Entre les plages aux sables blonds et les côtes de schistes noirs des rives méditerranéennes et les pics acérés des Pyrénées, trois vallées, terres de contrastes, de révolte et de résistance entre tradition et modernité, au sortir du bassin roussillonnais, se partagent le territoire des Pyrénées Orientales.
A quelques lieues de Perpignan, en pentes régulières bien qu'imperceptibles, inéluctablement la plaine s'effiloche et s'éloigne. La terre commence à prendre de la personnalité, de la rigueur et du relief. Engrossant les vignes offertes aux rayons du soleil, l'Agly et le Fenouillèdes, les courbes, aux teintes calcaires, se vêtent de rocailles et d'aridité. A peine un peu plus loin, grès, schistes et granites la parant, s'habillant de vert intense et se rafraîchissant aux berges de petits ruisseaux serpentant le long des chemins pour arroser les champs de pêchers, d'abricotiers et de pommiers, le Conflent, elle se métamorphose. Plus loin encore, le Vallespir, elle est feuillue et mystérieuse, drapée de cerisiers, de chênes lièges et d'histoires étranges...
Alors, le regard, avide d'apprendre et de connaître, peut embrasser les cimes montagneuses des Puigmal, du Carlit, des Madres, du Bugarach, de la Roca Colom, du Roc de Frausa et de l'emblématique Canigou.
La vallée de l'Agly.
Avant que la forêt profonde n'annonce la montagne, l'Agly Fenouillèdes fait étalage de son charme un peu sauvage et, au détour du vallon, la garrigue aux essences méditerranéennes et la fleur de rocaille cèdent leur place à la vigne offerte au soleil et à la Tramontane.
Aux portes de Tautavel, dans la Caune de l'Arago datée de 450 à 700.000 ans, l'homme, « Homo érectus tautavellensis », a laissé son empreinte.
Frontière naturelle avec l'Aude voisine, les Corbières, fières et arides, dressent, sur leurs pitons rocheux, les arrogantes citadelles du vertige telle celle de Quéribus. De son sommet, le château de Peyrepertuse et les forteresses d'Aguilar et de Puilaurens qui furent le théatre de résistance, de sièges, d'assauts et de massacres, se profilent à l'horizon.
Que quelques pas en quittant Saint-Paul-de-Fenouillet et la formidable faille des gorges de Galamus garde, jalousement en son sein, l'ermitage Saint-Antoine fréquenté depuis le VII° siècle.
Rivesaltes, Maury, Rasiguères, Caramany..., des noms chantant le plaisir des papilles et accompagnant les grillades des soirs d'été, ici, les vignobles produisent des vins ensoleillés et gouleyants.
Le Conflent.
De Rodés aux portes de la Cerdagne et du Capcir, des derniers vergers aux premières cimes acérées des montagnes, le Con-flent suit la vallée de la Têt et celles de ses affluents.
Eus, érigé en pyramide sur son promontoire tapissé d'oliviers, tout comme Evol, patrie de Ludovic Massé, et Mosset, est l'un des « plus beaux villages de France. » Lors vient Prades et son église Saint-Pierre, de facture baroque, du XVII° siècle, abritant un merveilleux retable de Joseph Sunyer. Non loin se profile l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuixà qui exerça, longtemps, une influence religieuse et culturelle bien au-delà de la Catalogne.
Tout comme la cité fortifiée de Mont-Louis, bastionnée par Vauban, classée en 2008 au Patrimoine Mondial de l'Unesco, Villefranche de Conflent, est une place forte fondée en 1090. Au-dessus de la ville, le Fort Libéria veille sur l'emblématique Petit Train Jaune, gaillard malgré les années, qui assure la liaison ferroviaire avec Latour-de-Carol.
Réserve naturelle de Nyer... bains d'eaux chaudes, en pleine nature, d'Olette, de Canaveilles, de Prats Balaguer... grottes mystérieuses des Canalettes et d'En Gorner...C'est aussi tout cela, le Conflent !
Le Vallespir.
Au différent de ses deux sœurs fluviales, le Vallespir est bien mystérieux...
La légende du pont du Diable, à Céret... La Sainte-Tombe, dans l'abbatiale Sainte-Marie d'Arles-sur-Tech, se remplissant « d'eau miraculeuse » de façon inexpliquée... Et la fête de l'ours qui met en scène dans les rues de Prats de Mollo et de Saint laurent de Cerdan un homme-animal traqué par des « chasseurs-barbiers »... Et les cerises qui sont, dès la fin du mois d'Avril, les premières de France, le chêne-liège les tissages catalans et les espadrilles aux longs lacets, amies de la Sardane, fabriquées à Lamanère... Pour ces énigmatiques terres verdoyantes, adossées aux Albères, Picasso, Matisse, Chagall, Soutine, Pierre Brune... en tombant sous le charme de leur lumière et de leurs couleurs, n'hésitèrent pas à investir Céret...
Pyrénées Orientales, terre mythique et mystique.
Entre terre, mer, soleil et montagne, sous l'aile protectrice du géant catalan, fascinante montagne, citadelle avancée des Pyrénées et vieux berger des ans encapuchonné d'ouates hiémales, le Massif du Canigou, il y a aussi les hommes, leur savoir-faire, leur patrimoine, leur terroir… qu'ils savent offrir en partage.