Les onze titres répartis sur deux disques vinyle (un 33 tours et un 7″) oscillent de manière éclectique entre deux pôles stylistiques assez disparates : d’un côté des chansons sombres et gothiques flirtant avec la dark wave, de l’autre de la pop synthétique enjouée et rigolote. Des deux orientations, la seconde – bien que minoritaire – est généralement représentée ici avec plus de bonheur. Du côté dark, There’s A Sound That Always Goes Out de Agent Side Grinder en ouverture n’est certainement pas la piste la plus intéressante que le groupe ait produite malgré l’intérêt expérimental que peut susciter son synthétiseur torturé; nous restons pareillement quelque peu sceptiques face aux vociférations vocales du hollandais Vincent K. Les hongrois Nosztalgia Direktíva et les belges Le Triangle Androgyne et Code(S) viennent heureusement sauver la mise avec quelques pistes robotiques et envoûtantes, particulièrement l’excellente Waiting For The Signal et sa ligne de basse d’une lenteur obsédante.
Du côté des chansons plus légères, on nous propose Catch A Dream du groupe franco-belge Yseult Descieux (mignonne quoiqu’un peu insignifiante), de même que les deux titres qui nous ont particulièrement conquis sur cette compilation, Disco Nouveau de Jongbloed & Sofia E.R. et Coeurvert de… Coeurvert. La première a un faux air de You Spin Me Round et devrait plaire aux amateurs de nouvelle vague française à la Moderne ou Mathématiques Modernes, avec ses rythmes dansants et ses voix atones. La seconde est un morceau d’absurdité synthétique belge dans la plus pure tradition de Starter ou Comix : “encore, encore/un corps à corps/encore, encore/encore d’accord…” Un peu de minimal synth attendu mais efficace complète enfin la sélection, gracieuseté des français Dolina ou des allemands Adolf Filter (sic).
Malgré quelques inégalités inhérentes à ce type de projets, Festival der Genialen Dissidenten s’en tire en fin de compte fort honorablement et nous offre la chance de découvrir plusieurs groupes autrement inaccessibles, ce que nous ne pouvons que saluer. Amateurs de musique électronique DIY bizarre et – dans ce cas particulier – particulièrement gothique, vous serez comblés. Nous vous offrons trois pistes pour vous mettre en appétit, et vous invitons évidemment à vous diriger vers le site d’Enfant Terrible (www.enfant-terrible.nl/enfant11.htm) pour vous procurer le coffret complet pendant qu’il en reste encore quelques uns en stock (leurs éditions étant notoirement très limitées).