Victimes expiatoires immolées sur l’autel du sarkozysme. La position de Nicolas Sarkozy non plus que celle d’Eric Woerth n’est pas tenable. Résister, gagner du temps – objectif : la réforme des retraites - quousque tandem ? Comme dans les temps immémoriaux de la Bible Abraham sacrifia sur l’ordre du Seigneur un bélier en lieu et place de son fils Isaac (Genèse, 22) Nicolas Sarkozy espère calmer l’ire populaire grandissante devant l’incessante cascade de révélations autour du «scandale Bettencourt» - et des multiples implications touchant in fine non seulement Eric Woerth et sa femme mais, depuis peu, Nicolas Sarkozy himself selon notamment La Tribune de Genève Un «Genevagate» menace Mme Bettencourt et les Woerth ! - en intimant à Christian Blanc et Alain Joyandet - mis dernièrement en cause par le Canard Enchaîné – l’ordre de se mettre la tête sur l’autel du sacrifice : entendre présenter leur démission.
Ce qui fut chose faite le dimanche 4 juillet 2010. Info divulguée par un communiqué de l’Elysée à l’AFP Démission d’Alain Joyandet et de Christian Blanc du gouvernement et immédiatement reprise par un grand nombre de titres de la presse. Ceci dit, je ne les regretterais nullement !
Christian Blanc – Monsieur “Grand Paris” ! encore un dispendieux délire sarkoïdal… - mis en cause par le «volatile» pour avoir fait payer sa consommation de cigares - 12000 euros - sur les deniers publics. Quand bien même règlerait-il ses comptes avec son ancien chef de cabinet – qui s’en défend – l’accusant d’en avoir également abusé. Et se déclarerait-il le 5 juillet victime d’un lynchage sans preuve selon une dépêche de l’AFP reproduite par Le Monde, entre autres journaux.
Quant à Alain Joyandet, il fut mis en cause à deux reprises par le Canard Enchaîné. D’une part en mars 2010 pour avoir eu recours à un avion privé – 116.500 euros - pour participer en Martinique à une conférence internationale sur la reconstruction en Haïti. D’autre part en juin 2010 pour avoir bénéficié d’un permis de construire entaché d’illégalité dans la mesure où la surface déjà construite dont arguait son architecte pour agrandir le bâtiment était largement surévaluée pour ne pas enfreindre les normes en cours sur la commune de Grimaud en matière d’agrandissement des constructions dans les zones boisées.
Joyandet aurait préalablement au communiqué de l’Elysée, annoncé sa démission sur son blog en la justifiant : «L’homme d’honneur que je suis ne peut accepter d’être victime d’un amalgame. Après mûre réflexion, j’ai décidé de quitter le gouvernement».
Si Alain Joyandet avait tant tenu à son honneur il eût dû démissionner dès le second article du Canard Enchaîné qui annonçait que la commune de Grimaud retirait le permis de construire après avoir constaté que la surface indiquée par l’architecte était fausse. Il a donc pris beaucoup de temps pour cette «mûre réflexion»… Avec Sarko ou un quelconque conseiller comme “souffleur” !
On comprend bien pourquoi : l’amalgame dont il fait état. Faut-il l’entendre comme un désaveu d’Eric Woerth ? dont certes les turpitudes sont autrement importantes et graves que celles reprochées à Joyandet et un bon paquet de ministres, notamment pour les logements de fonction ou bénéficiant de loyers sans commune mesure avec ceux du marché : Tron, Estrosi, Amara. Plus la mission à 9.500 euros mensuels commandée par Sarkozy à Christine Boutin, via le ministère du travail (donc Eric Woerth)… Tiens ! Tiens !
J’ai bien fait de prendre les infos sur France Culture dimanche à 22 heures. Même pour des choses aussi simples, Nicolas Sarkozy ne peut s’empêcher de mentir. Le communiqué de l’Elysée précisait que les ministres avaient présenté leur démission qui avait été acceptée. Formule consacrée. J’étais bien persuadée du contraire et c’est Luc Chatel qui a craché le morceau : Joyandet et Blanc ont été reçus à l’Elysée par Nicolas Sarkozy et Claude Guéant qui leur ont demandé de démissionner.
