Il est en pour les films comme pour les gens, ceux qui ne savent pas s'en aller, qu'on raccompagne sur le pas de la porte et qui vous tiennent encore la jambe une heure plus tard... Ici, à mi-film, on enchaîne une bonne dizaine de fins, ça n’en finit plus de finir, de rebondissements assez plats en épilogues de la conclusion, elle-même relayée par un morceau de la suite de l’histoire, etc…
Pour le reste, Ben Affleck a beau s’épuiser à filmer le réel, et ce qu’il fait de mieux c’est de filmer un quartier populaire de Boston qu’il connaît visiblement bien, c’est gnan-gnan. Et ce malgré le plan choc de la fin d’un petit garçon sauvagement violé, et ce malgré les dialogues les plus crus possibles, les « fuck dialogues » pour sonner « près de la vie ». Bien que soient posés un crime pédophile, des dealers, une mère junkie prostituée, des flics pas nets, et tout le barda glauque, l’ambiance ne l’est pas, en fait, il n’y a pas d’ambiance et encore moins de style (malgré les recherches voyantes de "faire style") mais une galerie de portraits, de clichés, de bons sentiments, et un plaidoyer contre la pédophilie qu’on voit venir depuis la première image de la photo de la petite fille kidnappée, une photo qu’on vous repasse en boucle pour faire larmoyer dans les chaumières comme aux infos.
Casey Affleck
© Buena Vista International
J’avais déjà vu ce film lors de sa présentation à Deauville et j’en avais conservé un souvenir tellement mitigé que je suis allée le revoir, d’autant que dans les festivals on enchaîne les projections et on est souvent moins objectif qu’en voyant un film seul, sans le comparer au précédent où celui génial qu’on a vu la veille. Rien de tel qu’un film génial pour que les suivants aient l’air fades. Ce film est tiré d’un roman de Denis Lahane dont Clint Eastwood a tiré (d’un autre livre) un des films les plus poignants que je connaisse "Mystic river", si Ben Afleck a été agacé en conférence de presse qu’on y fasse référence en arguant qu’on ne ferait plus rien avec des références d'ainés aussi brillants, il aurait dû se méfier : pour un premier film, il faut faire preuve d’humilité d’autant qu’on ne s’improvise pas réalisateur…
D’entrée, on filme des trognes plus que des visages, une volonté de plonger chez les moches et les laissés pour compte, ceux qu’on ne filme jamais, les anti-glamour anti-Hollywood, louable intention. On met en scène un détective et sa compagne comme dans les films noirs des années 40 (ceux avec la secrétaire amoureuse de son détective de patron, un grand classique) mais les temps ont changé, et si Michelle Monaghan est bien jolie, cette enquête en ménage, ces plans esthétiques du couple dans la pénombre, tombent comme un cheveu sur la soupe, hors sujet.
Une petite fille a été enlevée, son oncle et sa tante engagent Casey Afleck pour doubler l’enquête officielle, pourquoi? Parce qu’il est du quartier, que les voyous, ses amis d’enfance, lui diront ce qu’ils taisent à la police. La mère de l’enfant est une junkie crade et futile qui passe ses nuits dans un bar louche, le rôle de la mère est sans doute le plus réussi, l’actrice est très naturelle, avec ce qu’il faut de sourire à l’occasion pour nuancer son personnage en plomb, mais est-ce que tout le monde n’est pas encore plus louche que la mère… Ensuite, l’enquête est close, puis, reprend, de rebondissements chocs en scènes molles, en voix off explicative, jusqu'à un drame, puis, un vrai faux happy end dont on ne se contente pas, ça n'est toujours pas fini!!! Car, à présent, on tente de théoriser sur l'éducation des enfants, vaut-il mieux une mère sans instinct maternel ou pas de mère du tout ou encore un étranger à la fibre paternelle, etc... migraines assurées...
Titus Welliver et Amy Madigan
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Ben Affleck à la fin de la conférence de presse en septembre 2007 à Deauville Lire aussi le récit de la conférence de presse à Deauville…
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