Le dernier rapport publié par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) fait froid dans le dos. L’ensemble des pays membre de cette organisation totalise, début 2010, 47 millions de chômeurs. Et, si l’on prend en compte les personnes qui ont renoncé à chercher du travail, le nombre s’approche des 80 millions.
Avant la crise, débuté mi 2007, il n’y avait "que" 30 millions de chômeurs. Autrement dit, la mauvaise conjoncture économique a détruit 17 millions d’emploi, soit une hausse de 50 % en trois ans. Entre 2008 et 2010, la crise a fait passer le taux de chômage des pays industrialisés de 5,8 % à 8,6 %. Ce taux moyen recouvre de fortes disparités entre les 20 % du taux de chômage en Espagne et les 3 % de la Corée du Sud ou des Pays-Bas.
Un jeune français sur trois au chômage
Angel Gurria, le directeur général de l’OCDE, se veut rassurant : « les données récentes tendent à indiquer que le chômage a peut-être atteint son point le plus haut ». Malheureusement, la résorption du chômage dans les pays les plus touchés devrait prendre plusieurs années. En effet, la croissance économique est encore trop faible pour créer de l’emploi.
Comme toujours, les populations les plus fragiles sont les plus touchées. On retrouve ainsi les jeunes, les salariés les moins qualifiés et les immigrés. Dans les pays les plus touchés par le chômage, les chiffres parlent d’eux-mêmes : un jeune Espagnol sur deux est au chômage et un jeune Français sur trois doit faire la queue au Pôle Emploi. En France, le chômage de longue durée est l’un des plus élevés des pays développés. Autant dire que la réforme des retraites n’aura aucun effet réel si la situation ne change pas.
L’Etat doit jouer son rôle
Malheureusement, les politiques en faveur de l’emploi se heurtent à la nécessité de réduire les déficits publics. L’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne ont déjà annoncé des programmes d’ajustements budgétaires remettant en cause leur politique de l’emploi. Une situation qui devrait peser un peu plus sur la reprise économique et donc sur le chômage.
Chose rare pour cette organisation plutôt libérale, l’OCDE recommande de continuer à aider les demandeurs d’emplois les plus démunis. Le rapport salue ainsi le soutien au recrutement en apprentissage et la mesure "zéro charge" exonérant de cotisations patronales pendant un an le recrutement de salariés dans les très petites entreprises.