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Une rallonge de l’État pour les entreprises à l’export – Et si l’on reconsidérait la stratégie ?

Publié le 09 juillet 2010 par Jblully

Ubifrance, l’agence pour le développement international, vient de demander une rallonge (de l’ordre 5 à 8 millions d’euros) à l’État français pour aider les PME à exporter. Demande logique, considérant le développement des prestations de cet organisme, mais aussi  un peu paradoxale, eu égard à nos performances globales à l’exportation…

Certes, l’augmentation du nombre d’entreprises accompagnées à l’étranger par cet organisme (celui-ci est passé de 9 700 en 2007 et 13 100 en 2008 à 19 500 en 2009) illustre une double prise de conscience : 1) une part croissante d’entreprises ont compris, avec la crise, que leur développement sur les marchés internationaux est, désormais, le seul moteur de croissance pour elles et 2) les entreprises qui exportent déjà ne peuvent plus compter sur le marché européen complètement atone ; elles doivent viser de nouveaux marchés hors UE.

Mais force est de constater que les PME françaises sont souvent à l’origine d’un “coup” à l’export et ne transforment que difficilement celui-ci en un courant régulier d’export. L’avenir dira, par conséquent, si les entreprises aidées n’ont pas simplement profité d’un effet d’aubaine et se sont inscrites dans des démarches de long terme.

Au demeurant, cette demande d’une ligne de crédit supplémentaire – aussi justifiée soit-elle au regard des demandes faites à Ubifrance – détonne quelque peu lorsque l’on sait que le nombre d’entreprises françaises exportatrices ne cesse de décliner, atteignant 91 574 en 2009 contre plus de 105 000 en 2001, selon les Douanes. Elle conduit à se demander si la France n’a pas une stratégie trop limitée :

- d’une part, en faisant du dispositif d’aide à l’internationalisation des entreprises le levier qu’il n’est pas ; plusieurs années de soutien à l’export n’ont aucunement permis d’atteindre l’objectif recherché ; de surcroît, la détection de PME exportatrices, exercice chronophage, a donné des résultats peu concluants au regard des statistiques des échanges extérieurs français ;

- d’autre part, en privilégiant les facteurs externes aux entreprises comme obstacles à l’export plutôt que les caractéristiques intrinsèques à celles-ci comme l’est, par exemple, l’attachement de certaines PME au maintien du contrôle familial du capital de l’entreprise ;

- enfin, en mettant l’accent sur une taille plus particulière d’entreprises – la PME – qui n’est peut-être pas le bon segment ; une récente étude menée sous la houlette d’Efige (European Firms In a Global Economy) portant sur les stratégies globales des firmes européennes vient, en s’appuyant sur les activités internationales de 15 000 entreprises européennes, de souligner que les performances à l’export sont étroitement corrélées à plusieurs facteurs cumulés (taille, productivité, intensité en facteur travail qualifié et capacité à innover).

Dans la plupart des pays européens, les firmes impliquées sur les marchés internationaux sont, en général, plus grandes, plus productives, plus intensives en travail qualifié et plus innovantes. Plus les entreprises sont modestes, plus il leur est difficile de surmonter les coûts fixes croissants d’opérations à l’échelle internationale. Ce sont les caractéristiques des entreprises qui déterminent donc leurs performances et sur lesquels il convient d’agir par des politiques publiques appropriées.

Dans ce contexte, nul doute qu’un organisme comme Ubifrance peut véritablement aider les PME à renforcer leur internationalisation sur des marchés de plus en plus éloignés et de plus en plus divers (global operations). Mais il demeure plusieurs enjeux de taille pour la France qui est d’aider à construire un réseau d’entreprises de taille intermédiaire – certes mais pas seulement – plus étoffé (voir Comment favoriser l’émergence et le développement des ETI : 15 propositions de la CCIP) et de faire sauter les nœuds propres aux entreprises : ceux qui les empêchent souvent d’aller vers plus de coopérations inter-entreprises sur tel ou tel segment, vers plus de connectivité avec les pôles de compétitivité internationaux, vers plus de partenariats avec des opérateurs étrangers, vers plus d’appréhension culturelle des marchés, vers plus d’ouverture au monde, en somme.


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