La visite de l'Alcazar de Séville se fait en quatre temps. Il y a d'abord l'arrivée et les pavillons de Fernando et Isabel, partie qui nous font voir les salles élaborées pour gérer l'exploration du nouveau monde. Quelques salles assez vides, quelques tableaux, dont le seul qui retient l'attention est une sorte de retable présentant la Vierge des navigateurs. L'intérêt de ce tableau est double: il mélange une thématique chrétienne évidente avec des personnages historiques (Colomb y est représenté, protégé par la Vierge), et comporte les toutes premières représentations de personnages amérindiens dans l'art européen. Sinon, les salles n'offrent que peu de choses aux visiteurs outre le poids de l'histoire.
Dans un second temps, on est invité à payer un supplément pour visiter l'étage des appartements royaux (au second plancher) encore utilisés par la famille royale lors de ses séjours à Séville. La visite - une chose audioguidée obligatoire - est un peu trop lente par moment, mais généralement trop rapide, le rythme étant donné par l'audioguide et la présence d'un groupe et de deux agents de sécurité. En plus, comme c'est la coutume dans ce genre d'endroit, interdit de prendre des photos. On en sort donc content d'avoir vu l'endroit (particulièrement le mobilier du 18e et 19e siècle, splendide), un peu déçu de la vitesse de déroulement, et frustré de ne pas pouvoir en garder un souvenir autrement que dans une mémoire déjà surchargée de jolies choses depuis des années et qui oubliera fort probablement 90% de cette visite d'ici 2-3 ans.
L'essentiel de la visite de l'intérieur des palais de l'Alcazar se fait donc au niveau du sol dans le palais de Pedro I et dans celui de Charles V. Et c'est là, de toute manière, que se trouvent les éléments les plus spectaculaires de l'Alcazar. La partie qui date de l'époque de Pedro I, malgré quelques ajouts effectués plus tard, est définitivement la "pièce maîtresse" de l'Alcazar de Séville.
Patio des poupées. Ce lieu faisait partie du harem original de l'Alcazar - j'ai lu quelque part qu'à une époque, l'ensemble du palais pouvait abriter 800 femmes. C'est aussi au Patio des poupées - mais à une autre époque - que Pedro aurait fait assassiner son frère en 1358. Un autre de ses invités a aussi été tué en ce lieu; Abu Said de Granada, que Pedro aurait fait tuer pour ses bijoux (!), dont un immense rubis qu'il aurait offert au Prince Noir anglais, Edward. On dit que ce rubis fait encore partie aujourd'hui des joyaux de couronne britannique. Les colonnes du patio des poupées avaient été importées de Rome et d'Athène, d'après ce que j'ai lu sur place.
La triple entrée du salon des ambassadeurs. Notez les décorations, tuiles de céramiques, plancher de marbre, arches mudéjars... L'ensemble donne une impression de grandeur, malgré les dimensions assez raisonnables de l'endroit.
Arche mudéjar, détails. On voit au fond un balcon haut perché dans le salon. Il s'agit d'un ajout renaissance commandé par Charles V.
Le magnifique plafond du salon des ambassadeurs. C'est sous ce plafond - dans ce salon - que Fernando et Isabel aurait accueillis Christophe Colomb à son retour du nouveau monde. (Les observateurs remarqueront à droite et à gauche, les balcons ajoutés par Charles V dont je parlais précédemment).
Une partie du salon, vu de l'intérieur. Notez la richesse de la décoration et des matériaux utilisés. Des éléments représentant des tours et des lions ont été ajoutés pour souligner la suprématie des rois chrétiens, après la reconquête, mais une inscription en kufi (arabe) mentionnerait toujours "Il n'y a d'autres dieux qu'Allah" (impossible pour l'ignare que je suis des langues arabes de vérifier cette information, évidemment).
La cour intérieure est appelé le Patio de las doncellas (patio des demoiselles). On y retrouve un bassin et de jolis orangers autour d'arches mudéjars. L'étage du dessus, renaissance, a été ajouté à l'époque de Charles V. J'ai un souvenir très clair de mon passage dans ce patio en 2006. À ce moment, avec les très nombreux touristes dans l'Alcazar, il m'a fallu beaucoup de patience pour réussir une photo de ce genre. Lors de ma présente visite, j'ai eu l'opportunité d'en prendre une bonne dizaine sans être incommodé par quiconque.
Détail des arches, colonnes et décorations du patio de las doncellas.
Couloir entourant le Patio de las doncellas.
Passé une chapelle renaissance, on arrive dans le palais de Charles V, qui affiche un style architectural complètement différent. Il s'agit d'une suite de quelques pièces donnant sur le jardin. L'ensemble manque d'âme - trop grand et espacé, trop de tapisseries, surtout après le bel équilibre des pièces du palais de Pedro I, l'immensité des pièce semble démesurée. Mais les azulejos sont admirables.
Détail - azulejos - Palacio de Carlos V.
Les quatre oiseaux sont plutôt rigolos, non?
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