Je suis une fan de romans policiers. J’ai découvert ce nouvel horizon littéraire un été, alors que j’étais en prépa et que j’avais dû lire des classiques au kilomètre toute l’année. A l’époque, je ne jurais que par ce qu’on me demandait de connaître par coeur, c’est-à-dire les Proust, Balzac et consorts alors allons bon, des histoires de meurtres….pfff, de la littérature de comptoir quoi. Snobisme avoué à moitié pardonné, n’est-ce pas ?
Un été donc, le besoin urgent de lire « autre chose » me saisit. Mon père pioche alors dans sa grande bibliothèque et me propose un policier. J’en ai commencé un, et j’en ai enchaîné des dizaines depuis. J’ai eu l’impression d’avoir découvert l’Amérique : un vaste territoire complètement inconnu et peuplé d’auteurs dont je n’avais jamais entendu parler avant. Tour d’horizon de quelques auteurs idéaux pour se plonger avec délice dans la peau de la police :
- Michael Connelly, le maître du genre
- Fred Vargas, le polar poétique
- Maxime Chattam, le petit Frenchy qui se fout un peu de ta gueule
- Henning Mankell, la beauté de la lumière du Nord
- Jonathan Kellerman, le psychologue dont on tombe amoureuse à chaque fois
- Patricia Cornwell, le point de vue de la légiste
- Michael Connelly, le maître du genre
Mais ce n’est pas McEvoy le grand personnage de Connelly. C’est son détective, Harry Bosch, qu’on retrouve presque tous ses romans. Ou l’un des plus beaux personnages de flics jamais crées. Je me demande d’ailleurs dans quelle mesure il est inspiré des clichés du genre – aux Etats-Unis du moins – ou dans quelle mesure il a contribué à les façonner.
Harry Bosch, c’est le détective bourru, sauvage, solitaire. Grand mélomane de jazz, il se délecte souvent d’un verre sur sa terrasse à la nuit tombée, regardant les coyotes passer dans son jardin et méditant sur le malheur humain. Car en plus d’être un enquêteur hors pair, Harry ne renonce jamais et ne cède jamais au jeu de la politique au sein du LAPD. Ce qui lui vaut d’être parfois isolé, d’être en rebéllion contre sa hiérarchie, d’être toujours sur la brêche mais pour lui, toutes les victimes comptent et il va jusqu’au bout.
Ça vous semble cliché ? Je vous l’ai dit ! Mais pourtant, le personnage est tenaillé par ses angoisses, il a une peur panique de ne pas pouvoir protéger sa fille, il évolue au gré des pages et des romans comme un loup solitaire qui se laisse parfois apprivoiser.
Le tout dans des enquêtes haletantes et toujours cisaillées avec soin. L’écriture précise et facile à lire de Connelly en fait un très bon auteur à découvrir pour se lancer.
Note globale : 5/5
Commencer par : le premier roman de Connelly, qui permet aussi de faire connaissance avec Harry Bosch : Les Egouts de Los Angeles. Harry se retrouve au coeur d’une enquête qui le replonge pendant la guerre du Vietnam. Si vous aimez, alors c’est le super banco pour la suite.
4ème de couv : Né d’un père inconnu et d’une mère qui se prostituait et a fini assassinée, le très solitaire inspecteur du LAPD, Harry (Hieronymus) Bosch, oui comme le peintre, est un monsieur têtu, méthodique, et fort obsessionnel. Aussi bien le souvenir des « rats de tunnel » avec lesquels il allait jadis « nettoyer » les galeries creusées par le Vietcong du coté de Cu Chi le hante-t-il tellement qu’il n’en dort plus depuis des années.
Ses cauchemars, et sa claustrophobie, ne s’arrangent pas lorsque, vingt ans plus tard, le corps d’un de ces anciens camarades « nettoyeurs » est retrouvé à Hollywood dans une canalisation d’écoulement des eaux de pluie : Billy Meadows, c’est clair, a été assassiné, et ce meurtre est lié au pillage d’une banque organisé… à partir des égouts de L.A.
2.Fred Vargas, le polar poétique
La force des romans de Fred Vargas vient autant de sa galerie de personnages – tous très attachants – qu’à la poésie de son écriture. Fred Vargas a le don pour donner vie à un Paris qui n’existe (presque?) plus. Comme avec Pars Vite et Reviens tard, l’un de ses romans les plus connus, où l’action se cristallise autour d’un crieur de rue. Je crois d’ailleurs que son roman a quasiment ressuscité cette profession.
