Dieu est-il vraiment de retour dans l’Hexagone ? C’est la conviction prophétique de Jean-Baptiste Maillard, jeune auteur, jeune évangélisateur et jeune père de famille qui vient de publier aux Éditions de l’Œuvre une enquête remarquable. Son sujet ? L’évangélisation made in France. Ne confondons pas trop vite jeunesse et naïveté, car ce blogueur de 29 ans n’est pas un blagueur. Un découvreur plutôt. Il nous présente un feu d’artifice d’initiatives, plus audacieuses les unes que les autres. Elles visent toutes à faire connaître le Christ à nos contemporains. Ils sont faits pour Lui, ceux qui regardent le 20 heures et qui ne connaissent souvent du christianisme qu’une citation tronquée du pape sur le préservatif ! Jean-Baptiste Maillard le sait : les évangélisateurs ont du pain sur la planche. Il nous parle de leurs exploits cachés et du travail actif de la grâce. Sur les routes, les plages ou les pavés, dans les boîtes de nuit ou les méandres des cités. Une hirondelle ne fait certes pas le printemps. Mais plusieurs ? Il faut être attentifs à ces signes des temps que Jean-Baptiste Maillard est parti cueillir aux quatre coins de la France, de la communauté des Béatitudes sur la côte d’Azur, au groupe Glorious à Lyon, de l’école d’évangélisation à Paray-le-Monial au porte-à-porte paroissial à Rueil-Malmaison.
Ces jeunes pousses sont encore dispersées, isolées, bien fragiles. La plume de Jean-Baptiste Maillard ne triche pas, elle n’invente pas. Elle relate. Au fil des portraits et des entretiens, elle dessine le paradoxe de notre époque. Nous vivons une sorte de saison de transition. Et ce livre apparaît comme un instantané, une étape entre les frimas des années 70 (la mission directe était taxée souvent de croisade) et la canicule qui correspondra au retour du Christ. L’auteur explique : « Nous touchons là notre histoire récente, notamment un certain ‘enfouissement’ de la foi qui, à force de trop vouloir être le ‘levain dans la pâte’, s’est pratiquement dissoute comme beurre dans une soupe bien chaude. Résultat : nous en avons presque oublié la mission première de l’Église. » L’auteur, en tous les cas, n’est pas du genre amnésique. Lui-même a été témoin de ce réchauffement christique. Son histoire a commencé dans le sillage de Mgr Rey, champion toutes catégories de l’évangélisation au sein de l’épiscopat français : « Je suis tombé dans l’évangélisation en l’an 2000, comme Obélix dans la potion magique, j’ai eu la chance de rencontrer de nombreux missionnaires notamment dans le cadre de Communion Évangélisation. Cet événement lancé en 2002 par l’évêque de Fréjus-Toulon réunit chaque année des évangélisateurs venus de toute la France et même d’autres pays. » De fil en aiguille, Jean-Baptiste Maillard a fondé Anuncioblog. Il a occupé le terrain virtuel de la toile, glanant chaque jour quelques nouveaux fruits. À force, il a accumulé une véritable somme apostolique. Alors que beaucoup de catholiques ne voient que l’avancée du désert, le manque de prêtres, la chute des mariages et des baptêmes, ce blogueur pas comme les autres nous parle d’un autre climat. La porte du paradis n’est pas fermée et les amis du Christ font déjà germer un peu partout son Royaume.
Il faut saluer le sérieux de sa démarche mais aussi sa générosité. Jean-Baptiste, digne de son saint patron, nous donne des munitions contre le défaitisme ambiant. Non, le recul de la foi dans notre pays n’a rien d’inéluctable. À preuve ce motard nommé Jean-Michel qui a rencontré le Christ en chevauchant sa Harley. À preuve, l’itinéraire de Romain-Alain Dupré, le fondateur des Semeurs d’Espérance, qui ne sépare pas l’adoration eucharistique et la rencontre des sans-abri de la capitale. Vous l’avez compris, Jean-Baptiste Maillard a pris sa canne et son chapeau pour arpenter le maquis apostolique. Oui, Dieu est de retour. Les indices sont indubitables. Pour autant, Il n’est pas encore arrivé partout. Loin s’en faut ! L’auteur ignore comme nous la date de la Parousie. Cela ne l’empêche pas de collectionner ces perce-neiges qui poussent dans notre belle France, terre de mission.
Quelle est la condition de l’efficacité ? Elle a un seul nom : la sainteté. « L’évangélisateur n’a pas toujours le cœur pur, affirme le cardinal Barbarin. S’il est conquérant plus que serviteur, rien de son message ne passera car l’orgueil pourrit tout ». Au final, Jean-Baptiste Maillard nous offre un prolongement actuel des Actes des Apôtres. Tous les chapitres ne sont pas encore écrits ! Le mystère de la Pentecôte n’a pas fini de connaître des répliques, en écho au tremblement de terre des origines à Jérusalem. Comme l’affirme Mgr Rey, interrogé lui aussi par l’auteur : « La tentation est grande de faire de l’Église un camp retranché, un bocal dans lequel on se replie. L’Église n’est pas un fan club. » L’ouverture catholique s’avère autre chose qu’une stratégie politique. Elle incarne une logique profonde, celle du salut. Impossible de le garder pour soi.
Georges Bataille
Jean-Baptiste Maillard, Dieu est de retour, La nouvelle évangélisation de la France, éditions de l’œuvre, 380 pages, 20 €.
Pour poursuivre l’aventure :
et
www.dieuestderetour.com.
Source: France catholique