Là encore Chatel se mélange un peu les pinceaux car il parle d’une demande commune de Nicolas Sarkozy et François Fillon. Sans doute pour ménager la susceptibilité du 1er ministre qui en aurait plus que ras le pompon d’être supplanté en permanence par le 1er ministre “bis” qui de surcroît s’est dernièrement répandu dans la presse pour prendre la défense d’Eric Woerth qui «n’a rien à se reprocher» (Le Figaro du 1er juillet 2010).
C’est dire aussi que Nadine Morano se plante grave en affirmant ces démissions – contraintes et forcées - «tout à leur honneur». Non sans avoir l’insigne culot – mais elle fait partie de la bande pléthorique de ceux qui «osent tout» ! – de qualifier les faits qui leur sont reprochés de «maladresses» qui «mettaient en difficulté le travail du gouvernement»…
Maladresses ? Ce ne sont ni plus ni moins que des malver-sations et/ou passe-droits qui portent gravement atteinte aux principes même d’une «République irréprochable» - ce qu’elle devrait toujours être - telle que la promettait naguère le candidat Sarkozy. S’il s’agissait d’actes semblables et même beaucoup moins graves commis par des élus socialistes, l’UMP crierait immédiatement au scandale d’Etat.
On voit (Nouvel Obs du 3 juillet 2010 entre de nombreux articles) ce qu’ont fait de la République – abîmée, dixit Martine Aubry - 3 ans de «système Sarkozy» ! Quand bien même Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l’UMP répondrait-il aussi connement qu’il sait le faire que «Martine Aubry n’abîme pas l’image de la France, pire : elle la dévaloriserait»…
Il y a en effet bien de quoi se taper le cul par terre, sachant comment la presse étrangère se gausse précisément de l’image donnée et de la France – république bananière et clientéliste et maintenant : archi-corrompue ! – et de Nicolas Sarkozy. Nadine Morano estime tout aussi stupidement le PS «sans ligne politique, dans l’invective permanente est devenu en trois ans un parti politique inutile à la France» !
Retournons-lui le compliment : en trois ans, l’UMP – Union des mafieux pourris – rejeton d’une relation quasi incestueuse entre le pouvoir et les puissances d’argent, où les dirigeants politiques confondent – comme le souligne à juste titre Ségolène Royal qui accuse un “système Sarkozy corrompu” (NouvelObs du 30 juin 2010) l’argent public et leur propre argent, sans aucun souci de l’intérêt général ni moins encore de l’éthique. «Profitant d’une totale impunité».
D’où un dramatique «effondrement des valeurs morales» - lié de surcroît à un divorce grandissant entre les élites (prétendues) et la population qu’elles tiennent dans le mépris le plus total - qui n’est pas sans conséquence sur l’incivisme grandissant d’une partie de la population : «Le poisson pourrit par la tête» dit un proverbe chinois (?) et si cela fouette grave dans les allées du pouvoir, la société toute entière devient à la merci de la violence gratuite et pire : de la «barbarie ordinaire».
Qui vient de se déchaîner avec le meurtre d’un automobiliste sur l’A13 : un banal accident conduit à la folie meurtrière (article de Tonino Serafini dans Libération du 30 juin 2010). J’ai toujours en mémoire le texte de Barbara Lefebvre paru dans le Monde : des barbarismes à la barbarie. Ecrit après l’assassinat d’Ilan Halimi, précisément commis par des «sauvageons» - Jean-Pierre Chevènement n’avait nullement tort. Elle disait en substance qu’à des jeunes qui n’avaient en moyenne que 400 mots de vocabulaire français à leur disposition, il ne restait que les poings et la violence comme tout argument.
Sans doute mais pas seulement. Dans ma longue vie j’ai connu bien des gens simples qui n’avaient pas fait d’études très longues et ne disposaient pas d’un vocabulaire étendu. Ils n’en raisonnaient pas moins de façon intelligente et sensible sur beaucoup de choses et surtout, avaient le cœur sur la main et un cœur gros comme ça. On appellera cela “intelligence du coeur” dont sont totalement dénués tous ces gros porcs enrichis par les prébendes publiques.
