Le feuilleton des scandales politico-financier n’en finit pas. En l’espace de quelques mois, les cas s’empilent :
- les 12 000 euros de cigares payés par les deniers publics du secrétaire d’Etat, Christian Blanc,
- le salaire exorbitant versé à l’ex-ministre du Logement Christine Boutin (en plus de ses 6 000 euros de retraite parlementaire) pour une mission à l’utilité douteuse,
- le double logement de fonction pour Christian Estrosi et sa fille à Paris,
- le trouble permis de construire octroyé au secrétaire d’Etat à la Coopération, Alain Joyandet
- l’hôtel de luxe de Rama Yade en Afrique du Sud alors qu’elle critiquait le choix de l’hôtel des joueurs de France.
Corruption des partis : un mal historique
L’affaire Woerth/Sarkozy apparaît désormais comme la (grosse) goutte d’eau qui fait déborder le vase (déjà bien plein). Résultat, les dirigeants politiques français passent comme majoritairement corrompus. Selon un récent sondage, 64 % des Français estiment que les dirigeants politiques sont plutôt corrompus. En 1977, ils n’étaient que 38 %. Pour retrouver, un tel score, il faut remonter en 1991 lors des affaires qui touchaient le Parti socialiste (PS).
En 1971, la direction du Parti socialiste décide de créer une société chargée essentiellement de centraliser et de récolter des fonds perçus à l’occasion de la passation de marchés publics, en vue de financer les campagnes électorales à venir. En 1973, Urba née de cette volonté. Les entreprises qui souhaitaient obtenir des marchés publics devaient verser, par le biais de fausses factures, à hauteur de 2 % à 4 % du montant des marchés concernés à des bureaux d’études, tels qu’Urba.
La société se chargeait alors de reverser les commissions, dont ils conservaient 40 % du montant, dans les caisses du Parti Socialiste (30 % au niveau national et 30 % au niveau local), dans le but de financer les campagnes électorales. Henri Emmanuelli a finalement été reconnu coupable par la justice de complicité de trafic d'influence, et a été condamné en décembre 1997 à dix-huit mois de prison avec sursis et à deux ans de privation de ses droits civiques.
La France, seulement 26ème pays le moins corrompus
L'affaire Urba avait été alors à l'origine de deux lois sur le financement des partis politiques par l'État : la loi de janvier 1990 et la loi Sapin de janvier 1993. Ce dispositif a été achevé par la loi Séguin de janvier 1995. Ces dispositifs malheureusement pas eu l’effet escompté. Des doutes sur le financement des partis subsistent encore.
Il faut dire que la France n’est pas aussi parfaite qu’elle le prétend. En 2009, elle figurait seulement à la 26ème des pays les moins corrompus, loin derrière la Nouvelle-Zélande et les pays nordiques. Avec l’affaire Woerth/ Sarkozy, le gouvernement est fragilisé. Tous justes trois ans après son accession au pouvoir.
Télécharger le rapport de Transparency International, en cliquant ici.
Le "tout pourris" favorise la montée du populisme
Les mesures pour essayer de faire oublier ces scandales sont jugée non suffisantes par 75 % des Français. Résultat, les électeurs n’ont plus confiance dans les politiques. Le fossé entre électeurs et politiques se creusent et l’incompréhension grandit. La logique du "tout pourris" risque malheureusement de conduire à encore plus de populisme. Comme le montre le retour en force de Marine Le Pen (+ 6 points dans les sondages).