Autre exemple : les 4 personnages principaux de Debout les Morts sont 3 historiens et un flic qui habitent la même maison, chacun ayant colonisé un étage en fonction de leur spécialité : Mathias Delamarre, dit « Saint Matthieu », prototype du chasseur-cueilleur et historien spécialiste de la préhistoire habite au 1er, Marc Vandoosler dit « Saint Marc », le médiéviste, habite au 2è, en-dessous de Lucien Devernois dit « Saint Luc », historien de la Grande Guerre qui squatte le 3è. Tout en haut : Armand Vandoosler : il est le parrain et l’oncle de Marc, renvoyé de la brigade des stupéfiants pour avoir aidé un criminel à s’échapper.
Des moments de grâce littéraire, dont toutes les pages sont à savourer.
Note globale : 4,5/5
Commencer par : Pars Vite et Reviens tard (2001), son meilleur selon moi.
4ème de couv : On l’a peint soigneusement sur les treize portes d’un immeuble, dans le 18ème arrondissement de Paris : un grand 4 noir, inversé, à la base élargie. En dessous, trois lettres : CLT. Le commissaire Adamsberg les photographie, et hésite : simple graffiti, ou menace ?
À l’autre bout de la ville, Joss, l’ancien marin breton devenu Crieur de nouvelles est perplexe. Depuis trois semaines, une main glisse à la nuit d’incompréhensibles missives dans sa boîte à messages. Un amuseur ? Un cinglé ? Son ancêtre murmure à son oreille : « Fais gaffe à toi, Joss. Il n’y a pas que du beau dans la tête de l’homme. »
3. Maxime Chattam : le petit Frenchy qui se fout un peu de ta gueule
(c) Richard Dumas
Autre écrivain français mais dans un genre complètement différent, Maxime Chattam a commencé par 3 polars plutôt bons mais font partie des livres les plus violents que j’ai lu (avec American Psycho dans un autre genre).
L’Ame du Mal, In Tenebris et Maléfices confinent presque au genre fantastique tant les situations semblent invraisemblables. Par exemple, dans le premier opus de la série, le tueur momifie ses victimes dans des toiles d’araignées comme un arachnide géant. Au centre de ces enquêtes : un profileur (tantôt au FBI, tantôt dans la police) : Joshua Brodin.
Pour comprendre comment fonctionne le profilage de criminels, ces bouquins sont très utiles. En revanche, le crescendo dans la violence et dans l’ésotérisme est parfois tellement gros qu’il laisse le lecteur un peu dubitatif. Et après ces 3 opus, les autres que j’ai lu étaient vraiment très mauvais. Du gros foutage de gueule. N’y allez pas.
Note globale : 2/5
Commencer par : L’Ame du Mal (2001)
4ème de couv : Pas plus que sa jeune assistante, l’inspecteur-profileur Brolin ne pense que les serial killers reviennent d’outre-tombe. Fût-il le monstrueux bourreau de Portland qui étouffait et vitriolait ses victimes avant de les découper avec précision. Mais le bourreau est mort et le carnage se poursuit. Le nouveau tueur agit-il seul ou fait-il partie d’une secte ? Pure sauvagerie ou magie noire ?
Brolin a peur. Cette affaire dépasse tout ce qu’on lui a enseigné. S’immerger complètement dans la psychologie d’un monstre, le comprendre afin de cerner et de prévoir ses crimes, devenir un monstre soi-même, tels sont les moindres risques de son métier. On dit au FBI qu’il s’en faudrait d’un rien pour qu’un bon profiler aille rejoindre la galerie de ses pires clients. Peut-on impunément prêter don âme au mal ?
4. Henning Mankel : la beauté de la lumière du Nord
Mais l’ambiance globale des romans est très différente : en Scanie, on échappe au rouleau compresseur du FBI et aux rivalités des divisions policières entre elles. Le climat est plus silencieux, plus intérieur. Les intrigues sont le plus souvent racontées par Wallander dont on suit les affres, les doutes et les états d’âme.
