«Chaleureux «fourre-tout». Site grandiose, organisation valeureuse et affiche alternative, retour sur une petite manifestation normande à l'exemplarité modeste» titrait le quotidien Libération au lendemain de la 7ème édition du festival Chauffer dans Noirceur, le 22 juillet …. 1999 et dont l'article est rappelé en fin de billet.
Si depuis 11 ans l'organisation a changé de têtes, la structure davantage professionnalisée et les finances assainies, le cadre et l'esprit du festival Chauffer dans la noirceur (ci-après CDLN) restent intact.
C'est l'essentiel!
En 2010, le festival est toujours installée sur la commune rurale de Montmartin-sur-mer, sur la côte ouest du département de la Manche et le site toujours magnifiquement lové au bord de mer.
Il propose une programmation sur trois jours toujours aussi riche et avant-gardiste : une cinquantaine d'artistes mixant un zeste de têtes d'affiche (Rokia Traoré, Winston Mc Anuff, High Tones, Mickey 3[D], Elmer Food Beat) et un maximum de groupes méconnus à découvrir impérativement et de toute urgence. Le tout recouvrant tout le spectre des musiques actuelles (folk, pop, rock, electro, dub, reggae, world, hip-hop, chanson, ….) et ses différentes déclinaisons.
Le festival CDLN, c'est aussi depuis ses débuts son village associatif (dénommé Bulle d'Eau z'Air) où sont installés de nombreux stands (de prévention (santé, alcool, SIDA, …), de sensibilisation (environnement, humanitaire et droits de l'homme…) et son engagement en matière d'environnement durable et d'éco-responsabilité.
Si aujourd'hui de nombreux festivals surfent sur la vague «développement durable», le festival CDLN a été sans conteste l'un des pionniers en la matière.
Dans la suite de ce qui précède des conférences-débats seront organisés sur le site en journée sur les thématiques «le devenir de la musique alternative» le samedi ou «bio-diversité et aménagement du territoire» le dimanche.
D'autres animations gratuites sont proposées sur le site (concerts, contes, théâtres de rue et même un stand de maquillage pour les enfants) et sur la plage …
2010 sera marquée par une nouvelle collaboration avec le cinéma de la plage à Hauteville-sur-mer. En ouverture de la 18ème édition du festival CDLN - jeudi 15 juillet - un ciné-concert sera proposé. Le collectif le Milieu animera la partie musicale de la soirée suivi par la projection du film philosophico-écologiste au nom imprononçable «Koyaanisqatsi» de Godfrey Reggio.
Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres non évoquées, une seule destination le WE après la fête nationale du 14 juillet : le festival Chauffer dans la Noirceur!
Rien que le site vaut le déplacement!
la programmation du week-end et ses 4 scènes : mer (chapiteau), pair (plein-air), mer, 3ème Oeil (chapiteau) et Bulle d'Eau z'Air (chapiteau)
- warm-up et ouverture du festival le jeudi 15 juillet : ciné-concert : film «Koyaanisqatsi» de Godfrey Reggio avec le collectif de slam le Milieu
- vendredi 16 juillet :
Rokia Traoré (world / Mali) (photo ↑), Winston Mc Anuff (reggae /Jamaïque) (photo ↓), Shantel & Bucovina Club Orkestar (electro tzigane / Allemagne),
Concrete Knives (pop rock), Jean-Louis (free rock), Pilöt (pop rock), Electric Electric (rock transe)
+ scène 3ème Oeil : Brooke Sharkey, Playground, Manatee, Minh [May], DJ:[S20]
+ scène Bulle d'Eau z'Air : Sans Go Caille, les Mantes à l'Eau, Stricts, ... - samedi 17 juillet :
High Tone (dub) (photo ↑), Atari Teenage Riot (punk electro / Allemagne) (photo ↓), Bang Bang Eche (electro pop / Nouvelle-Zélande), Ambassador 21 (electro punk / Biélorussie),
Programme (inclassable), the Rodeo (folk), Vladimir Bozar 'n' ze Sheraf Orkestär (rock psyché), Azraël (post dub),
+ scène 3ème Oeil : Blé Complet, Auguste Fresh Water, Chrysalide Jahmati, Oskr-Steepa
+ scène Bulle d'Eau z'Air : DJ for 1 ves les Mantes à l'Eau (10h00 - gratuit), Lord Saï (15h00 gratuit), Batukayale, Bubu Bricole, ... - dimanche 18 juillet :
Mickey 3[D] (chanson pop), Elmer Food Beat (rock punky) (photo ↑), Los Campesinos! (pop / Pays de Galle), X Makeena (hip-hop electro),
Bad Buka (musique tzigane / USA), Wine (rock folk), Misteur Valaire (electro hip-hop / Québec)
+ scène 3ème Oeil : Undobar, Born in alaska, Don Da None, Suicide Inside, Katell
+ scène Bulle d'Eau z'Air : DJ for 1 ves les Mantes à l'Eau (10h00 - gratuit), contes d'Afrique, la Troupe Baratti, ...
