Haut-lieu de la Catalogne (faut-il dire française?) Céret a un passé artistique brillant. Le cubisme s'y est fondé sans doute inspiré par l'architecture sobre de cette petite cité baignée d'une lumière exceptionnelle. Pablo Picasso y avait pris ses quartiers et il conduisait sur les tendidos de la placita ses amis dont Cocteau. A côté de ces géants, nos anti-taurins d'aujourd'hui, les Laborde et consorts, sont des liliputiens. Méritent-ils seulement d'être nommés? On a les intellectuels que l'on mérite, il est vrai.
Les aficionados locaux ont sut maintenir la tradition en donnant une couleur nettement catalane à leur féria. Du coup, alors que Barcelone est prêt à mettre le drapeau en berne, c'est à Céret que les catalans amateurs de corrida se rendent pour un pèlerinage au sanctuaire du toro-toro; n'hésitant pas à traverser les Pyrénées. Si Luis Francisco Espla, peintre lui-même, est venu régulièrement dans ces arènes où il a failli laissé la peau, peut-être l'a-t-il fait en souvenir de Picasso...
Car à Céret, sous la houlette de l'ami Jean-François Coste, on ne plaisante pas avec la présentation du bétail. On aime le toro dans sa grandeur, fort, armé, violent. On remet ainsi les pendules à l'heure. On cherche à retrouver l'authenticité de l'art de Cuchares basé, on ne saurait l'oublier, sur le combat du toro dans son intégrité et non pas sur ce jeu avec des chèvres bêlantes que l'on voit trop souvent. C'est la fête du courage, non?
Cette année encore Céret nous fera découvrir des élevages rares,
méprisés des vedettes et du Milieu et qui méritent bien cette
consécration. Les hommes qui se mettront devant ont eux aussi leur
mérite car il n'est jamais facile de descendre dans une arène de ce
type. Souhaitons que le succès soit au rendez-vous pour les uns et pour
les autres et qu'il ait les répercussions qu'il mérite. Nous aurons une
pensée particulière pour Sergio Florés et Arturo Saldivar, le deux
jeunes mexicains qui débuteront en France à cette occasion. Ils ne
l'auront pas facile, mais il ont la moelle pour triompher.
Pierre Vidal
Tiré du site www.corridasi.com