Commencez par faire une liste de quatre ou cinq mots comprenant un son évoquant chaque note de la gamme (do, ré, mi, fa, sol, la, si).
Puis écrivez une histoire, un poème, ce que vous voulez, incluant les mots de vos listes, en faisant arriver ces mots dans l’ordre de la gamme. Vous pouvez parcourir plusieurs octaves…
Voici un exemple :
Le jour où disparut le dodo, personne ne s’en aperçut. Le dernier mourut tandis que les hommes rêvaient, celui-ci d’un armistice, cet autre d’une femme, une autre, insolente, de belladone, un autre encore de silence. L’animal, nul ne s’en souciait, abandonné à son sort sans rémission, tandis que les militaires infatués enfilaient les solécismes et que les grammairiens s’écriaient hélas ! en insistant sur la seconde syllabe. L’oiseau éteint ne fut pas un phénix, ne devint pas idole, il fut réduit à demeurer sur les images ou, à la rigueur, dans des vers où il tenait l’hémistiche comme un phare. Mais on sait aujourd’hui que même les phares meurent de défier le soleil, et meurent sans alarme où qu’ils se situent, en mer, sur terre. Avait-il quelque doléance d’espèce, l’emplumé défunt ? Se réveiller modèle en quelque académie ? Enduire ses pattes de colophane pour une danse rituelle sous les saules pleureurs, obtenir une ultime ola avec plus ou moins de facilité ? Il ne demandait rien, on ne lui donna rien. Pas même une sépulture carrée. Il y eut, depuis, quelques discours mi-figue, mi-raisin et bien fastidieux à entendre. Il tomba sur le sol, peut-être au bord d’un lac, exterminé par l’homme, à la fin de ce récit.