Il est 11h05, je suis au Dragon 1 et tout le public commence à s’interroger : pourquoi le film ne démarre pas? Il est vrai que le Festival a une qualité énorme, tous les films commencent à l’heure. Les 5 minutes de retard commencent à inquiéter. Sylvie Pras, la directrice artistique du Festival, accourt. Elle nous annonce que le film est arrivé ce matin d’Inde et qu’on n’a pas encore effectué tous les tests. On me dira plus tard que ce film était prévu à d’autres heures depuis le début de semaine et qu’il avait été remplacé par un autre. Je considère donc que j’ai beaucoup de chance d’avoir vu The Wild Bull, de Umesh Vinayak Kulkarni. Cette comédie est très sympathique et change des drames indiens habituels. Un professionnel des animaux doit capturer un taureau gros et sauvage qui sème le trouble dans un petit village, pour cela il sera accompagné de son frère qui veut réaliser un documentaire sur cette capture. Dès lors la plupart des villageois pleins de principes et de croyances tenteront d’aider notre cher héros. Cette comédie ne se prend pas du tout au sérieux et fait bien commencer la journée.
Le vendredi il y a une tradition au Festival. Vers midi 30, la mairie invite les Festivaliers à venir prendre un pot et grignoter quelques « clapiottes». Avec le retard du matin, et la durée du film, je n’arrive qu’à 13h20. Autant vous dire qu’il ne restait plus de petits toasts. Au mieux, j’ai pu trinquer avec un jus de raisin. Les personnes que je connaissais et qui participaient à l’occasion étaient elles aussi arrivées un peu tard et n’avaient pas pu entendre le discours de Prune Engler, la déléguée générale du Festival, qui en dresse généralement un premier bilan avec le nombre d’entrées, ce qui a marché, les problèmes rencontrés, … et donne parfois des pistes pour le prochain. D’après ce que j’ai pu savoir, Prune était assez satisfaite de cette édition même si je n’ai pas plus d’informations.
Pour un festival de film, je trouve qu’il y a beaucoup de documentaires cette fois-ci. Ce que je vais voir maintenant en est un , et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de Fin de Concession, de Pierre Carles. Avant cela, il y a une présentation d’un court-métrage d’animation réalisé par les détenus de la Maison Centrale de St-Martin-de-Ré. Il dure 5 minutes et c’est un gros éclat de rire permanent. C’est réalisé sans trop de moyens ni trop de temps et c’est très réussi. Face aux applaudissements fournis de la salle, le prisonnier invité qui en avait fait la musique est très fier mais surtout très ému.
Puis Pierre Carles apparaît, nous parle brièvement de son film et nous annonce un débat après la projection. Je suis ce troublion depuis l’émission de Bernard Rapp, L’Assiette anglaise. Autant dire que j’aime beaucoup l’homme et les combats qu’il mène en mettant face à leurs contradictions des hommes politiques mais aussi et surtout des journalistes. Aujourd’hui il s’intéresse à TF1. Comment Bouygues a pu avoir cette chaine au moment de la privatisation et pourquoi, alors que le tableau des charges n’était pas respecté, ce groupe a-t-il pu avoir le renouvellement de sa concession en1997 ? Si on retrouve la façon de faire du réalisateur en se moquant d’eux par le verbe, les puissants commencent à trouver la parade. Alors P.C. va essayer de trouver d’autres moyens pour arriver à ses fins. Mais la séquence de fin tue le propos du film. En tout cas, une chose est sûre, nous ne le verrons pas à la TV.
Le débat n’est pas encore fini avec Pierre Carles que je passe dans une autre salle, comble. Il ne reste pratiquement qu’un fauteuil pour moi. Le film se nomme Le secret de Chanda, d'Oliver Schmitz.C’est un film d’Afrique du Sud bien loin de l’image apportée par le foot et les vouvouzellas, et qui traite de la rumeur et du sida. Par les yeux d’une petite fille de 14 ou 15 ans, nous suivons cette histoire sur cette maladie qui reste encore honteuse dans ce pays, et sûrement encore trop chez nous aussi. La petite Khomotso Manyaka est simplement époustouflante.
Si je tente de vous donner un petit aperçu du Festival, d’autres personnes le font aussi, comme l’équipe de L’Ephémere. Ce magazine gratuit est la petite revue du Festival. C’est un 4 pages qui permet de se faire une idée sur certains films, de lire des interviews des personnalités invitées, de connaître les curiosités du jour, etc… L’Ephémère est vraiment le supplément indispensable du Festival.
Alors que les années précédentes la salle de la Coursive était pleine quand il y avait une Soirée-cinéma avec la présentation d’un film en avant-première, aujourd’hui, ou plutôt ce soir, le public de la salle était vraiment clairsemé. Pourtant le réalisateur, Frédéric Pelle et ses comédiens étaient là, visiblement contents de présenter son film La Tête ailleurs à La Rochelle car il était déjà venu plus jeune en simple spectateur. Et si le public ne s'est pas manifesté en masse, les personnes présentes ont découvert une comédie géniale sur un homme qui a une envie folle de voyager, mais qui n’a jamais été plus loin que devant sa gare, la nuit, pour s’entraîner alors que celle-ci était fermée. Il croupit à être croupier dans un casino et espère qu’un jour son rêve de grand départ se réalisera pour ne jamais revenir. Fait avec peu de moyens, le film, par ses dialogues et l’interprétation géniale de Nicolas Abraham, vaut largement le détour.
Alors que généralement dans les autres éditions, les rumeurs sur les films qu’il fallait ou ne fallait pas aller voir gonflaient rapidement, là, rarement j’ai eu d’échos de ce genre et je trouve cela étrange. Pourtant, on m’avait tout de même conseillé Le Chant des insectes qui était un très bon choix, en début d’après midi, on me parle aussi en grand bien Des filles en noir de Jean-Paul Civeyrac rien à voir avec Les Dames en bleu de dimanche. C’est pourquoi je m’y rend illico-presto et là, la file est plus importante. Présentation du film par le réalisateur lui-même et le film débute. L’histoire de deux adolescentes rebelles, en mal de vie, qui ne peuvent se passer l’une de l’autre et qui, après une altercation en classe, décident de se suicider ensemble le soir même. Mais cela ne se passe pas comme prévu. Ce film est tout simplement magnifique. Si Jean-Paul Civeyrac n’est pas très connu du grand public, parions qu’avec ce film il le deviendra. Il a su capter la détresse de ces jeunes filles avec une compréhension et une énergie toute particulière. Un grand talent pour un beau film. Je vais laisser les étoiles à la nuit encore ce soir. Demain il en sera autrement car je suivrai la Nuit Blanche. C’est pourquoi il n’y aura pas de chronique demain mais lundi. Faites de beaux rêves …