Curieuse demi-finale. Malgré l’admiration manifeste que leur portaient les commentateurs de TF1, les Uruguayens méritaient-ils de la jouer ? Pas vraiment.
Certes, la Celeste avait pour elle son courage et son cœur. Mais face aux Pays-Bas, elle n’a jamais été capable de développer autre chose que le football qu’elle pratique depuis le début de la compétition. C’est-à-dire ériger un mur bleu ciel en défense, jouer en contre, et devant, s’en remettre à Diego Forlan. Lequel s’en est d’ailleurs bien sorti : même privé de Suarez, son coéquipier fétiche, l’attaquant a répondu à la superbe ouverture du score de Van Bronckhorst par une frappe quasiment aussi splendide. Oui, mais voilà, en demi-finale de Coupe du Monde, le cœur, les tripes et un artiste dans ses rangs ne suffisent pas.
A cette équipe d’Uruguay, dont le réflexe est trop souvent de « refuser » le match en se repliant dans sa moitié de terrain, il a logiquement manqué quelque chose. Cette sanction de la demi-finale tombe d’ailleurs après un quart plutôt terne de la Celeste, face à un Ghana autrement plus méritant, mais malheureusement maladroit. C’est d’ailleurs peu dire que Forlan et ses compères avaient été veinards jusque là. Car en huitième déjà, ils avaient évité les prétendants au titre en tombant contre la Corée du Sud. Une équipe pas forcément facile à jouer, mais tout de même plus « prenable » que l’Espagne, l’Argentine, l’Allemagne ou le Portugal. En exagérant à peine, on pourrait presque dire que ce parcours est déjà très (trop ?) bien payé pour l’Uruguay. L’équipe sort après tout contre la première véritable tête de série qu’elle rencontre.
Les Pays-Bas ont frôlé la catastrophe
Et pourtant… Pourtant, ces Néerlandais n’ont pas donné de grands gages de solidité. Loin de là. Comme à l’habitude, leurs gaillards d’avant ont fait parler la poudre. En particulier Sneijder et Robben , décisifs grâce à leurs buts en seconde période. Mais derrière, les Oranje se sont compliqués la vie. Plus exactement, ils sont même passés à deux doigts de la catastrophe. Les défenseurs ont trouvé le moyen de laisser frapper Forlan quasiment plein axe en défendant à trois sur lui. Puis d’encaisser un but d’école, sur coup franc, à quelques secondes de la fin du match.
L’addition aurait même pu être bien plus lourde si les Uruguayens avaient profité, à la 51ème minute, d’une passe dramatiquement manquée dans l’axe par les Néerlandais… mais brillamment rattrapée par Van Bronckhorst. D’une manière générale, cette sélection si efficace en attaque a donné des signes de fébrilité inquiétants dès lors qu’il s’agissait de subir le jeu adverse dans sa moitié de terrain. Pour un peu, les Néerlandais se sortaient seuls du Mondial.
Alors, évidemment, on retiendra ce soir que les Pays-Bas sont en finale de la Coupe du Monde. Ce qui ne leur était pas arrivé depuis 32 ans. Mais face à la qualité du jeu allemand ou la technique des Espagnols, on peut douter qu’une telle fragilité défensive pardonne. Une fois encore, les Oranje risquent bien de tomber de haut et de voir la finale leur passer sous le nez. Après 1974 et 1978, ce serait la troisième fois.
L’avis de L’Équipe : Les Oranje aux anges
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