Bon Dieu comme je m’étais trompé en qualifiant cet album de "disque gruyère" (du bon mais des trous) lors de sa sortie. Pas du tout d’actualité, je m’étonne à présent avec quelle régularité je le ressors de l’étagère. Une fois par semaine peut-être. Je n’avais pas compris son caractère insidieux à la Devo, sa façon d’utiliser la hype revival 80’s mais de la contourner complètement, sa confection cheap malgré ses allures de gros disque studio. Sa fragilité en fait. Joseph Mount compose de la dance music de salon, aussi bien mélancolique que dansante.
Cette intro d’abord. Lente procession surnaturelle qui fait douter du disque que l’on a mis. Où va bien nous emmener le trio en entamant de la sorte ? Et puis "The end of you too" enchaîne. Boîtes à rythmes décalées, guitares désaccordées, claviers Casio et ce rythme sautillant mais dérangeant. A la fois simple et outrancier, il démontre tout le talent pop du trio de Devon (Angleterre) maintenant installé à Brighton. La mélodie avant les arrangements, mais les arrangements quand même. On frôle l’IDM, l’hystérie en plus.
Et puis tout logiquement "Radio Ladio" qui semble enchaîner avec le précédent. Voix grave, monocorde, morte. Et puis à la deuxième minute ce chœur d’enfants à la Simian Mobile Disco qui balance le refrain. On est happés, on attend la suite. Qui ne tarde pas puisque l’énorme "My heart rapid" dont je vous avais déjà parlé surgit de nulle part et écrase tout sur son passage. Epileptique au possible, démembré, perché, c’est Ratatat en mode freaks (on pense à leur "Shempi" incontournable lui aussi).
Là où on commence à sérieusement se demander ce qu’il se passe, à savoir quand est-ce que la pression va retomber, l’autre (autre) single "Heartbreakers" prend le relai et met une fois de plus tout le monde d’accord. Basse funky, rythme claudicant puis décidé, c’est parfait. Joseph Mount utilise enfin sa voix (qu’il cachait sur son premier album passé inaperçu Pip Payne) et fait preuve d’une véritable intelligence du son en cassant ses morceaux pour mieux les remodeler.
Si l’instrumental "On the motorway" peut énerver un peu, il n’en est pas moins taré pour autant. Tout comme "Side 2" aux fausses allures d’interlude. Heureusement le quatrième single "Holiday" réveille ceux qui sont encore là. Une basse dantesque qui lance un morceau barré fonçant tête baissée. C’en est presque drôle tant un cinquième single (sisi !) enfonce un clou que l’on n’aperçoit même plus dans le bois avec "A thing for me". Plus loin "On dancefloors" est un morceau de fête triste. Si, ça existe ! Enfin, une outro aussi intrigante que l’intro vient clôturer ce disque aux allures de best-of.
En bref : de la pop électronique pour notre génération, addictive tordue et spontanée. Au moins six morceaux phares à passer et repasser en soirée sans soucis.
Le site officiel, le Myspace et l’album en streaming
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Les six gros morceaux (dans l’ordre) de ce Nights Out :