Mais tout en soif de découvertes que j’étais, je mis un point d’honneur à voir les deux trésors inconnus de Malick lorsqu’à l’occasion de la sortie de La Ligne Rouge, ils firent leur apparition dans quelques salles. Je ne me souviens plus si c’était juste avant ou juste après avoir vu La Ligne Rouge. Si c’était avant, nul doute que l’enthousiasme général pour Malick, et la bande-annonce envoûtante de La Ligne Rouge, m’avaient motivé. Si c’était après, je ne me pose même pas la question, puisque la bataille de Guadalcanal à travers les yeux de Malick est immédiatement devenue un de mes films préférés (11 ans et quelques visionnages plus tard, il reste à mes yeux la quintessence du cinéma américain).
Je me souviens donc bien de la première fois que j’ai vu Les Moissons du Ciel. C’était à cette époque, ce début 1999, dans un cinéma du Quartier Latin. Était-ce le Grand Action ? Le Champo ? Il faudrait que je farfouille dans mes vieux tickets de cinéma pour retrouver précisément lequel… (pour Badlands, aucun doute, c’était au Ciné 104 de Pantin !). Je l’avais donc déjà découvert sur grand écran. Et depuis, je l’ai revu à la télévision. Pourtant pour rien au monde je n’aurais manqué la ressortie des Moissons du ciel, restaurées et flambant neuves (jetez un œil au bandeau illustrant mon blog…). D’autant que le Max Linder Panorama, ce grand écran si agréable et aux qualités techniques remarquables, le programmait.
Les films de Terrence Malick ont cela d’extraordinaire que chaque vision équivaut à une première fois. Chaque nouveau visionnage donne l’impression que l’on découvre le film. C’est un cinéma si sensoriel qu’il paraît nouveau à chaque fois que l’on pose les yeux dessus, de nouvelles émotions et de nouvelles sensations prêts à nous envahir. Ce sont ces images, par lesquelles la contemplation devient un art. Ces musiques, destinées à résonner à jamais en nous. Ces acteurs, qui jamais plus ne seront aussi magnétiques.
Revoir Les moissons du ciel sur grand écran est un plaisir rare, le plaisir de voir le film à sa juste valeur, dans le seul endroit où la magnificence de l’œuvre éclate totalement. Les films de Terrence Malick nous font toucher du doigt, l’espace de quelques heures, quelques minutes, quelques instants, la sensation de paradis. C’est toujours trop court, mais ces quelques instants de plénitude valent tant d’heures d’autres films, que les déguster est un plaisir incandescent.