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Le Roi, l’angelot et la basse-cour…

Publié le 07 juillet 2010 par Ruminances

Posté par lapecnaude le 7 juillet 2010

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Le Château est en effervescence, les cerveaux des conseillers officiels et occultes chauffent à en arriver au point d'ébullition, il faut sauver le Roi, voler au secours de sa piétaille, écraser ces gueux qui fomentent des complots envers le Preux Chevalier “en Retraites” : L'Angelot Woerth est en péril.

Il est vrai que la campagne avait mal commencé, point de finances à l'horizon, des dettes chez tous les préteurs et les banquiers retors du pays et des contrées voisines. Pourtant, ceux du royaume, n'était-on pas allés promptement à leur secours lorsque la bourrasque, que dis-je, la tempête les avait mis sens dessus-dessous ? Le Roi avait alors prêché “la grande croisade de l'emprunt national“, demandant, ordonnant à tous aide et assistance pour les sortir du marigot puant où ils s'étaient aventurés.

On en avait tant fait, depuis l'avènement du Petit Roi, pour fêter son accession au trône, on avait exempté de dîme les gargotiers, grands soutiens du trône, décidé d'alléger l'impôt sur le travail, ce qui permettait à tous ces petits maîtres des corporations de faire trimer leurs ouvriers jusqu'à des heures pas possibles, supprimer l'impôt sur ceci sur cela, allant jusqu'à dispenser les grands saigneurs du pays de payer leur dîme, estimant que trop, c'est trop.

Quelle belle cour c'était, Dame Bachelot se prenant pour Jehanne, voulait sauver de la “morve” tous les gens du pays François, elle avait concocté, de concert avec quelques apothicaires de ses amis un antidote miracle et ce fût par bonbonnes entières que l'on lui vendit… fort cher, ce qui la contraignit pas, c'était le Trésor qui payait. Las ! de morveux, il n'y eut point et l'affaire tomba dans les oubliettes du Château.

Le Roi, tout à ses affaires avec les autres Rois des pays voisins et lointains n'en délaissait pourtant pas ses sujets et gouvernait avec son gouvernement, quand les membres de celui-ci n'étaient pas à rouler carrosse ou a ripailler dans quelques châteaux amis, il avait des idées… des idées de réformes ! Et il réforma.

Après avoir réformé la justice en éparpillant tous les tribunaux sur la terre de France comme les cartes d'un jeu de tarot. Après avoir promulgué force lois (toutes celles qui lui passaient par l'esprit), même si elles existaient déjà, il lui fallait les siennes. Tout çà dans l'intérêt de ses sujets. Après avoir réformé la santé en supprimant de ci-de là des services, des hospitals, voire des litières qui lui semblaient superflues et jeté à la rue les hommes et les femmes de l'art qui essayaient de sauver des vies, négligeant les pauvres hères qui étaient sans le moindre sou et ne pouvaient aller chez les médicastres rapiats qui monnayent fort cher leurs services.

Le Roi, dis-je, s'est mis dans l'esprit de voir plus loin. “Quand je serai vieux et que tu seras vieille” (il rêve, car souvent femme varie et bien fol est qui s'y fie)… il voit les retraites. Là aussi on manque de finances, même qu'on prend les bons deniers mis de coté pour l'avenir pour en remplir cette bourse, il reste quand même un trou. Il se dit : Désignons un de nos fiers compagnons pour régler le problème. Ce fût naturellement L'Angelot Woerth - bien sous tous les rapports, fidèle, il connait la finance. De plus, c'est lui qui fait la tournée de tous les grands saigneurs pour réclamer la dîme spéciale due au Parti du Roi.

Notre Angelot réunit en grand concile les membres des corporations, leur tint des discours “le trésor est vide, qu'allons-nous devenir, qu'en pensez-vous ?” Chacun y alla de son avis. Et ce fut des jours et des jours de criailleries, de fâcheries, de chahuts, de réconciliations. Le temps passant, le Roi dit à son Angelot “Bon çà suffit comme çà, hein, on dit çà, hein et c'est comme çà.” Puis il repartit voir ses copains dans les autres pays, laissant à l'Angelot le soin de dire leur fait aux corporations.

Les gazetiers s'en donnaient à cœur joie de raconter comment l'affaire se passait. L'un d'eux, plus retors que les autres se dit que quand même… “l”Angelot”, un ange sur terre, depuis Gabriel, on n'avait pas vu çà. Et le voilà parti à chercher, fouiner quelques bribes d'enseignements sur ce quidam. Il trouva une affaire de justice entre une grande du royaume, dame Liliane et sa fille, pour une histoire d'héritage, avec qui l'Angelot avait fait affaire et moult dîners, elle avait même pris son épouse parmi ses dames de compagnie. Dame Liliane était fort prodigue de ses deniers à qui lui rendait service, elle les distribuait donc sans difficultés même au petit parti de l'Angelot.

Les gazetiers s'en sont émus. “Comment un grand argentier du Roi ? Celui qui courtise et pactise avec les grands saigneurs pour leur soutirer des deniers pour le Parti du Roi ? Et qui, en plus s'occupe des finances du Royaume, qui perçoit des deniers pour son parti personnel de la part de dame Liliane ?

La justice, après moult circonlocutions oratoires doit bien en convenir, il y a là matière à justifier.

Cela ne fait pas l'affaire du Roi, qui tel un coq nain au milieu de sa basse-cour, dressé de toute sa volonté sur ses ergots, la queue bariolée en bataille, la crête hérissée chante “les retraites, les retraites, l'Angelot est un saint, l'Angelot est un saint” et toutes les poules mouillées de sa cour de caqueter en cœur “l'Angelot est un saint…

Ah ! Que c'est beau le chant du coq, le soir au fond des bois…

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