Magazine Poésie

Amibes

Par Arielle

AmibesQuand les gênes nous dérangent, lorsque le mal semble être naturel, lorsqu’on a onze ans et que l’intestin grêle se révèle être si frêle, comment imaginer que nos parents ont rapporté dans leurs bagages, une toute petite bactérie, unique en son genre, pas un prototype, non, mais un protozoaire.

Seul le diagnostic du médecin amènera à la réflexion.

Mon père et ma mère sont rentrés de Tunisie bien avant ma naissance. Ils étaient professeurs là bas. Il est vrai que maman avait constamment des problèmes gastriques mais trois de mes sœurs ont vu le jour avant moi. Pourquoi ces petites bêtes se sont elles tant attachées à ma personne, laissant la fratrie vivre en paix ? Auraient-elles pris goût à festoyer en mon fort intérieur lorsque je gobais les mouches pour passer le temps ? C’était mon jeu favori. Comme les chats, je guettais ma proie, j’y passais des heures, j’étais prête à bondir juste au bon moment. Je les ai bien observées : elles volaient vite, formant une sorte de carré dans un battement d’ailes sempiternellement identique, toujours dans le même sens, à croire que ce bestiau ne connait que les sens uniques. Elles sont attirées par la couleur jaune : je me demande si elles aiment le pastis ! Je patientais. J’avais pris soin de froncer les rideaux, c’était le piège et elles tombaient dans les plis. D’un bond, je coinçais l’animal dans le voile et pour qu’il ne s’échappe pas, je l’ingurgitais. Evidemment, en terrain favorable, les amibes devaient se régaler.

Trois insectes mirent fin à ma période « chasseresse ». Je jouais dans la cour de l’immeuble et m’amusais follement. Je souriais, je riais ouvrant un large bec comme dirait mon ami Jean et voilà pas qu’une escadrille de moucherons piqua droit sur moi, avec force et détermination, me déclarant la guerre. Je n’ai pas eu le temps de dire « ouf » qu’ils avaient violé mon intimité, traversé mon palais et pris mon œsophage en otage. Je m’étouffais pour faire barrage mais ils faisaient bloc et me mirent en rage. Tel César, je capitulais, jetant les armes. Pour le coup, je n’étais pas une fine mouche.

Bien que le traitement n’ait duré que quelques semaines, je suis restée vulnérable dans ma flore et me voici souvent dans l’embarras….

Ma fille également a hérité de cette fragilité et pourtant, elle mange sainement et n’aime pas la viande volante aux yeux globuleux.

Oui mon colon ! Lorsque la maladie s’incruste dans ces endroits là, elle prend un malin plaisir à naviguer de mère en fille.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Arielle 5596 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines