Festival de La Rochelle (7) - Gourmandises et seventies

Par Desblablas
Vu la queue qu’il y avait pour The Lodger d’Alfred Hitchcock à la salle bleue, il n y a aucun espoir  de rentrer avant qu'elle ne soit complète.  Je me décide alors pour Le Fleuve sauvage d’Elia Kazan avec Montgomery Clift. Dans la grande salle, je m’assois et je souffle. Pour un simple problème informatique, vous avez failli ne plus avoir les chroniques cinéphiliques et quotidiennes de La Rochelle. Je vous vois déjà en pleurs et désœuvrés devant un tel vide et je vous comprends. C’est pourquoi la solution devait être trouvée rapidement ce qui explique mon excitation matinale. Vous continuerez à avoir vos chroniques fidèles auditeurs-lecteurs ! Les lumières s’éteignent et le film commence. Durant tout le film, je trouve que le personnage principal joué par Clift est un brin looser. Il ne change rien aux pratiques et mentalités locales, ne fait pas le poids devant le méchant et à part trouver une maison avec une véranda, sa mission n’a pas forcément réussie puisque le bilan aurait été de toute façon le même avec ou sans lui. Mais le film se regarde encore sans déplaisir.
Entre midi et demi et 14 h le festivalier se restaure. Car le festivalier n’est pas uniquement boulimique d’image, il a aussi besoin de nourriture pour que son petit organisme tienne le coup. Certains se font des sandwichs ou emmènent des salades dans des Tupperware qu’ils mangent en regardant le vieux port. Pour ma part, j’aime découvrir les différentes tables de la Rochelle. Proche de la Coursive nous pouvons aller manger en toutes confiances à la pizzeria « Villa Maria», aux « Comédiens», ou si on tape dans le plus cher au « Dit Vin», à « L’Aunis » ou au « 4 Sergents » (mais il est préférable de réserver).

 Moi mon adresse préférée se situe près du marché couvert et s’appelle « Le soleil brille pour tout le monde». Dans un univers familial, on y mange différentes variétés de tartes mais aussi des plats cuisinés main qui sentent bon l’épice et le produit frais. En plus, le serveur, David, est très sympa.

Aujourd’hui, je prends mon temps. Ce que je vais voir maintenant est un documentaire sur Michael Sïmente alias Michel Ciment critique entre autre à la revue Positif ou au Masque et la plume. Je ne pense pas que cela va attirer beaucoup de monde. Et j’avais bien anticipé car j’arrive juste à l’heure avec une bouteille d’eau (Salle Bleue oblige) et la moitié des sièges sont vides. Si je ne suis pas toujours d’accord avec ses choix critiques, malgré tout, Michel Ciment est une personne d’une incroyable culture cinéphilique et est sûrement l’un des plus importants internationalement. Mais sa façon de mener les débats me gêne. Celui avec Lucian Pintilie en début de semaine n’était pas génial et je me rappelle plus particulièrement d’un avec Roman Polanski au Festival où le cinéaste se moquait des questions du critique. Ce fut un moment assez difficile pour ce dernier.
Il est 16h 10 et sorti de la salle, j’ai besoin de me rafraîchir et prendre l’air. Alors je marche un peu pour m’évader un peu du périmètre carré où je suis constamment pour me diriger vers le Maille. Il y a un grand parc juste à côté où les enfants peuvent admirer des paons, des canards et même des biquettes. Pour souffler, c’est l’endroit rêvé. Il y a une petite remorque qui propose des glaces bonnes et pas chères. Les patrons ont toujours un petit mot gentil et c’est toujours appréciable. Pour moi ce sera cassis citron-vert.
Si j’avais été déçu par l’Intrigue, La belle Ténébreuse m’enchante. Greta Garbo joue une espionne russe jouant de ses charmes face à un capitaine autrichien. Tout se finira bien et ce Ciné-Concert a beaucoup plu avec toujours Jacques Cambra au piano.
Même si il faut aller au quartier St-Nicolas, le bistrot où il faut aller au moins une fois c’est La Guinguette. C’était un ancien bar de pécheur qui a gardé son décorum de l’époque. La bière est bonne et l’ambiance est vraiment chaleureuse. Là on reste pas car il se fait déjà tard et on va rater le film.

Maintenant on va aller voir non pas un film culte des années 70 mais bien deux l’un après l’autre car si ils sont montrés en même temps, l’un sur l’autre, la pellicule pourrait prendre du bon temps mais le public risquerait de rester hermétique à cette expérience. Il s’agit de Electra Gilde In blue qui fut le seul film de James William Guercio. Il fut projeté à Cannes et assassiné par la critique qui le traita de film fasciste. Aujourd’hui cette insinuation n’a plus lieu d’être. La critique se trompe tellement de fois. A la fin de la projection, on a l’impression d’avoir vu une petite pépite avec ses petits défauts mais surtout ses grandes qualités. Ça a veilli un peu mais dans l’ensemble il reste d’une bonne tenue. Le réalisateur avait un style, un univers, je pense qu’il aurait pu avoir une plus grande carrière. Le DVD existe également dans le commerce depuis peu. Je fais le pari que les Frères Coën ont dû le voir ainsi que les créateurs de la serie C.H.I.P.S, vous vous rappelez ?
 
Enfin Abattoir 5 nous cloue sur notre fauteuil et nous fait poser une question : il fumait quoi à l’époque ? C’était en vente libre ? Ce film qui n’arrête pas de naviguer avec le temps, passé, présent et futur est assez incroyable et saisissant. Si vous voulez vivre une expérience unique et déroutante tentez ce film dramatique et fantastique de George Roy Hill, vous ne serez pas déçu !
Il est minuit trente et je pense que l’« after » se fera chez moi. J’ai une fin de loup, je mangerais un crocodile. A demain Dragon, Olympia, grande salle et salle bleue…