La maison de Pilate, à Séville? Vraiment?
He!
C'est que, voyez, vous, en 1519, quand le marquis de Tarifa est revenu de ses voyages au moyen-orient, il a érigé cette maison - hum, un manoir - et, à cette époque, on a raconté qu'il avait pris des notes détaillées et qu'il avait en réalité fait construire une reproduction de la maison de Ponce Pilate, à Séville. Il s'agissait d'une rumeur absolument pas fondée, mais le nom est demeuré... jusqu'à aujourd'hui!
C'est une maison - un manoir -, dont le mélange architectural est exemplaire; on y retrouve des éléments gréco-romains, mudéjars, gothiques et même renaissance, un mélange qui aurait pu donner quelque chose d'affreux ou de mal équilibré, mais qui, de manière étonnante, a donné un manoir parmi les plus fins de Séville. C'est étrangement harmonieux comme lieu, et à part l'Alcazar, je n'ai rien vu d'aussi grandiose dans toute la ville, c'est tout dire.
Le patio principal, qui déjà, comprend des statues romaines, une fontaine et des colonnes renaissances, des arches mudéjars et des décorations gothiques à l'étage... où on n'a pas le droit de prendre des photos (hum).
Une des statues grecques du patio central. à droite, dans la seconde arche mudéjar, on peut voir une niche, en haut, avec un buste antique romain.
Certains éléments des pièces du rez-de-chaussée sont définitivement mudéjar (déjà en soi un mélange espagnol d'inspiration arabe réalisé par des musulmans convertis au christianisme en Espagne).
Que dire de ces pièces, avec plafonds à caisson? On en a le souffle coupé, purement et simplement.
Le patio s'ouvre sur un jardin, un oasis de paix semé d'orangers. On raconte ici que le marquis avait réussi à obtenir du pape Pie V les cendres de l'empereur romain Trajan, natif d'Italica, près d'ici. un de ses servants, croyant que l'urne avait accumulé de la poussière aurait dispersé les cendres en question dans ce jardin. Un oranger aurait poussé à chaque endroit où les cendres ont touché la terre du jardin.
L'esprit Vagabond dans un couloir mudéjar du patio central, couloir décoré de bustes romains en niche dans sa partie supérieure.
Détail de décoration mudéjar du patio.
Colonnes renaissance, gros plan sur statue grecque, et autre statue à l'arrière-plan, à gauche.
Pièce (mineure) mudéjar, où se cachait une petite porte dérobée. Avec le temps, la décoration imitation céramique sur le bois de la porte a pris une couleur différente de la véritable céramique qui va du plancher au plafond de la pièce.
Dans l'autre partie du jardin, où l'on a créé une atmosphère romaine, avec des arches et niches et statues de marbre. les observateurs trouveront peut-être ici une reproduction du David, de Michelangelo.
Au second étage, où la visite est guidée obligatoirement et interdit les photos (hum), certains des murs les plus anciens montrent encore aujourd'hui des peintures effectuées directement sur le plâtre de la maison.
Dernière vue des statues et du plancher de marbre du patio central de cette résidence qui n'aurait pas déparé la plupart des résidences royales d'Europe.
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