infos pratiques :
billetterie :
- prévente : 19€ par soir ou 42€ forfait 3 jours
- sur place : 22€ par soir ou 52€ forfait 3 jours
dispositif cart'@too pour les 15/20 ans / gratuits enfants -10 ans
points de vente :
- réseau habituel : réseau France Billet : internet, FNAC, Carrefour, Magasins U, Géant, Intermarché, … et réseau Ticketnet : internet, Leclerc, Auchan, Cora, Virgin, …
- points de vente locaux : Avranches (pub O'Barray'O), Caen (Sonic Records), Cherbourg (librairie Chapitre), Coutances (place Média), Granville (tabac presse le Cambernon), Hauteville-sur-mer (office du tourisme), La Haye-du-Puits (Elise Coiffure), Montmartin-sur-mer (coiffure Diminu'Tif), Rennes (OCD) et Saint-Lô (Planet R)
transports en commun :
- SNCF : 10€ A/R sur présentation d'un billet de concert au départ des gares de Basse-Normandie et de Bretagne (Dol, Rennes, Saint-Malo) vers Coutances ou Granville
- covoiturage : www. covoiturage-basse-normandie.fr
- navettes gratuites au départ (et au retour) des gares de Granville et de Coutances vers le site du festival. Horaires et inscription sur le site internet du festival
sites et liens internet utiles :
- association/festival Chauffer dans la Noirceur
- cinéma de la plage, Hauteville-sur-mer
- Libération
- ...
l'article de Libération par Gilles Renault, journaliste et envoyé spécial, en date du 20 juillet 1999 (source : ici).
Cet article de Gilles Renault fût le premier du festival dans la presse nationale. Tout un symbole.
Il devait en appeler bien d'autres dans le même quotidien sous la plume du même journaliste (2005 before et 2005 after) ou de Bruno Masi (2000) et dans le Monde sans compter les hebdomadaires les Inrockuptibles et Télérama pour ne citer que les plus connus.
«Chaleureux «fourre-tout». Site grandiose, organisation valeureuse et affiche alternative, retour sur une petite manifestation normande à l'exemplarité modeste»
«Une année, on a eu des keupons qui avaient élu domicile dans l'église» ce qui, d'un point de vue local, fait toujours désordre. Une autre, le festival se solde par un passif de 300 000 francs. Et puis, l'an dernier, c'est «Exile», un gros rendez-vous techno qui, artificiellement parachuté au même moment dans la région, tente de capitaliser sur l'engouement des Anglais pour les soirées électroniques. «Curieusement, ces déboires ont resserré les liens, ceux qui sont restés en voulaient. On avait vraiment à coeur de prouver qu'on n'est ni des blaireaux, ni des charlots», commente François Groualle, salarié de la Poste et membre très actif de l'association Chauffer dans la noirceur, qui a conclu dimanche soir, avec environ 3 000 entrées, la septième édition de son festival normand. Eclectique, débonnaire et vaillant.
Pieux à moules. Simple et touchante, c'est en fait l'histoire d'une petite structure qui aurait déjà pu couler dix fois et qui flotte encore, symbolisant la lutte de ces David amateurs qui redoublent d'ingéniosité et d'abnégation face aux Goliath du business. Retour sur le making of et le déroulement d'un événement qu'on souhaiterait pérenne, par principe.
