Depuis le tour du monde sans escale du Voyager, on n’avait rien connu de pareil : un véritable exploit aéronautique męlant audace, courage et technologies de pointe. Et ouvrant peut-ętre des horizons nouveaux ŕ l’aviation, mais ŕ trčs long terme.
Le fręle avion solaire a non seulement réalisé avec succčs un vol de plus de 26 heures mais, surtout, il a traversé une nuit entičre grâce ŕ l’énergie accumulée par ses batteries. Du coup, on se prend ŕ ręver, tout en sachant, c’est une évidence, que ce n’est pas demain que nous embarquerons ŕ bord d’un Airbus ou d’un Boeing dépourvu de réservoir de kérosčne et n’émettant pas le moindre gramme de CO2. Arrivera-t-on un jour ŕ une telle avancée ? On doit le souhaiter, tout en sachant que nous, nos enfants, nos petits enfants, devront déployer des trésors de patience avant de connaître un tel progrčs.
Pour l’instant, ce premier pas défie l’imagination. Pour le vérifier, il suffit de regarder attentivement le Solar Impulse, son aile de plus de 60 mčtres d’envergure, ses 12.000 cellules solaires. Cependant, il n’emporte qu’une charge utile minimale, le pilote ne pouvant męme pas compter sur la panoplie des équipements qui, habituellement, habillent un cockpit. Pas męme de pilote automatique !
Les quatre petits moteurs électriques de 10 ch chacun ont permis au Solar Impulse, parti de l’aérodrome de Payerne le mercredi 7 juillet ŕ 6 h 51, d’atteindre lentement l’altitude de 8.500 mčtres, en plein soleil, bien sűr. A la tombée du jour, il est progressivement redescendu ŕ 1.500 mčtres pour entamer la partie nocturne de son équipée.
André Borschberg, acolyte de Bertrand Piccard, a probablement pensé ŕ Charles Lindbergh qui, traversant l’Atlantique ŕ petite vitesse, avait difficilement lutté contre le sommeil tout au long de ces interminables heures de vol. On n’écrit pas de belles pages de l’histoire de l’aviation sans sacrifices.
Que faire de cet exploit ? En un premier temps, l’idée maîtresse de l’équipe Solar Impulse est de préparer un tour du monde, prolongation de l’exploit des 7-8 juillet. Mais il s’agira surtout de poursuivre les études permettant de se rapprocher de concepts opérationnels. En cette matičre, tout reste ŕ faire, le financement des travaux devant logiquement acquérir des dimensions nouvelles. Qu’en dit l’industrie aéronautique ?
Actuellement, Solvay, Omega et la Deutsche Bank sont les principaux commanditaires, avec Bayer Material Science et son conseil EPFL, ainsi qu’Altran. Côté aviation, Dassault-Aviation sauve l’honneur, en qualité d’avionneur-conseil, mais les grands noms du secteur brillent par leur absence, ce qui est pour le moins décevant. Dans le męme esprit, force est de constater que les retombées médiatiques du double tour d’horloge de l’avion solaire suisse n’ont pas été fracassantes. Les médias français lui ont préféré l’affaire Woerth-Bettencourt, la coupe du monde de football et le tour de France cycliste, des priorités ŕ l’image de notre époque. Le Solar Impulse a par ailleurs consacré, si besoin était, la force de frappe d’Internet. L’exploit pouvait ętre suivi en direct, dans d’excellentes conditions.
Que faire, ŕ présent ? Répondre ŕ la proposition de Bertrand Piccard et André Borschberg : rendez-vous sur solar-impulse.com et adoptez une cellule solaire !
Pierre Sparaco - AeroMorning