Gamal Al-Khodari, président du Comité Populaire d’Opposition au Siège de Gaza, a du mal à suivre avec tous les appels téléphoniques du monde entier qu’il reçoit à son bureau. « Vous ne pouvez imaginer l’élan de sympathie du monde entier envers la Bande de Gaza », dit-il à Al-Ahram Weekly. « Ceci se démontre dans les préparatifs faits par de nombreux militants pacifistes au niveau mondial pour lever le siège injuste de Gaza »
Al-Khodari a révélé qu’au moins dix caravanes maritimes internationales ont été organisées pour se diriger vers Gaza, ajoutant que l’annonce « trompeuse » d’Israël sur l’assouplissement du blocus a été rapidement dévoilée. Ce nouvel enthousiasme parmi les militants pacifistes est l’expression de leur volonté à faire face une fois de plus à Israël afin de lever le siège de Gaza.
« En plus de ces dix caravanes, il existe des contacts souterrains afin d’organiser plus de caravanes maritimes », ajouta Al-Khodari. « La Méditerranée est le théâtre d’une réelle Intifada reliée par la mer qui continuera jusqu’à ce que le blocus s’effondre. » Il y a deux bateaux qui devraient arriver du Liban, trois de plus d’autres pays arabes, trois autres de pays musulmans et enfin, deux d’Europe.
Al-Khodari estime que l’appel à mettre fin au siège exprimé lors de la réunion des dirigeants des pays du G20 au Canada est remarquable. Al-Khodari ajoute que des mécanismes spécifiques pour lever le blocus doivent être décidés et des sanctions devraient être imposées à Israël s’il ne se conforme pas à l’exigence mondiale croissante de la fin du blocus. Il a averti que l’affirmation d’Israël d’alléger le blocus « est de la simple publicité pour échapper aux demandes de levée du blocus ».
Observant les échanges commerciaux entre Gaza et Israël, Al-Khodari a expliqué qu’il était clair qu’aucun progrès n’avait été accompli en termes de conditions de vie dans la bande de Gaza. En fait, le taux des marchandises entrant à Gaza a chuté après l’annonce de l’assouplissement du blocus faite par Israël. Deux des quatre postes frontaliers commerciaux entre Gaza et Israël restent fermés, tandis qu’un autre a ouvert pour deux jours et le quatrième était partiellement ouvert pour une semaine.
Selon Al-Khodari, les faits sur le terrain démontrent que la prétention d’Israël de vouloir assouplir le blocus n’est rien d’autre que de la communication. Il appelle à une intensification des actions pour mettre fin au siège. Il ajoute qu’Israël continue d’empêcher l’entrée de 3 500 types de marchandises dans Gaza, y compris « le bétail, les matières premières pour l’industrie, toutes formes de matériaux de construction, les appareils électriques, les équipements et machines, les biens pour le traitement des eaux usées, les groupes électrogènes, ainsi que des centaines d’autres biens. »
John Ging, directeur de l’UNRWA (agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens) a fait valoir que la fin du siège aiderait à assurer la sécurité et la paix dans la région. « Je réitère notre inquiétude face à la poursuite du siège à l’encontre de plus de 1.5 millions de palestiniens à Gaza, » a dit Ging lors d’une conférence de presse dimanche à Gaza. Il a expliqué que les aspirations des Palestiniens ne pourraient être remplies par l’aide mais plutôt par la levée du blocus.
Comme Khamis Sabri, propriétaire d’une librairie dans le quartier Al-Rimal à Gaza, le palestinien moyen à Gaza n’a, en effet, pas été affecté par la décision d’Israël d’alléger le blocus et d’autoriser le passage des « biens à usage civil ». « Il y a une semaine, Israël a annoncé dans un communiqué du bureau de Netanyahu qu’il autoriserait le papier mais pas une seule feuille de papier n’est entrée sur le territoire » se plaint Sabri. « Les gens comptent sur la contrebande passée par les tunnels. »
Quelques passants de la rue Omar Al-Mokhtar, qui traverse le centre de Gaza, ont exprimé leur scepticisme quant à la décision d’Israël. « Il est évident qu’au mieux Israël se concentrera sur l’autorisation des denrées alimentaires, qui s’accumulent déjà dans les magasins en raison des opérations de contrebande à travers les tunnels mais que personne ne peut acheter car trop chères » a déclaré Samir Abu Hadeeb, un enseignant.