D'abord, il y a le site, époustouflant. Entre Granville et Coutances, à la sortie du village de Montmartin, il faut prendre direction la plage. Deux kilomètres plus loin, en haut d'une butte, on embrasse le décor: un patchwork de champs constellés de ballots de paille, des marais où paissent les moutons, une barrière de dunes, la mer aux reflets variant du lamé à l'émeraude, selon l'heure et la couleur du ciel. Et, au beau milieu de cette carte postale, deux chapiteaux qui effleurent le sable. Les organisateurs ont bien conscience de posséder là une carte maîtresse: «Les groupes sont sidérés par le cadre; de plus, on les accueille avec des huîtres, des bulots et des bigorneaux.» Où l'on vérifie que la notion de convivialité n'est pas qu'un voeu pieux. Pourtant, avant d'en arriver là, Chauffer dans la noirceur a dû aller au charbon, comme chaque année, pour boucler un budget d'environ 500 000 F représentant... moins de 2% de celui des Eurockéennes de Belfort! Car Montmartin est assez loin de tout, comme l'explique Pierre Dereuder, président et unique salarié (depuis mars) d'une association qui compte 38 membres. «C'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose en milieu rural, mais on refuse qu'il n'y ait plus que des maisons à touristes; même si beaucoup de jeunes doivent partir faire leurs études ailleurs et qu'il n'y a guère d'entreprises. Alors, on multiplie aussi les actions pendant l'année, une confrontation entre des chants de marins locaux et un groupe folk anglais, un concert de soutien à un village du Burkina Faso"» Pour tenir debout, Chauffer dans la noirceur drague les petits ruisseaux, fédérant plusieurs dizaines de partenaires, artisans et commerçants du canton qui versent leur obole (350 francs), souvent doublée d'un investissement personnel. Le comité des fêtes d'un village voisin fournit les stands. Un garagiste mobilise son camion-remorque pour transporter le matériel. Une cafetière n'hésite pas à dépanner d'une bouteille de gaz à minuit. Le chapiteau est loué «à prix imbattable» à une compagnie de théâtre de Cherbourg. Les gobelets proviennent du festival ami Jazz sous les pommiers de Coutances. Quant aux poteaux qui clôturent l'enceinte, il s'agit de pieux à moules!
OGM et taxe Tobin. Mais tout ceci ne serait que vétille si la manifestation n'offrait pas en corollaire des ambitions aussi réelles que compatibles avec ses bouts de ficelle. Mû par le «souci d'interpeller», le festival de Musiques actuelles (ainsi qu'il se baptisa un temps) débute donc dans une salle de cinéma, copieusement garnie par la projection du film dénonciateur de Pierre Carles Pas vu pas pris. De même, il accorde une place à la Confédération paysanne pour discuter des organismes génétiquement modifiés, ou à l'association Attac, qui milite pour la taxation des flux financiers spéculatifs (la taxe Tobin). Quant à la touche musicale, entre rock, reggae, folk et hip hop, c'est un «fourre-tout» revendiqué qui se distingue par «la présence de groupes qu'on n'écoute pas ailleurs» (ou alors plus tard, Taÿfa, La Familia ou Head Mix Collective ayant succédé cette année aux Zebda, Dominique A ou Matamatah naguère épinglés).
Ce qui donnera de toute façon des histoires à raconter. «A partir d'une recherche sur l'Internet, les Espagnols de Space Saucers (dont il semble hautement improbable qu'on entende reparler un jour, ndlr) nous ont envoyé un e-mail. Comme on gardait un excellent souvenir des Celtas Cortos, on les a fait venir. Mais ils ont roulé quinze heures depuis Barcelone et pour le premier de leurs deux concerts, on n'a pas réussi à leur trouver une batterie complète, alors maintenant, on tâche de les rassurer.»
Les Anglais de Tarantism (photo à droite - archive 2002 - festival anglo-normand Equinox), eux, jouaient la veille en Belgique. Comprimés dans un minibus, ils arrivent tout sourire et, leur concluant show à peine plié à 4 heures du matin, sautent dans le premier ferry en partance pour Portsmouth, où ils sont à l'affiche d'un autre festival.
Association d'artistes. Dernière illustration de cette volonté réciproque d'exister, Jack O' Lanternes se produisait un soir dans un café et le lendemain midi sur un car podium planté au milieu d'une petite place. Bonne formation de deuxième division (catégorie rock/chanson réaliste), ce groupe rennais a pu jouer à Montmartin grâce à un projet de développement régional cofinancé par l'Union européenne. Le festival y trouve son compte, les artistes aussi: «Professionnels depuis deux ans, nous fonctionnons en association, avons un camion à rembourser. Avec peu de promo, faute de moyens, et une maison de disques en difficulté, nous n'existons pratiquement qu'à travers la scène, où l'on vend au moins la moitié de nos disques.» Dix jours de vacances et les Jack O' Lanternes reprennent le collier en août, quitte à devoir plus d'une fois encore «chauffer dans la noirceur» «conduire la nuit», en québécois.»
François Groualle / avranches infos
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vidéos de l'édition 2009 :