Rire
pour oublier
que nous allons mourir,
que le temps nous résorbe
petit à petit.
Lancer comme poignée de pépites
un grand rire,
un immense, un énorme rire
sans raison
qui s’interposerait
entre nous et la peur
et viendrait frapper de plein fouet
l’univers,
l’indifférence des milliers de galaxies
puis le temps,
la permanente mobilité
des instants, ces grains diaphanes d’impermanence.
Oui, ne plus penser qu’à cela,
qu’à tressauter,
qu’à se plier en deux,
même en accordéon,
qu’à opposer le rire
et son énormité
au tragique non moins monstrueux de nos vies !
Pour faire écho à cette immense absurdité
qui nous bouffe, nous amenuise à petits feux,
qui fait de l’existence, des jours
dérision,
course, sur des rapides, vers un grand trou noir
où notre conscience, qui voudrait l’infini
s’abolira, butera sur sa propre fin
armons-nous, servons-nous de nos loufoqueries,
désamorçons au moins la charge de tension,
noyons-là dans un remous de bouffonneries.
Il paraît que mourir de rire, ça se peut !
Patricia Laranco