Diderot (1713-1784) n’a pas connu Sarah Baartman (1789-1816). Qu’aurait-il écrit à propos de la Vénus hottentote ?
Les deux extraits ci-après en donnent un aperçu :
« Fuyez, malheureux Hottentots, fuyez ! enfoncez-vous dans vos forêts. Les bêtes féroces qui les habitent sont moins redoutables que les monstres sous l’empire desquels vous allez tomber. Le tigre vous déchirera peut-être, mais il ne vous ôtera que la vie. L’autre vous ravira l’innocence et la liberté. Ou si vous vous en sentez le courage, prenez vos haches, tendez vos arcs, faites pleuvoir sur ces étrangers vos flèches empoisonnées. Puisse-t-il n’en rester aucun pour porter à leurs citoyens la nouvelle de leur désastre ! » (publié dans l’Histoire des deux Indes - 1770)
« Il n’y a presque rien de commun entre la Vénus d’Athènes et celle d’Otaïti ; l’une est Vénus galante, l’autre est Vénus féconde. Une Otaïtienne disait un jour avec mépris à une autre femme du pays : Tu es belle, mais tu fais de laids enfants ; je suis laide, mais je fais de beaux enfants, et c’est moi que les hommes préfèrent. » (Supplément au voyage de Bougainville - 1772)
Certains prétendent qu'il faudrait excuser le racisme scientifique de Cuvier au prétexte qu'à son époque on ne considérait pas la question comme on le fait aujourd'hui. Mais Montaigne, dès le XVIe siècle, Diderot et l'Abbé Raynal, quelques années avant Cuvier, pour ne citer qu'eux, exprimaient déjà des idées d'égalité, de refus de l'esclavage et pas comme Rousseau parce qu'il y aurait des « bons sauvages ». Une citation de l'Abbé Raynal : « A qui, barbares, ferez-vous croire qu'un homme peut être la propriété d'un souverain ; une femme la propriété d'un mari ; un nègre la propriété d'un colon ? »