A chaque jour sa révélation sur l’affaire Woerth-Bettencourt. Si le sort du ministre du Travail semble
scellé, c’est désormais vers l’Elysée que les regards se tournent. L’ancienne comptable des Bettencourt a affirmé à Médiapart que Sarkozy était un hôte régulier de la riche héritière et avait
droit à sa petite enveloppe. A droite, la lassitude se fait sentir et on en appelle au président.
out va très vite. Il y a tout juste une semaine, Nicolas Sarkozy soutenait « totalement et
complètement » son ministre du Travail. Recevant les députés UMP à l’Elysée, et face à l’inquiétude exprimée par certains, le président avait rassuré ses troupes : « Éric est
l’honnêteté faite homme et je l’apprécie beaucoup. On se fait donner des leçons de morale par des parangons de vertu. Si je dis à Éric « tu dois partir », ça voudra dire qu’il y a quelque
chose ».
Convaincu que la tactique du « ni vu, ni connu » devait suffire, trêve estivale aidant, à calmer les esprits, le Sarkozy sous pression choisit tout de même de « livrer » Christian Blanc et Alain Joyandet. Rien de tel pour attiser les
braises…
Au gré des révélations qui n’en finissent de tomber, le ton a radicalement changé. L’ex-comptable des
Bettencourt affirme ce mardi 6 juillet au matin sur le site Mediapart que Sarkozy était un invité régulier des Bettencourt et venait comme les autres chercher sa « petite
enveloppe ».
Si un porte-parole de l’Elysée a affirmé que tout cela était « totalement faux », on se bouscule beaucoup moins lorsqu’il s’agit de défendre le ministre du Travail. Claire T. (la
comptable en question) assure ainsi que 150.000 euros en espèces destinés au financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 ont été remis à Eric Woerth en qualité de
trésorier de l’UMP.
L’Elysée botte presque en touche : « cela semble infondé mais il faut voir avec le trésorier de la
campagne ». Un soutien déjà beaucoup moins solide et franc qu’il y a quelques jours.
Autant dire qu’à droite, on trouve le temps long. Et l’affaire Woerth-Bettencourt focalise
toute l’attention des médias. Impossible de tenir longtemps sur ce faux rythme et ce refrain là qui parasitent tant la communication que le calendrier gouvernemental.
Raffarin appelle le président à s’exprimer
En charge du budget, François Baroin était l’invité de Jean-Michel Aphatie ce matin. L’intervieweur de RTL a évidemment attaqué l’entretien en évoquant les derniers développements de l’affaire
Woerth. La réaction de Baroin en dit long sur le sauve qui peut général qui règne tant à l’Elysée qu’au sein du gouvernement : il a quasiment supplié son interlocuteur de passer à un autre
sujet : « à l’origine, Jean-Michel Aphatie, j’étais venu pour parler du budget, cela me semble important pour le pays. On a 40 milliards à trouver, c’est important pour les Français de
discuter de tout ça. Je veux bien faire une demi-heure sur l’affaire qui vous occupe mais je ne suis pas qualifié pour le faire. Le budget de la France cela me semble plus important que de
commenter cette marguerite à laquelle on veut retirer chacun des pétales jour après jour sans preuves particulières ».
François Baroin finira par obtenir gain de cause, Aphatie mettant fin à la séquence Woerth par un surprenant commentaire : « peut-être nous accorderons nous ce matin, François Baroin, pour dire que cette histoire vous gêne pour gouverner et nous gêne pour travailler ».
Sur Europe 1, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin s’est montré, lui aussi, très prudent, en appelant à la justice : « S’il y a eu de l’argent liquide pour le financement politique, c’est inacceptable et hors-la-loi. Il faut que la justice fasse son travail ».
A la justice mais aussi au président de la République. Le sénateur de la Vienne a estimé qu’il fallait que le président de la République monte au front et « s’exprime très vite ». Un rapide passage télé n’y suffira pas, Raffarin estime que le gouvernement paye là « le fait qu’il n’y ait pas eu de remaniement après les élections régionales. Après un échec de cette nature, un remaniement donne un message aux Français qu’on les a écouté. Le président doit préparer à la date qui lui conviendra, un gouvernement resserré, un gouvernement expérimenté, qui respecte les règles d’éthiques ».
Le ménage n’est pas fini et les grands travaux ne font que commencer.
Régis Soubrouillard pour Marianne2
Merci à Section du Parti socialiste de l'île de ré