1h 45 après la fin de ce film je me retrouve dans la Salle Bleue, celle où on étouffe. En plus je n’ai même pas de bouteille d’eau pour tenir le coup. Le film s’appelle La campagne de Cicéron , rien à voir avec un péplum quelconque. Monsieur Christophe Gauthier, conservateur de la Cinémathèque de Toulouse , a de très jolies lunettes rouges et vient nous parler de ce film. C’est un film de Jacques Davila qui signa 3 films et qui mourut 2 ans après celui là. Beaucoup de gens savaient qu’il existait, ceux qui l’avait vu en gardaient un très bon souvenir, et les comédiens Tonie Marshall en tête aidèrent aux recherches car ce film était introuvable depuis sa sortie. Heureusement, retrouvé par hasard alors qu’il n y avait plus de copie nulle part, il a été restauré et nous fut enfin présenté 21 ans après sa 1ère sortie. Lors de sa présentation, M. Gauthier nous explique que Rohmer avait été totalement subjugué par ce film et qu’il l’avait même écrit au réalisateur. Avec un casting important : Tonie Marshall, Jacques Bonnaffé, Judith Magre ou encore Sabine Haudepin. C’est véritablement un film à re-découvrir. Proche de la nouvelle vague, la première heure est vraiment très amusante. La salle rigole de bon cœur et c’est bon signe. Puis on ne sait pourquoi, peut être pour marquer davantage les esprits, le réalisateur prend un tournant plus dramatique dans la dernière demi-heure. Ce qui est regrettable car le plus réussi est vraiment la partie comédie avec des répliques magnifiques et une mise en situation des plus maîtrisées. Il sortira normalement bientôt en DVD.
Je vous passe le film Intrigues avec Greta Garbo de Clarence Brown qui n’est sûrement pas son meilleur tant l’histoire en devient interminable. Sa projection avait toujours lieu dans la salle Bleue, moi je commence à être bien rouge. Vite, de l‘air!!!
Mais l’intérêt de ce Festival n’est pas de nous montrer tous les films de Kajol ou de Sharu Kran (d’ailleurs bonne fête à tous les Raoul, et oui c’est aujourd’hui) mais bien plus de nous faire découvrir les nouveaux espoirs de la nouvelle vague indienne. Ces réalisateurs veulent se dégager de l’image du Bollywood classique en se rapprochant de l’humain et des problèmes que peut rencontrer la population de ce pays. Avec peu de moyen mais beaucoup de sincérité le réalisateur Laxmikant Shetgaonkar nous touche avec son Man beyond the Bridge où un garde forestier recueille chez lui une jeune femme rejetée par tous, simple d’esprit et qui ne parle pas (l’actrice est formidable). Il en va de même avec le réalisateur Satish Manwar qui propose The damned rain ou un damné de la terre tente de faire pousser du coton mais la pluie se fait désirer. Une sorte de Jean de Florette indien mais par qui le cinéaste montre les difficultés de l’agriculture en Inde et les conditions presque inhumaines et sans espoir de ces gens qui cultivent la terre. Ses films ne sont pas du tout ennuyeux ou délirant, il tente juste de nous raconter des histoires de la façon la plus juste possible, très loin donc de la façon de faire d’un Bollywood classique.
Et la différence est énorme, il suffit de comparer. Pour notre plus grand plaisir, le Festival avait quand même prévu un véritable film de Bollywood et pas n’importe lequel puisqu’il s’agissait de Jodhaa Akbar de Ashutosh Gowariker, le réalisateur de Lagaan. Dans La grande salle de La Coursive quasiment remplie les spectateurs furent emportée par cette histoire d’amour à grand spectacle sur fond de reconstitution historique. Faste des décors et des costumes, photographie léchée et acteurs séduisants, on est totalement sous le charme. Mais un bon film Hollywood n’existerait pas sans ses excès et ses kitcheries. C’est pourquoi le dressage d’éléphants, l’entraînement torse nu du héros où le combat à l’épée du prince et de la princesse firent un tabac chez les spectateurs qui réagirent joyeusement à toutes ces scènes et bien d’autres encore. C’est du grand spectacle, sur des faits historiques mais qui pourtant reste léger et garde sa part de romantisme et d’humour pendant 3 h 35, ce qui séduit même les plus récalcitrants. Et comme le film était long, nous avons eu droit à un entracte où des samossas et des verres de jus d’orange ou de sodas nous attendaient. Franchement à La Rochelle soit on fait les choses bien, soit on ne les fait pas !!!