Si nous avions eu les comparatifs concernant l’autonomie, le confort de lecture, le poids des différents appareils de lecture, il nous manquait bien une chose : à quelle vitesse lit-on en numérique? Bien entendu, pas lors d’une lecture fragmentée (quotidienne sur le web) mais une lecture sur écran immersive. Jakob Nielsen du cabinet de consultant Nielsen Norman Group s’est donc intéressé à la question et vient de publier une étude pour le moins étonnante et dont la conclusion pourrait être riche en conséquences.
Une lecture plus rapide sur papier qu’en numérique
Au final, c’est sur support papier que la lecture aura été la plus rapide, tandis que celle-ci baisse de 6,2% sur l’iPad et 10,7% sur le Kindle. Cette différence s’explique sûrement par la taille de l’écran qui, sur le Kindle, permet d’afficher moins de texte et donc ralenti la lecture. En revanche, Jakob Nielsen omet de donner les résultats de rapidité de la lecture effectuée sur un ordinateur.
Etonnamment, si les lecteurs lisent moins vite en numérique, ils semblent plus apprécier ces nouveaux supports numériques. Sur une échelle de 7, l’iPad obtient une note de 5,8 tandis que le Kindle et le livre papier sont évalués respectivement 5,7 et 5,6. Bonne dernière au niveau de l’ergonomie, la lecture sur PC récolte un pauvre petit 3,6/7. Pourquoi une telle note ? La lecture sur ordinateur rappelle l’ambiance du travail ! Pourtant, l’écran d’un PC est souvent plus confortable que les écrans étriqués de nos mobiles et readers de poche. Plus agréable de lire en numérique mais moins efficace ?
Des interfaces primitives qui limitent l’usage
Cette conclusion est pour le moins paradoxale. Si le critère de la rapidité nous paraît être un mauvais choix (sans véritable sens…), cet écart entre la vitesse de lecture et le confort nous paraît tenir à une chose : la pauvreté et le manque d’ergonomie des interfaces. Jakob Nielsen a décidé de mener une partie des tests de lecture sur un iPad équipé du logiciel iBooks. L’interface peut plaire ou déplaire, il faut reconnaître qu’elle reprend exactement la forme d’un livre (avec une ou deux pages affichées suivant l’orientation) et perd en efficacité par rapport à l’original. Suivant la taille de la police, la lecteur devra changer d’”écran” fréquemment. iBooks ne propose pas de fonctions pour survoler rapidement le texte. Il est nécessaire de lire, mot par mot, phrase par phrase. Il est plus difficile de lire en diagonale, d’effectuer une lecture rapide. Il en est de même pour le Kindle avec son écran 6 pouces qui limite les possibilités d’affichage. Révolutionner l’interface de lecture pourrait bien faire perdre au papier sa place de leader pour l’efficacité de la lecture. De plus, celle-ci pourrait améliorer la compréhension et la mémorisation, en employant des techniques de mise en avant de certains éléments. Quid de l’interaction avec le texte, élément totalement omis dans cette étude ? En effet, le temps de lecture augmente de 6,2% lorsque l’utilisateur passe du papier à l’iPad. Si ce ralentissement améliore l’apprentissage et la compréhension (même au delà du texte avec des liens hypertextes) alors la lecture numérique aura sûrement eu raison du support papier. Visiblement, cela ne bouleversera pas l’utilisateur, déjà d’accord sur le fait que les appareils de lecture mobile ont un confort supérieur au papier…Papier, reader ou tablette LCD, comment lisez-vous sur ces différents supports?
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