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les films de Pierre Etaix enfin libres !

Publié le 08 juillet 2010 par Desfraises

les films de Pierre Etaix enfin libres !
Si j’avais été parisien, ce lundi, j’aurais été des happy few, des spectateurs émerveillés devant le retour d’un très grand clown de cinéma, dessinateur, proche collaborateur de Jacques Tati, auteur, bref… l’artiste Pierre Etaix. Ca se passait au Cirque d’Hiver. 800 personnes étaient attendues. On célébrait en grande pompe (comme il se doit) la libération des films de Pierre Etaix.
Je dois à mon amie Nicole Hibert de m’être intéressé au personnage. Lorsque très modestement elle et moi adaptions Alexandre Vialatte pour la scène, qu’elle me faisait accoucher d’un clown tendre et cruel à la fois, elle me répétait à l’envi : renseigne-toi, découvre, cherche, inspire-toi de Pierre Etaix. Qui ça ? Et je découvrais effectivement l’immense artiste qu’une sombre histoire de droits d’auteur avait mis au placard. Impossible de voir ses films. Je lisais ici et là le souvenir ému de spectateurs qui se souvenaient encore, vingt après, de leur "rencontre" cinématographique avec Etaix. Et je devenais une des dizaines de milliers de volontés promptes à faire circuler la bonne parole, à signer la pétition, à suivre le procès, etc etc etc.
(Faut aérer, là, mon gars, tes lecteurs se font la malle). J'aère donc.
Dans mes instants de pensées magiques, je songe à la fée Internet qui s’est penchée sur mon cas, se disant : ce gars-là, faut lui secouer les puces, faut lui glisser quelques indices, éclairer ses neurones flétris. Une pétition signée. Un premier contact avec Etaix. Une traduction d’un article australien dithyrambique. Une minuscule participation à un dossier de presse destiné à alerter le grand public en France, en Amérique et sur Pluton, partout. Puis un ouvrage acheté ici, une affiche glanée là. Une rencontre cybernétique puis réelle avec la blogueuse Tilly (bière, jazz, nabe, et délicieux impromptus). Tilly qui parle des gens qu'elle aime qui font des choses, et des gens qui font des choses qu'elle aime. Qui m’invita un soir de juin au Petit Journal de Saint-Michel pour écouter Marcel Zanini et sa joyeuse clique. Qui m’offrit livres et douceurs, me sustenta, m'entretint presque.
Me tendit le Texte et textes Etaix de Pierre Etaix qu’il me signa, puisque le hasard avait décidé qu’il fût* ami de Zanini, fidèle d’entre les fidèles, assistant au concert ce soir-là. Première rencontre avec ce monsieur dont le regard trahissait la grâce clownesque qui l’a frappé un soir de lune éméchée. C'est bien connu, la Lune ne suce pas que de la glace. Disons le tout net, la lune picole. Puis je me jetai sur le téléphone quand j’appris qu’il remontait sur scène avec un émouvant bric-à-brac music-hall-esque. Réservé des places. Menacé l’ouvreuse de représailles si elle ne me mettait pas de côté l’affiche du spectacle.
Appelé mes amis bordelais. Il fallait qu’ils voient de leurs yeux vu, qu’ils débusquent leur part d’enfance pour découvrir bouché bée le clown et son admirable double, le jeune Hadrien Trigance. A peine marseillais, je remerciais le ciel de croiser de nouveau le regard d’Etaix, je lui achetais encore ses Textes et textes Etaix pour les lui faire signer et les offrir à Hélène que j’avais embarquée avec moi. Qui embrassait le clown, le spectateur son voisin, l’ouvreuse, l’ami de sa fille, la plante verte. Oui oui. Aucun rapport avec la bouillabaisse, je digresse, Inès ? J’abrège, Nadège. Tout ça pour remercier Etaix, Tilly, Nicole et leurs anges, mes anges et la fée Internet. Et vous supplier d’aller voir ou revoir les films de Pierre Etaix (dont un court métrage oscarisé en 1963). Demandez le programme au programmateur, l’horaire à votre horodateur, courez trouver la fraîcheur des salles de cinéma parisiennes : l’Arlequin, le Nouveau Latina, le Max Linder. Et faites le pied de grue au domicile de votre sous-préfet** jusqu’au décret officialisant la projection des films de Pierre Etaix dans le cinéma de sa ville, dans le champ de la voisine.
Suppléments de lecture :
Ici: le bel article de J.-L. Douin dans Le Monde.
Là: le verbatim de l'émission d'Yves Calvi sur
France Inter qui recevait longuement Pierre Etaix (retranscrit par Tilly)
*Mazette ! J'y crois pas. Je rêve ou j'ai vraiment utilisé l'imparfait du subjonctif ?
**Immodeste emprunt au
grand*** Alexandre Vialatte.
***Désolé d'invoquer aujourd'hui la mère Superlatif mais il faut appeler un chat un chat et un Etaix, un grand clown, un Vialatte, un grand auteur.


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