Le temps des vacances…. des amours ?

(Vaches ou chameaux pour décharger son fardeau.)

Une petite histoire…

Le temps était trop court. Nous ne devions faire que trois stations de métro ensemble.

Une jeune femme s'était assise en face de moi et avait sorti aussitôt un livre. Comme je ne lisais rien et je ne regardais pas devant moi, je découvris ce qu'elle lisait : "Harcèlement morale", un best seller,  reconnaissable à sa couverture.

Ce commentaire m'échappa : "C'est un bon livre, il permet de…!".

Elle me répondit par une question. Ma réponse lui permit d’exprimer en quelques mots sa souffrance si palpable, générée apparemment par son mari qui serait violent... Elle  semblait très atteinte.  elle parla d’accusations gratuites (mère indigne, adultère), de blessures morales,  de dénigrements… de son inquiétude pour leurs biens communs au pays qu'elle risquait de perdre, car  ses beaux parents, des gens riches, soutiennent leur fils, l’écraseront et ses parents du bled ne feront pas le poids … elle n’a pas de famille ici, juste un avocat et une  voisine qui lui a promis de témoigner des violences qu’elle a subies. Mais cette dernière hésite.

Pour témoigner de sa douleur, les larmes, elles, n’hésitèrent pas à remplir ses yeux.

Le temps était trop court, il fallait que je retienne les miennes.

Etant dans un rôle bien facile, j'eus sans peine le temps de lui égrener ces quelques conseils :

"Fais de la résistance à la haine. Mets de l'amour dans ton cœur pour toi d'abord, et  pour ton petit garçon, (il était à côté). Pour le père de ton fils, ne lui oppose pas de la haine, offre-lui la paix. Qu’il se débrouille avec, qu’il en fasse ce qu'il veut."

Après ces paroles dites à la hâte, ce dont je suis certaine quand elle murmura un « merci » à peine audible mais sincère, la petite flamme qui illuminait ses yeux, était allumée par un autre sentiment que celui de la haine.

Son petit  garçon de 5 / 6 ans, lui fit signe pour indiquer qu'ils étaient arrivés à destination.  En descendant, je l'entendis demander à sa mère si en Algérie on pouvait se promener à dos de chameaux au bord de la mer. Ô que si ! (Même s’ils auraient préféré les sables du désert aux sables de la Méditerranée).

En ces temps de vacances, j'ai espéré pour ce petit garçon qui avait l'air marqué et aguerri,  de figurer aussi parmi les nombreux vacanciers de l’été. Il pourra ainsi découvrir son chameau au bord de la Méditerrané ou à côté d'un oasis. Sa maman au bord de la dépression, pourra  y noyer sa peine, et  panser ses maux au milieu d’une large famille qu’on souhaite accueillante.

Une petite histoire, mais peut-être une histoire où l'un (e) continue d’aimer l'autre, et que cet (te) autre ne peut plus  l'aimer.  

Safi Ba