Nous sommes déjà en juillet, et les 22èmes Eurockéennes de Belfort sont terminées. A l’heure du constat, trois points ressortent clairement du lot : un bilan musical plutôt satisfaisant malgré un manque flagrant de véritable grosse tête d’affiche, une météo plus que clémente si on oublie la demi-heure orageuse du samedi, et enfin un net recul de la fréquentation avec 80.000 visiteurs contre 95.000 l’année dernière. Il n’empêche que le festival de la magnifique presqu’île du Malsaucy reste l’un des grands incontournables de l’été pour deux raisons principales : ses concerts bien-sûr, mais aussi son camping et ses festivaliers, toujours très riches en couleurs et véritables acteurs de l’événement.
Face A : les concerts
Cette année Dodb l’a joué soft, et n’en a pas vus tant que ça. On a préféré privilégier l’écoute attentive et sélective, plutôt que la course effrénée de scènes en scènes. Arrivés très tard sur le site à cause de misérables douaniers qui n’ont toujours pas compris où taper pour être efficaces, c’est le rappeur américain Jay-Z qui nous accueille. De l’avis de tous son show est exemplaire, surtout comparé à celui de Missy Elliott qui s’est bien foutu de la gueule du monde. Les Anglais d’ Hot Chip mettent quant à eux tout le monde d’accord avec leur électro pop bien foutue, alors que The Subs envoie une électro qui tabasse mais qui manque d’originalité.
Jour 2 et les Canadiens de Broken Social Scene assurent. Certes leurs morceaux sont assez inégaux, mais de manière générale Jason Lytle et Brendan Canning forment une sacrée paire. Va suivre un grand moment de rock’n’roll, non pas de musique mais de comportement avec les Australiens d’ Airbourne (Airburnes ?). Si leur musique n’est qu’un ersatz d’ACDC, tout est fait pour envoyer du bois : monstrueux murs d’amplis Marshall, solo de guitare à 20m de haut sans assurance (!), re-solo sur les épaules d’un roadie, écrasage de canettes de bière sur la tête, du grand n’importe quoi assez jouissif. Changement d’ambiance avec l’excellente électro pop de Memory Tapes, et grand moment de musique et d’énergie avec la sublime Janelle Monáe qui confirme sur scène tout le bien qu’on pensait d’elle sur disque.
Dernier jour et Julian Casablancas de rappeler à ceux qui l’auraient oublié qu’il n’a même plus besoin des Strokes. N’hésitant pas à se réapproprier ses propres morceaux parce qu’après tout "You only live once", c’est quand même un sacré bonhomme que ce Julian. Même les nouveaux morceaux solo "Out of the blue", "11th Dimension" ou "River of backlights" sont parfaits, ce qui ne sera pas forcément le cas un peu plus tard avec Empire Of The Sun pour qui le live n’apporte pas grand-chose. James Murphy et son LCD Soundsystem fait quant à lui tout-à-fait le boulot, et Mika est une bien belle surprise. Pas de sensation musicale à son sujet, mais une véritable capacité à emballer la foule et à la faire danser. Le duo anglais Massive Attack terminera le festival à sa manière, dans un lent trip-hop planant.
Face B : le camping
LE fameux ! 12.000 jeunes entassés les uns sur les autres sous une chaleur caniculaire dès 9h du matin, ça donne forcément un cocktail détonnant. Il y a bien-sûr une certaine forme de nostalgie des grands festivals qu’ont été Woodstock ou Glastonbury dans la manière d’y vivre. Pendant trois jours et d’un commun accord tacite, tout le monde devient instantanément ami et tout se partage. Une culture commune et métissée voit le jour, des championnats de ventriglisse s’organisent, des "Apéros !" y fleurissent inopinément, chaque ballon à l’hélium de Bob l’éponge ne demande qu’à être libéré, et chacun semble rivaliser d’apparence libérée avec son prochain. Pas une seule embrouille, tout est fait pour passer la journée simplement ensembles, dans la joie et la bonne humeur, en attendant les concerts. Rien que pour ça, on y reviendra.
Le site du festival
Les bilans Dodb des Eurockéennes 2008 et 2009
Le fameux stage climbing d’Airbourne et un petit passage des Stro… de Julian Casablancas: