Dites 33. 33% seulement d’opinions positives pour le Chef de l’Etat. A s’être placé systématiquement en première ligne en ôtant tous les fusibles, Nicolas Sarkozy se retrouve particulièrement décrédibilisé par la multiplication des affaires alors que son bilan semble se limiter à une réforme historique des retraites aujourd’hui compromise. Rien n’est sauf, surtout pas les apparences. “En France, le roi est nu‘ juge très sévèrement Serge Michel éditorialiste au quotidien Genevois Le Temps.
Le feu d’artifice a tourné au feu de paille. Nicolas le flamboyant a laissé la place à Sarkozy l’inertie. Prompts à pardonner à leur Prince sous réserve qu’il y mette les formes, les Français s’exaspèrent d’un exécutif qui a perdu la pompe du pouvoir pour n’en conserver qu’un affairisme plutôt réservé à une fin chaotique de deuxième mandat.
Evaporée en rase campagne, la magie de la campagne présidentielle, les promesses faciles prises à tort au premier degré par ceux qui les ont entendues. Elimée l’habileté politique de l’ouverture, de la diversité et de la rupture. Nicolas Sarkozy a perdu la main et s’enferme dans le déni. Déni d’une rigueur qui ne veut pas dire son nom, déni d’une incompatibilité entre les fonctions de ministre et de trésorier de l’UMP. Il est vrai qu’au lieu de se placer, au moins en apparence au-dessus des partis, Nicolas Sarkozy s’affiche comme le patron d’un parti dont le siège est à l’Elysée.
Ce n’est plus le soldat Woerth qui est sur la sellette mais bien le général Sarkozy, ce Chef de l’Etat qui balaye d’un revers de main morale publique et déontologie en refusant de sortir du jeu le ministre du travail. La presse que Nicolas Sarkozy pensait museler goûte à l’ivresse de son rôle de contre-pouvoir retrouvé. De façon quasi-unanime elle appelle Nicolas Sarkozy à s’expliquer et à clarifier la situation face à des accusations graves notamment ses relations directes avec les Bettencourt. “Aussi bien pour son autorité dans le pays que pour son image au dehors, le sommet de l’Etat ne peut rester noyé dans les brumes de l’équivoque” juge André Schlecht dans L’Alsace
Enfermé a l’Elysée, Nicolas Sarkozy s’apprête a y jouer le dernier acte, celui du forcené dont le seul pouvoir consiste à tirer à travers les volets sur tout ce qui bouge. Il n’y a bien que la majorité pour ne pas se rendre compte qu’elle est en train de se pendre avec une corde qu’elle a elle-même tissé. A ce titre elle fait totalement fausse route en accusant la presse et le PS de cabale . Son réflexe grégaire de serrer les rangs autour d’Eric Woerth ne fait que souligner le risque d’ouragan qui menace de tout balayer, si le ministre saute, de l’UMP à l’Elysée.
Le constat est accablant. Serge Michel, éditorialiste Suisse au ton d’habitude modéré ne mâche pas ses mots : “Nicolas Sarkozy a joué avec le feu, et il est en train de perdre. Le spectacle qui apparaît au fur et à mesure que se dissipe le nuage de fumée est affligeant: la France est surendettée, les réformes sont paralysées et l’extrême droite s’apprête à renaître de ses cendres.“
Le Monde.fr s’est livré à une revue de presse internationale et relève que “de l’Inde à l’Afrique du Sud, en passant par l’Argentine, l’affaire Woerth-Bettencourt, et surtout ses retentissements sur la présidence française, intrigue les médias étrangers“. Vanity Fair dresse un parallèle avec le Watergate, La Tribune de Genève évoque une ambiance fin de règne et prédit “un automne social aussi chaud que cet été politique“. Outre-rhin, le Frankfurter Allgemeine Zeintung parle d’un “Président en détresse“.
Il y a bien le feu au lac d’autant qu’une affaire chassant l’autre, Nicolas Sarkozy est également directement mis en cause dans le dossier de l’attentat de Karachi.
En photo : l’homme par qui le scandale arrive, Edwy Plenel fondateur et directeur de la publication de Mediapart.