Interview : Philippe Locquet vous aime très beaucoup !

Six ans après son premier film "TIC", Philippe Locquet revient sur le devant de la scène avec "Je vous aime très beaucoup", une comédie estivale de qualité dans laquelle trois demi-frères apprennent à se connaître suite au décès de leur mère. Réunis par leur grand-mère, interprétée par Firmine Richard, ces garçons vont faire les quatre cents coups le temps d'un été. Joliment réalisé et écrit, ce deuxième film confirme le talent d'un metteur en scène généreux à la vie comme derrière la caméra. Il a eu la gentillesse de m'accorder une heure de son temps pour revenir sur le tournage de ce film solaire et pétillant !

Philippe Locquet s'adresse à vous !

Toutlecinema : Pouvez-vous vous présenter dans un premier temps... Quel a été votre parcours avant "Je vous aime très beaucoup" ?

Philippe Locquet : J'ai été assistant à la mise en scène avec notamment Jeanne Labrune. C’est elle qui m’a donné envie de passer derrière la caméra. J’ai réalisé trois courts métrages : "Tous les jours sauf Noël", "Mon beau Sapin" et "Les Tiqueurs" sur des gens atteints de trouble involontaire convulsif. Les films ont très bien marchés en Festival en France et à l'étranger et "Les Tiqueurs" a reçu la Gold Plaque au 35ème Festival International de Chicago en 1999. Un des co-producteurs du film m'a alors proposé de le développer en long-métrage. Le film en question est sorti en 2004 et a eu une bonne presse et a très bien marché dans les festivals de Londres, Montréal, Québec et au Method film Festival à Passedena aux USA. Il a reçu le Prix de la Créativité au 36ème festival international de Houston en 2003. 

Comment est arrivé "Je vous aime très beaucoup" ?

J'ai fait lire le scénario, qui était une sorte d'ébauche, à Mazel Productions. Nelly Kafsky, le productrice a dit oui tout de suite avec la réserve de réécrire. On est donc parti rapidement en écriture.

Le choix de Firmine Richard était-il évident ?

C'est ma productrice qui m'a soufflé le nom de Firmine Richard et j'ai trouvé que c'était une très bonne idée. Firmine a adoré le scénario et j'étais aussi convaincu que son arrivée allait bousculer pas mal de chose dans l'histoire, notamment le thème de la mixité au sein de la famille recomposée. J’ai réécrit une nouvelle fois le scénario avec Firmine en tête.

Votre film est-il une comédie estivale ou une quête initiatique ?

Les deux, mais c'est surtout une comédie.

Comment s’est déroulé le casting des enfants ?

J’ai rencontré Max Clavelly pour le rôle de P'tit assez tôt. Il avait participé à un seul film, "Tellement Proches", d’Eric Toledano et Olivier Nakache. Il est très naturel et spontané, avec un bon grain de folie. Il a de l’imagination et une belle maturité pour son âge. Ce qui m’intéresse chez un comédien, c’est de voir comment il est dans la vie, de connaître son caractère. J’aime l’énergie. Quand je vois de l’énergie, je suis touché. Pour le rôle de Marty, j'ai découvert Julien Crampon. Il avait déjà fait un téléfilm. C’est un bosseur, très physique. Pour le rôle de Paul, Pierre Lefebvreest arrivé en dernier. Il se différencie de Julien dans la mesure où il était beaucoup plus en réserve.  Le contraste entre les deux était vraiment intéressant.  

Comment les avez-vous dirigés pour que transpire à l’écran un tel sentiment fraternel ?

Beaucoup de discussion avec eux, des répétitions... J'ai aussi réécrit certaines choses avec leurs mots et leurs expressions. Je n’hésitais pas à multiplier les prises en les poussant aussi loin que possible. Contrairement à Julien et Pierre, le petit devait toujours être canalisé, contrôlé. Pierre et Julien avait une coach qui les faisait répéter sur le tournage. Max aussi. Le casting a été essentiel. Valérie Espagne et Gérard Moulevrier ont fait un travail formidable. Nous avons bien senti les choses parce que l’alchimie entre les trois garçons a été immédiate.

Le sujet de la fraternité... Vous en parlez très bien. Est-ce que c’est un sujet qui vous touche ? Avez-vous des frères et sœurs ?

J’ai deux sœurs avec qui je m'entends très bien. Le fait de ne pas avoir eu de frère m’a donné ma propre vision du partage entre frangins. Celle qui figure dans mon film représente une sorte d’idéal que je m’en fais.

Certaines scènes rappellent, en plus soft, "Mean Creek" et "Ken Park"... Etaient-ce des références ?

Oui, ce sont des choses qui étaient là depuis un certain temps... Ce sont des films que j'aime beaucoup et qui montrent le monde des adolescents sous un angle très fort.

Le film a eu un très bon retour des exploitants. Il sera diffusé dans 100 salles. Etes-vous optimiste ?

Les exploitants aiment beaucoup le film. On va avoir 15 ou 20 salles sur Paris et la région parisienne et 80 en province. Europalace (Pathé, Gaumont), UGC et MK2, ainsi que les CGR en province, demandent le film. C'est formidable ! C’est une oeuvre sincère avec des valeurs fortes. L'accueil des avant-premières a été extraordinaire ! Les gens sont touchés, émus et rigolent beaucoup !

Concernant les critiques... qui ne sont pas toujours très tendres avec les comédies estivales. Est-ce que tu redoutes les premiers papiers ?

France Bleu, France Inter, RTL, EUROPE 1, RMC, LCI, aiment le film, France 2, France 3, TPS, Canal + aussi. Firmine a fait beaucoup de plateau de télé et d'émission de radio. Les gens qui ont vu le film sont unanimes lors des avant-premières, les retours sont extraordinaires ! C'est ça qui compte. C'est un film sincère sur l'amour et la famille. S’il y a quelques personnes qui ne se retrouvent pas dans ces valeurs, ce n'est pas bien grave. Peut-être leur a-t-il manqué un peu d'amour dans leur enfance...

Quel type de cinéma aimez-vous ?

C'est assez large... J’aime les comédies et les drames. Tout Woody Allen avec le sublime et récent "Match Point",  Pialat et Sautet... Tarantino, les films crépusculaires comme "Fight Club" ou ceux de James Gray me passionnent. "Two Lovers", m’avait bluffé avec son découpage simple, juste, très efficace.