travers de ses valeurs.
Et ce, sans tarder.