Rire (poème).

Par Ananda

Rire

pour oublier

que nous allons mourir,

que le temps nous résorbe

petit à petit.

Lancer comme poignée de pépites

un grand rire,

un immense, un énorme rire

sans raison

qui s’interposerait

entre nous et la peur

et viendrait frapper de plein fouet

l’univers,

l’indifférence des milliers de galaxies

puis le temps,

la permanente mobilité

des instants, ces grains diaphanes d’impermanence.

Oui, ne plus penser qu’à cela,

qu’à tressauter,

qu’à se plier en deux,

même en accordéon,

qu’à opposer le rire

et son énormité

au tragique non moins monstrueux de nos vies !

Pour faire écho à cette immense absurdité

qui nous bouffe, nous amenuise à petits feux,

qui fait de l’existence, des jours

dérision,

course, sur des rapides, vers un grand trou noir

où notre conscience, qui voudrait l’infini

s’abolira, butera sur sa propre fin

armons-nous, servons-nous de nos loufoqueries,

désamorçons au moins la charge de tension,

noyons-là dans un remous de bouffonneries.

Il paraît que mourir de rire, ça se peut !

Patricia Laranco