Synopsis :
Lou a un tas de problèmes. Des problèmes avec les femmes. Des problèmes avec la loi. Trop de meurtres commencent à s'accumuler dans la juridiction de sa petite ville du Texas. Et surtout, Lou est un tueur sadique et psycopathe. Lorsque les soupçons commencent à peser sur lui, il ne lui reste pas beaucoup de temps avant d'être démasqué...
Critique :
Dire que j’attendais avec impatience The Killer Inside Me aurait été un pléonasme. Sans doute d’ailleurs était-ce pour de mauvaises raisons, notamment le scandale qu’il avait engendré suite à sa projection au dernier Festival de Sundance et la violence importante de certains passages.
Adapté d’un livre considéré comme l’un des plus noir de la littérature américaine, "Le démon dans ma peau" de Jim Thomson, The Killer Inside Me est un film à la première personne d’un shérif d’un petit village, à priori bien sous tous rapports (le physique de Casey Affleck aidant). Sauf que derrière les apparences angéliques du jeune homme se cachent un véritable sociopathe, extrêmement dangereux pour les femmes le fréquentant mais également pour lui-même.
L’intérêt principal du film provient de la hors catégorisation du personnage de Lou qui reste parfaitement conscient de ses actes et lucide dans sa folie meurtrière et autodestructrice. Il n’est de fait ni complètement taré, ni un tueur minutieux. Simplement un monstre régit par des pulsions récurrentes prenant le pas sur le bon « Lou ».
Si le The Killer Inside Me s'ouvre directement ou presque par une scène de viol relativement ambigüe (le viol se transformant en scène d’amour acceptée et désirée par la femme (Jessica Alba)), ce n’est pas tant l’aspect plus ou moins torride qui fit parlé Outre Atlantique mais bien les scènes de meurtres, s’approchant volontairement ou pas de celles filmées par Gaspard Noé dans Irreversible. Le massacre de Jessica Alba intervient très rapidement et sera l'élément déclencheur d’une intrigue policière visant à démontrer la culpabilité de Lou. Le dit passage arrive avec une telle soudaineté qu’on ne pourra être que surpris par la violence des images que Michael Winterbottom nous donne à voir. (on découvrira Jessica Alba se faire ni plus ni moins éclater la tête en face caméra). Une violence affichée qui pourrait faire réagir si l’on avait abordé le film de façon primaire ce qui est extrêmement déconseillé.
Winterbottom ne cherche ni à dispenser un discours moralisateur ni à pointer du doigt des actions répréhensibles. Il filme, simplement, la démarche intellectuelle d’un fou furieux et en explorant avec sa caméra ses pensées les plus noires. A ce titre, The Killer Inside Me pourra se faire aisément comparer avec un American Psycho, lui-même adapté d’un roman. La différence réside dans l’absence totale d’engagement du réalisateur. D’aucun diront que le film est extrêmement froid, dans son montage, son déroulé, son final. Qu’il s’agisse d’un simple dialogue, d’une scène de sexe SM ou d’un massacre, aucune émotion n’est apportée dans la réalisation. Les images restent sur le même niveau d’égalité d’où une sensation de perte de repères.
Petit à petit, le personnage de Lou va évoluer, passant d’une presque double personnalité à une personnalité unique et dangereuse. Quelques courts flashack permettent d’ouvrir des pistes sur l’historique pathologique du bonhomme sans pour autant chercher à légitimé ses actions envers les femmes. Ces quelques flashbacks seront d’ailleurs les seuls liens avec le passé offert par le film. Bien que les personnages soient soient connus à un instant T, leur passé demeure mystérieux. Le seul point commun à tous semble être un désamour de la vie, une acceptation du fatalisme de leur vie moyenne…dans un décor Texan des années 50.
Si l’on restera stupéfait lors de plusieurs passages intenses, l’enquête qui se déroule en second plan ne se révèle pas finalement bien exploitée et, pire, vient casser la dynamique donnée au début du long-métrage. Victime du succès de ses séquences chocs, The Killer Inside Me ne reste pas homogène dans la durée (1h50) et pourra sembler parfois bien long…
Casey Affleck qui campe le rôle de ce jeune shérif se révèle simplement incroyable dans cette performance risquée, son regard et son timbre de voix monocorde amplifiant le gap entre le physique et l’homme à l’intérieur. Il réussit l’exploit d’être dès les premières minutes extrêmement dérangeant pour les spectateurs, tiraillés entre la sympathie et le rejet absolu. Accompagné par une Jessica Alba éclatante en prostituée, et une Kate Hudson pas toujours à son avantage dans le rôle de la fiancée follement amoureuse, Casey Affleck reste l’élément pivot de ce film qui fonctionne beaucoup grâce à la performance individuelle du comédien.
The Killer Inside Me est un film perturbant qui nécessitera un peu de recul pour obtenir un sentiment arrêté. Tantôt passionnant dans ce partage de pensées avec un tueur dangereux, tantôt ennuyeux dans une mise en scène pas toujours très inspirée, le film reste sur la durée en demi-teinte jusqu’à son final tout aussi imprévisible que ne le sont les pulsions du personnage de Lou.
A découvrir mais soyez prévenus, le film n’est à mettre entre toutes les mains, âmes sensibles s’abstenir.
Sortie officielle française : 11 aout 2010