Arlette Albert-Birot, l'art du lien
Rappel
ce soir 17 heures au cimetière Montparnasse, réunion en mémoire d’Arlette
Albert-Birot.
Puisqu’une fois de plus les grands médias sont tristement (et honteusement)
absents*, déficients quant au relais de ce qui n’est pas paillettes et air du
temps, Poezibao prend la plume pour
rappeler l’œuvre (on peut employer le mot) essentielle d’Arlette Albert-Birot.
Œuvre multiple en fait.
Je retiendrai d’abord la façon exemplaire dont elle a porté la mémoire de
Pierre Albert-Birot et dont elle a fait vivre son œuvre. J’ai encore en mémoire
ces mails, toujours toniques et joyeux, arrivant régulièrement dans la boîte
aux lettres, pour signaler les étapes des lectures en continu de Grabinoulor.
Et comme si ce soin sans failles porté à l’œuvre du magnifique Pierre Albert
Birot avait servi de matrice à sa pensée, Arlette Albert-Birot a aussi
inlassablement soutenu un nombre important de poètes. Jusqu’aux plus jeunes. Je
me souviens comment il y a cinq ans, au Marché de la Poésie, elle m’a, à sa
manière pressante et qui ne souffrait pas la dérobade (!), demandé de
rencontrer Valérie Schlée et Edith Azam, pour les interviewer à l’occasion d’un
livre en duo qu’elles venaient de faire paraître. J’entends encore sa
jubilation quand elle confiait « nous allons avoir x ou y » à telle
occasion (le Marché, un festival, une revue).... on sentait qu’elle était
totalement impliquée, intellectuellement mais aussi affectivement et
humainement dans ce « soin » aux poètes.
Pas à tous certes, car il ne faut pas oublier que c’était aussi un bel esprit
critique, nourrie d’œuvres substantielles et qui savait parfaitement faire la
différence entre le bon, le moins bon et le pas bon du tout !
Je le sais pour l’avoir côtoyée au sein de la commission poésie du CNL. Elle en
était la présidente, pendant toute la durée de mon mandat (2007-2009) et c’est
elle qui m’y avait fait venir, alors que je débutais l’entreprise de Poezibao et que quasiment personne ne me
connaissait. On reconnaît là aussi son don de faire confiance. Je l’ai vu
écouter, discuter, argumenter, accueillant tous les points de vue avec
tolérance, mais capable de trancher aussi.
Car je pense qu’Arlette était aussi une femme d’influence, une femme politique
aurait-on envie de dire à condition de l’entendre au bon sens du mot. Sachant trouver
les voies et les recours pour faire progresser ses projets. On l’aura vue à l’œuvre,
inlassablement, pour la pérennisation puis la survie du Marché de la Poésie. Qui
aurait sombré corps et biens, je crois qu’on peut le dire sans hésiter, il y a
des années, sans sa ténacité et son art de la relation.
C’est là-dessus que j’aimerais terminer cet hommage. En redisant qu’Arlette
était une femme du lien, qui savait les créer, qui savait mettre en présence et
en contact, les œuvres et les êtres.
Florence Trocmé
*on attend bien sûr, mais
viendra-t-elle, une notice dans le Monde si savant à orchestrer les réputations
de footballeurs et d’acteurs de second plan, en espérant que le journal ne
passera pas sous silence une figure certes peu médiatique mais importante et
surtout assez emblématique à maints égards. Et cette occasion de faire un beau
portrait, susceptible de donner un peu d’espoir à ceux qui ont encore envie de
défendre certaines valeurs.