Le Vent sombre est plus féroce : « Hors son premier roman, la « critique de la société suédoise » à laquelle se prêterait notre auteur est plutôt superficielle, résiduelle, accessoire puisque rien ne nous est livré de la vie, hormis la violence des crimes et la vision très étroite d’un enquêteur incapable de la moindre réflexion politique. »
Je dois bien avouer qu’il a raison. Malgré tout, Henning Mankell est un auteur que j’aime bien et dont je lis les romans avec beaucoup de plaisir.
Note globale : 3/5
Commencer par : Meurtriers sans Visage (1993)
4ème de couv : Un couple de vieillards est attaqué et sauvagement torturé, en pleine nuit, dans la ferme isolée où il habite. La vieille femme survit quelques jours à l’agression et trouve la force de prononcer à plusieurs reprise le mot » étranger » avant de mourir. Conscients qu’il faut taire quelque temps ce renseignement qui risque de réveiller la xénophobie ambiante, les hommes du commissariat d’Ystad se lancent à la poursuite des assassins. Mais l’information fuit et un mystérieux correspondant informe Wallander que les étrangers – installés dans de nombreux camps de réfugiés dans toute la Scanie – paieront bientôt pour ce crime atroce.
5. Jonathan Kellerman : le psychologue dont on tombe amoureuse à chaque fois
Cette série permet aux lecteurs d’envisager les choses d’un autre point de vue : on retrouve des aspects liés au « profilage » mais la dimension psychologique des intrigues est intéressante à découvrir…voire addicitive (j’ai les lis par paquets de 5 ou 6 quand je commence).
Note globale : 4,5/5
Commencer par : Le Rameau Brisé (2004)
4ème de couv : Psychothérapeute réputé de Los Angeles, le docteur Alex Delaware a été désigné par l’administration pour apporter un soutien psychologique aux victimes d’un pédophile. Peu après, celui-ci réussit à se suicider dans la salle d’attente du docteur en se tirant une balle dans la bouche. Alex subit un tel choc en découvrant le cadavre qu’il décide d’abandonner son métier et après avoir vendu quelques appartements qu’il possédait, il se met en retraite à trente-deux ans. Six mois plus tard, son ami l’inspecteur Milo Sturgis sollicite son aide dans l’enquête qu’il mène sur l’assassinat d’un psychiatre et de sa compagne. Ce double meurtre a eu pour unique témoin Melody, une fillette de sept ans qui affirme n’avoir rien vu. Alex tente de la faire parler sous hypnose, mais il échoue. Les deux hommes examinent alors tous les dossiers des patients du psychiatre assassiné à la recherche d’un indice.
6. Patricia Cornwell : le point de vue de la légiste
L’originalité de cette série vient du point de vue particulier d’une femme qui place par ailleurs la médecine légale au centre des enquêtes. Kay Scarpetta est médecin expert général de l’État de Virginie. Elle aussi, a une vie privée difficile. Et comme c’est une femme, les flics s’imaginent souvent qu’ils peuvent en faire ce qu’ils veulent. Mais évidemment, les gentils finissent toujours par triompher !
Note globale : 3/5
Commencer par : le premier de la série, Postmortem (1995)
4ème de couv : Ça y est. Le tueur a de nouveau frappé… Une jeune femme d’une trentaine d’années, cette fois. La quatrième en deux mois. Une noire et trois blanches. Etranglées. Violées. La ville de Richmond a l’habitude du meurtre. Elle se classe deuxième, aux Etats-Unis, pour son taux de criminalité. Mais il s’agit généralement de règlements de comptes, pas de crimes sexuels de ce genre… Un « serial killer » ? Un échappé d’un asile ou d’une prison qui frappe au hasard ? Le Dr Kay Scarpetta n’en croit rien. Elle a sa petite idée. Et le temps presse. Hélas, quand on est femme et médecin légiste, la vie n’est pas facile. On cherche plus souvent à vous mettre des bâtons dans les roues et des espions dans l’ordinateur qu’à vous faciliter la tâche…
Dans le prochain billet sur le genre policier, je mettrai Ian Rankin, Robert Crais, Stieg Larsson et Donna Leone. Je pourrais aussi faire un billet sur les polars historiques avec Jean-Christophe Duchon-Doris et la série géniale de Jean-François Parot… Si vous avez d’autres idées, je suis preneuse, n’hésitez pas ! Et pour tout commentaire non plus bien sûr