Personnalité de l’année
Docteure Christiane Laberge
Raymond Viger Dossiers Bénévolat, Communautaire, Personnalité de l’année.
Anne Panasuk, Radio-Canada
En 2007, nous avions sélectionné Anne Panasuk comme personnalité de l’année. Son acharnement dans son travail dans des dossiers tels que le reportage sur les appareils de loterie-vidéo à Shefferville avait attiré notre attention. Même si Mme Panasuk est journaliste pour Radio-Canada, Loto-Québec lui avait mis plusieurs bâtons dans les roues pour l’empêcher de terminer son travail. La pertinence de son reportage aura créé des changements sociaux importants et aura fait reculer Loto-Québec.
Carole Beaulieu, L’actualité
En 2008, c’est Carole Beaulieu, rédactrice en chef du magazine L’actualité qui a mérité le titre de personnalité de l’année de Reflet de Société. Mme Beaulieu, malgré son horaire très chargé avec L’actualité, est toujours prête à s’impliquer lors d’ateliers et de conférences auprès de jeunes journalistes.
Alain Dubois et le jeu compulsif
En 2009, Reflet de Société a voulu souligner le travail de moine d’Alain Dubois. M. Dubois s’est impliqué bénévolement pour soutenir les joueurs compulsifs au Québec: création et participation sur plusieurs sites Internet sur le jeu compulsif, conférences, son cellulaire toujours ouvert pour répondre aux différents besoins d’informations des journalistes…
Docteure Christiane Laberge
Christiane Laberge compare le système de santé à un pâté chinois, s’insurge que la population québécoise connaisse davantage les noms des joueurs des Canadiens que ceux des médicaments qu’elle consomme. Elle porte tour à tour les chapeaux de médecin de famille, chroniqueuse à l’émission du matin de Paul Arcand, conférencière, formatrice et mère. Avec tous ces symptômes, Reflet de Société n’a eu d’autre choix que de poser son diagnostic: nul doute, elle est la personnalité de l’année 2010.
Ses journées sont programmées au quart de tour: debout à 5 h 30 pour préparer son intervention dans la revue de presse au 98,5 FM, elle revisite son lit que vers 22 h, avec, entre les deux, à peine quelques minutes pour souffler. Fan finie de Grey’s Anatomy, elle se détend en regardant travailler «ses collègues américains» au petit écran avant de sombrer dans les bras de Morphée. Mais entre l’écriture de sa chronique hebdomadaire et un examen au stéthoscope, docteur Laberge a trouvé le temps de nous prescrire une bonne dose de lucidité.
Un médecin dans les écoles
Au quotidien, le travail de Christiane Laberge ne ressemble cependant en rien à celui dépeint dans sa série américaine préférée. Elle partage son temps entre son bureau en médecine familiale et le CLSC de Dorval-Lachine, où elle a contribué à mettre sur pied un programme de gestion intégrée sur le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) dans cinq écoles primaires et une secondaire.
Plongée dans le bain de la pédiatrie dès ses premières expériences en internat, elle nage maintenant dans cette spécialité comme un petit poisson. C’est d’ailleurs en compagnie de son propre médecin de famille qu’elle a appris les rudiments du métier. «Celui-là même qui a vu mes fesses en me mettant au monde», blague celle qui avait à l’époque à peine 24 ans. Malgré son jeune âge, la docteure accumulait les mandats; en plus de son apprentissage avec le médecin qui l’a vue grandir, on pouvait la trouver 16 heures par semaine aux urgences pédiatriques de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et le mardi, au Cégep Maisonneuve en santé scolaire.
Donner au suivant
Qu’est-ce qui peut bien animer cette hyperactive? «Donner au suivant», répond-elle sans hésiter. «J’ai toujours enseigné à mes patients à la fois leurs maladies et la façon de se prendre en main», cite docteur Laberge comme exemple. Elle a aussi la sagesse de ne pas tenter de se battre contre des moulins à vent. «J’accepte ce que je ne peux pas changer», dit-elle humblement, même si elle admet toujours trouver difficile de refuser de nouveaux clients.
Elle se réjouit cependant de voir des familles qui avec l’encadrement et la persévérance avancent et s’en sortent. «J’ai bien hâte de commencer à assister à la remise des diplômes de cinquième secondaire des enfants que nous suivons en clinique TDAH!», affirme celle qui devra par ailleurs bientôt assister à la collation des grades de sa propre fille de 22 ans. Sa descendante a d’ailleurs choisi un domaine connexe à celui de sa mère : l’orthophonie.
Médecine et bureaucratie
En grattant un peu, on lui découvre enfin une bête noire : la bureaucratie. Ainsi, elle ne compte par les heures travaillées et tant pis si les consultations dépassent le temps prévu. Sa famille et ses amis bénéficient également des précieux conseils de la docteure. «Je pense qu’on peut sortir la fille de la médecine, mais jamais la médecine de la fille. Ce n’est pas une vocation de 9 à 5!», s’exclame-t-elle.
Le monde des communications s’est présenté par hasard dans sa vie. Toujours motivée par le désir d’apprendre, elle a relevé ce nouveau défi sans hésiter. «Depuis le temps que j’expliquais aux gens toutes sortes de concepts!», affirme-t-elle, ajoutant que la seule différence est l’auditoire. Nullement intimidée, elle confie avoir l’impression de s’adresser qu’a un ou deux «patients». La langue de bois et le politiquement correct sont des concepts qu’elle ignore soigneusement. «Il n’y a rien de plus important que le message», renchérit celle qui ne ménage pas les exemples pour être certaine d’être comprise.
D’ailleurs, pour elle, il est inconcevable que la population connaisse par cœur les noms des joueurs des Canadiens de Montréal comme Kostitsyn et de Koïvu, mais qu’elle ignore presque tout de ce qui concerne sa santé et du système qui s’en occupe. «Quand on demande aux gens le nom des médicaments qu’ils prennent, moins de 5% sont au courant», illustre-t-elle, découragée. «Les gens devront être plus responsables», tranche docteure Laberge.
Elle raconte son pire souvenir, lorsqu’elle a réanimé un enfant de deux ans, noyé par sa mère à qui le psychiatre avait donné congé sachant qu’elle avait des idées meurtrières. «Et le patient suivant qui t’engueule, car il attend dans la cabine depuis plus d’une heure et veut faire voir son enfant de huit ans à 23 h pour des poux», se rappelle-t-elle, toujours amère. Selon elle, l’on devrait mettre en place un système de «débreffages» du même type que celui qui existe chez les policiers où les gens doivent décrire les raisons pour lesquelles ils sont à l’urgence pour que les responsables puissent les «trier» à l’entrée.
Le système de santé, un pâté chinois
Critique, elle compare le système de santé à un pâté chinois où la viande – les travailleurs sur le terrain – de moins en moins nombreux au détriment des patates pilées – les gérants de programme – qui prennent de plus en plus de place. «Et c’est la croûte de parmesan qui coûte cher et qui décide des avenues sans vision et sans application concrète» conclut-elle, réaliste.
Heureusement cependant que des médecins comme elle existent, pour mettre un peu de ketchup à ce plat qu’est le système de santé et qui devient de plus en plus incomestible.
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