« [Plus que la nourriture], nous cherchons la liberté de mouvement. » Abu Hadeeb estime que l’avenir de son frère a été détruit quand les autorités d’occupation l’ont empêché de poursuivre ses études dans l’une des universités de Cisjordanie et l’ont renvoyé à Gaza.
Ahmed Hammad a déclaré au journal Weekly que depuis deux ans sa fille souffre d’un trouble du système sanguin qui l’oblige à subir une greffe de moelle osseuse. Jusqu’à présent, Israël ne lui a pas permis de passer par le passage d’Erez.
Salah Al Bardawil, une figure importante du Hamas, a décrit l’annonce d’Israël d’un assouplissement du siège comme une tentative pour compenser les appels lancés par le mouvement international de solidarité pour la fin totale du blocus. « Cette décision démontre l’intention de Tel-Aviv de ‘gérer’ le siège et non de le lever. » Al Bardawil a exigé que toutes les marchandises soient autorisées sans restrictions car c’est le droit du peuple palestinien de vivre comme tout autre peuple.
Al Bardawil a dit au journal Weekly que tous les biens et les personnes devraient avoir la liberté totale de mouvement, et que tous les passages frontaliers entre Gaza et le monde extérieur devraient être ouverts. Il a affirmé ce qu’Israël a admis : il est en train de punir le peuple palestinien pour ses choix politiques- à savoir l’élection du Hamas aux élections parlementaires de 2006. Il a déclaré que par cet assouplissement du blocus, Israël cherche à gagner une acceptation internationale pour continuer le siège.
Al Bardawil a appelé le monde à forcer Israël à mettre fin au siège, et il a exhorté les états arabes à cesser de conspirer contre le peuple palestinien en soutenant le blocus. Il a affirmé que ce genre de pression de la part des états arabes sur les Palestiniens ne pourraient aboutir à des résultats politiques, mais inciteraient les Palestiniens à insister sur leur choix démocratique lors des dernières élections.
Dans son édition du dimanche, le journal Yediot Aharonot a rapporté que lors de sa rencontre prévue à la Maison Blanche dans deux semaines avec le Premier Ministre Binyamin Netanyahu, le Président Obama émettraient plusieurs exigences non négociables. Il s’agit notamment de lever du siège sur Gaza, et d’accorder aux Palestiniens la liberté de voyager à l’extérieur de Gaza en passant par les frontières israéliennes. « Si quelqu’un croit que la levée du blocus économique imposé à Gaza satisfera les Américains, il se trompe » a déclaré une source sûre israélienne au commentateur principal du journal, Shimon Shiffer. « Les exigences d’Obama à Netanyahu seront beaucoup plus importantes. »
Le journal a ajouté qu’Obama estimait que les conditions de vie de plus de 1,5 millions de palestiniens à Gaza sont insupportables. Il a ajouté qu’Obama est d’autant plus contrarié par les restrictions de circulation des habitants de Gaza qui, selon lui, constitue une forme de punition collective.
Pourtant, il semble que les demandes d’Obama tombent dans les oreilles sourdes des Israéliens. Gabi Ashkenazi, chef du personnel de l’armée israélienne a déclaré qu’Israël ne lèverait pas le siège de Gaza et que l’armée comptait le renforcer. S’adressant à des lycéens dans le nord d’Israël, Ashkenazi a affirmé qu’aucune marchandise ne serait autorisée à passer sans examen approfondi et sans la permission d’Israël. « Israël a un droit intrinsèque d’empêcher le passage de matériel de combat à Gaza », a-t-il dit. « Celui qui veut apporter du matériel médical à Gaza doit passer par le port d’Ashdod pour inspection. A ce moment-là, Israël décidera de laisser passer ou non. »
Il est évident que la levée du siège sur Gaza requiert deux éléments. Premièrement, la patience de la part des Palestiniens - leurs souffrances qui continuent sous l’état de siège et leurs refus des alternatives qu’Israël veut leur imposer (telle qu’une levée partielle du blocus). Deuxièmement, le mouvement international de solidarité doit poursuivre ses initiatives, dont fait partie l’envoi de plus de caravanes par les voies maritimes dans le but d’entrer sur le territoire et de casser le blocus.
Les Palestiniens envoient le message au reste du monde que l’obligation minimum des Droits de l’Homme exige la fin de l’état de siège. Quiconque traversant les rues des villes de Gaza ou les ruelles étroites de ses camps de réfugiés serait surpris de la confiance que les habitants ont dans le fait que le siège prendra fin.
1e juillet 2010 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2010/100...
Traduction de l’anglais : Rifya88
5 juillet 2010 -Info-palestine