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Jeudi au cinéma. Dernière ?

Publié le 08 juillet 2010 par Petistspavs

Laurent_Terzieff_Photo_J_VAUCLAIRÉvidemment, cette chronique est dédiée, avec tristesse, à Laurent Terzieff, plus metteur en scène et acteur de théâtre que de cinéma, mais dont la voix, grave, subtile, souvent envoutante quand il lisait des textes qu'il aimait, restera une des plus pures et belles dédiées à l'art de bien jouer la comédie. Le très beau portrait ci-contre est de Jacques Vauclair.

Dans un entretien accordé au Monde l'année dernière, Laurent Terzieff s'exprimait ainsi à propos de son art : "Ce que j'attends du théâtre, cet art qui "pour un instant semble nous promettre les secrets du monde", comme disait Louis Jouvet, c'est qu'il soit le témoignage vivant de l'histoire de la vie des hommes durant leur passage sur Terre, un moyen pour l'homme de réfléchir sur lui-même et sur la société dans laquelle il vit. Le théâtre peut exprimer ce qu'aucune pensée scientiste (et par là j'entends la philosophie, la sociologie, la psychologie et même la psychanalyse et le situationnisme) et ce qu'aucune image de cinéma ne peuvent transmettre: quelque chose qui n'est pas réductible à la rationalité, et que Sartre appelle "le goût de l'époque". Chaque époque a sa façon d'aimer, de haïr, de penser : elle a un "goût". C'est cela qu'il m'intéresse de traduire au théâtre."

A retrouver dans certains des films de Mauro Bolognini que réédite Carlotta cette semaine.

Pas d'autre édito cette semaine, mais un peu de musique pour accompagner votre lecture, pour les courageux qui liraient. Il fallait quelque chose de nostalgique, un peu mélancolique, mais agréable, alors j'ai pensé à ces fameuses sessions dites "Norman Granz" qui ont vu Fred Astaire revisiter son répertoire avec Oscar Peterson et autres... Voici (ce n'est peut-être pas la première fois ?) Dancing in the dark, du film The band wagon (Minelli).

LES FILMS DE LA SEMAINE

Aff_Copacabana
COPACABANA
film français de Marc Fitoussi (2009, 1h47)
scénario de Marc Fitoussi
distributeur : Mars Distribution
avec Isabelle Huppert, Lolita Chammah, Aure Atika
Synopsis : Inconséquente et joviale, Babou ne s’est jamais souciée de réussite sociale. Elle décide pourtant de rentrer dans le droit chemin quand elle découvre que sa fille a trop honte d’elle pour l’inviter à son mariage. Piquée au vif dans son amour maternel, Babou se résout à vendre des appartements en multipropriété à Ostende, en plein hiver. Dans l’étrangeté de cette station balnéaire hors saison, elle pourrait être tentée de se laisser vivre. Mais Babou s’accroche, bien décidée à regagner l’estime de sa fille et à lui offrir un cadeau de mariage digne de ce nom...
D'abord, on ne boude pas un film avec Isabelle Huppert ; même si le film se révélait médiocre, Huppert ignore la médiocrité. Ensuite, le réalisateur peut se targuer d'un CV déjà honorable (La vie d'artiste avec Kimberlain en 2007, par exemple). Et surtout, je lis dans mon journal préféré, cette phrase : "...Babou rappelle la Gelsomina de La Strada de Fellini. C’est aussi la Wanda de Barbara Loden (personnage qui obsède Isabelle Huppert), en plus courageuse : marginale par nature, préférant l’imaginaire à la triste réalité, mais capable à tout moment de redescendre sur terre pour faire plaisir à ceux qu’elle aime. Un très beau personnage, presque supérieur au film qui lui a donné le jour".
Un personnage qui évoquerait Gelsomina ET Wanda, deux des plus beaux personnages de l'histoire du cinéma exige qu'on court à la salle la plus proche et qu'on renverse comme un jeu de quilles les apprentis spectateurs qui feraient la queue en ignorant tout de La strada et de Wanda (deux films classés parmi mes 75 préférés, dont je vous révélerai peut-être la liste un jour. Bon, peut-être que vous vous en foutez ? Hein ? Comment ? Ah bon ? Non...).

En plus, avec son sépia genre photo de famille, l'affiche est très belle. Isabelle et Lolita forment un très beau couple de cinéma.

Carlos
CARLOS
film français d'Olivier Assayas (2010, 2h45)
scénario d'Olivier Assayas et Dan Franck, d'après une idée de Daniel Leconte
directeur de la photographie : Yorick Le Saux (photo de Blanche Neige de Angelin Preljocaj, 2010)
avec Édgar Ramírez, Alexander Scheer, Nora Von Waldstätten
Distributeur : MK2 Diffusion

Difficile d'ignorer ce film. Difficile de ne pas mentionner ici ce nouvel objet signé Assayas, l'un des réalisateurs majeurs d'aujourd'hui, dont les œuvres ne m'ont jamais déçu. Je pense en particulier à Clean et Irma Vep, les deux interprétés par la magique Maggie Cheung.  Mais cette fois, quelque chose me gêne et, allez, je vais faire ma mijaurée, c'est le sujet qui me gêne, comme m'ont dérangé les biographies filmées de Che Guevara ou Mesrine. Là, à l'évidence, le réalisateur ne joue pas dans la même cour que Jean-François Richet ou l'inégal Steven Soderbergh et je suis persuadé que son Carlos se situe dans des hauteurs que, presque seul en France, il peut atteindre sans craindre l'asphyxie. C'est pourquoi je recommande ce film. Il faut défendre le cinéma d'auteur, il faut défendre les auteurs (et les producteurs) qui savent prendre des risques, or ici, le risque est évident.
Personnellement, l'histoire de ce type qui s'est pris les pieds dans son histoire de caïd merdique ne m'intéresse pas. Et, sans confondre cinéma et réalité, je n'irai pas voir ce film réduit, entre () de moitié pour les besoins de son exploitation en salle, une chirurgie dont peu d'œuvres peuvent se remettre sans souffrir.
 

LA REPRISE DE LA SEMAINE

Mulligan
DU SILENCE ET DES OMBRES
(To Kill a Mockingbird)
film américain (US) de Robert Mulligan (1962, 2h09)
scénario : Horton Foote (scénariste du formidable La Poursuite impitoyable de Arthur Penn, 1966, avec Marlon Brando et Jane Fonda, visible au Festival Paris Cinéma)
compositeur : Elmer Bernstein
producteur : Alan J. Pakula
distributeur : Lost Films
avec Gregory Peck, Mary Badham, Phillip Alford

Synopsis : Dans une petite ville d'Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d'office pour défendre un homme noir injustement accusé de viol...

Il y a une "actualité Mulligan". Il faut admettre que nous connaissions de ce réalisateur réputé "discret", pour l'essentiel, Un été 42 et ses émois sexuels adolescents sous couvert de seconde guerre mondiale. La rétrospective que lui a consacré la Cinémathèque en juin va être l'occasion de redécouvrir ses films en salle et en copie neuve. Loin du film anti-raciste à clichés, Du silence et des ombres oscille entre le Arthur Penn de La poursuite impitoyable et le couple Laughton/Mitchum de La nuit du chasseur. A découvrir à Paris au Grand Action ou au Mac Mahon. En plus, l'énervant Grégory Peck occupe peu l'écran...

L'IMAGE DE LA SEMAINE

Yoyo6

Après une avant-première assez calamiteuse au Cirque d'Hiver (surtout en termes de communication et d'accueil, mais je vous passe les détails), les Films d'ÉTAIX sont à nouveau visibles. Ici, une image de Yoyo (1964), entre burlesque chic (non les gamines, je n'ai pas dit New burlesque, Yoyo fait le clown, pas de l'effeuillage...) et nostalgie tatiste. A voir, pour certaines séances seulement, au Max Linder (c'était le moins que pouvait faire la distribution qu'associer Pierre et Max), donc dans des conditions de projection idéales.

LE SOUPIRANT, YOYO, TANT QU'ON A LA SANTÉ, LE GRAND AMOUR, (moins PAYS DE COCAGNE) auraient pu être mes Reprises de la semaine.

A cette adresse, sur le site de Carlotta, Jean-Claude Carrière parle (vidéo) de sa rencontre et de ses premières collaborations avec Pierre ÉTAIX. De semaine en semaine, il viendra compléter cette longue histoire. Pour les ignorants, J. C. Carrière, écrivain, historien, dessinateur, scénariste, dramaturge, acteur, conteur etc. a aussi collaboré avec Luis Buñuel, Peter Brook, Jean-Louis Barrault et Umberto Eco. Et d'autres. Parmi sa volumineuse production, j'aime particulièrement un petit livre, Les mots et la chose, subtile et délicate coquinerie.

ON EST PAS DES CHARLOTS

N'ayant pas vu de film depuis vendredi dernier (la honte ! la semaine du Paris Cinéma ! Oui, ben on fait pas toujours ce qu'on veut...), ma liste n'a pas changé depuis. La distribution en salle, si. CLIQUER les titres pour voir les salles.

Chaplin_5_B5

A BOUT DE SOUFFLE, le premier chef d'œuvre de Jean-Luc Godard

ANNÉE BISSEXTILE de Michael Rowe (interdit aux moins de 16 ans)
Je reviendrai sur ce film troublant, dérangeant, exigeant.

Chaplin_4_B4

CRIME de Vincent Ostria
DIRTY DIARIES, film plurielle interdit aux moins de 18 ans

MAIS évidemment, si j'avais vu TOURNÉES, le film serait présent ici, ou au-dessus ? ou en dessous.

FOCUS

Fest_Paris_cin__2010

CLIQUER L'IMAGE
pour accéder à la programmation
d'une des plus belles manifestations cinématographiques de l'année.

Entre autres, rendez-vous le vendredi 9 à 21h30 au MK2 Bibliothèque pour découvrir le dernier film d’Apichatpong Weerasethakul , Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, Palme d’or au dernier festival de Cannes. Malgré le sabotage intellectuel d'une certaine presse qui n'aime pas le cinéma vivant (en France le Figaro, par exemple)  a été acheté dans plus de 40 pays. En France, le film sera en salles le 1er septembre, distribué par Pyramide (Année bissextile, Femmes du Caire).

Selon un news culturel ami, "la meilleure surprise pour Apichatpong Weerasethakul (que ses amis appellent Joe) est venue de son pays, la Thaïlande, où le comité de censure a autorisé la distribution du film, assortie d’une interdiction au moins de 15 ans (ses précédents longs-métrages avaient été interdits aux moins de 18 et 20 ans)".

Merci d'être arrivé jusqu'à ces derniers mots. Cette séance du mercredi, comme souvent publiée un jeudi, devrait être la dernière de la saison. Ou l'avant-dernière ? Merci à toi, merci à vous, que vous soyez visiteur ou visiteuse occasionnel(le) ou fidèle. Ou fervent(e). Ou Fan (fan). Bon, j'arrête.


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