Ce à quoi nous assistons aujourd’hui – le refus de toute frustration qui conduit immédiatement à la violence - est le reflet d’une époque qui ne vit que dans l’immédiat et où tous les instincts et envies doivent être satisfaits au moment même où ils sont ressentis. Or, l’éducation normalement comprise passe nécessairement par une répression des pulsions – du Ça - n’en déplaise à tous ceux qui ont prôné la liberté la plus totale qui a conduit au néfaste culte permissif de «l’enfant-roi». Répression des pulsions ne veut pas forcément dire baffes et martinet. Mais l’apprentissage nécessaires de contraintes : les règles permettant la vie en commun. Dans le jeu constant entre Eros et Thanatos, l’éducation permet notamment la sublimation des pulsions dans des activités supérieures ainsi que savoir attendre : «le plaisir différé».
Le déchaînement actuel des pulsions de mort a quelque chose de terrifiant. Qui va crescendo. Ce n’est pas à coup de suppression des allocations familiales ou de mise en cause de la responsabilité pénale que la société y répondra. J’avoue humblement n’avoir pas de réponse mais ce n’est sûrement pas en méprisant tous ceux qui ne pensent pas comme les sécuritaires que l’on réglera de manière satisfaisante un problème aussi grave. Qui est le reflet d’une déliquescence morale et d’un profond «malaise dans la civilisation» ou plutôt la disparition de toute civilisation. «Les civilisations sont mortelles» disait Paul Valéry. La nôtre est moribonde. Je ne voudrais pas voir jeter les dernières pelletées de terre.
Pour en revenir à la politique politicienne de Nicolas Sarkozy et de l’UM/Posture vis avis de ces dernières «affaires», la fin - L’Elysée veut «tout faire pour sauver le soldat Woerth» (Le Figaro du 4 juillet 2010) – justifie tous les moyens : «il fallait un peu plus de calme, de sérénité face aux grandes réformes que nous sommes en train d’engager, notamment celle des retraites». Ah ! Ces retraites… Sarko = Idefix.
Avec au passage une sarkonnerie de première bourre de Nadine Morano – elle en est d’ailleurs rarement avare ! - pour justifier l’innocence d’Eric Woerth en expliquant qu’il s’agirait «d’un doute enveloppé d’un soupçon»
l Je connaissais la “merde dans un bas de soie” de Talleyrand mais le soupçon enveloppant un doute, on ne me l’avait encore jamais faite. Il n’y a pas d’âge pour apprendre.Lors même que depuis le 16 juin 2010 – lire sur Les Echos La chronologie de l’affaire Woerth-Bettencourt et encore s’arrête-t-elle au 1er juillet alors que le plus croustillant et le plus significatif des turpitudes a été révélé entre le 1er et le 2 juillet 2010 ! - révélations et preuves qui, n’en déplaise à Nadine Morano, constituent bien plus «qu’un commencement de début de preuve» mais de solides présomptions ! plus tangibles les unes que les autres et continuent de tomber aussi dru sur la tête des Woerth, de Liliane Bettencourt et ses conseils financiers - et désormais sur Nicolas Sarkozy - que la fiente des martinets sur le village de Saint-Pandelon dans les Landes. Corroborant ce que je pense depuis longtemps : Sarko a transformé l’Elysée en de nouvelles «écuries d’Augias»… Attendons un nouvel Hercule.
Pour finir d’allumer Nadine Morano – cela m’évitera d’y revenir - épinglons cette autre perle (d’inculture) lancée contre Martine Aubry – qui samedi 3 juillet fustigeait la «République abîmée par 3 ans de sarkozysme» à l’occasion de la dernière convention du PS – perle que je trouve dans une dépêche reprise par le Monde du 5 juillet 2010 “Les attaques infondées d’Aubry ne feront jamais un programme politique” : «le gouvernement et la majorité parlementaire ont tenu tous leurs engagements de campagne. C’est un constat facile à démontrer… plus de 90 réformes pour construire une France moderne et plus juste».
Parlons-en précisément de ses engagement de campagne ! D’abord, faut-y être con - et/ou névrosé, psychotique ou psycho-rigide ? - pour ne pas changer de programme quand la triple crise financière, économique et sociale fait rage avec les dégâts considérables que l’on sait, en matière d’emploi et de chômage. Ensuite, curieusement les seuls engagements que Nicolas Sarkozy ait vraiment tenus sont ceux qui favorisent les grandes fortunes – bouclier fiscal notamment – mais foin du «président du pouvoir d’achat» et de la croissance qu’il devait aller chercher «avec les dents»… Sans doute les a-t-il usées à se baffrer avec le flouze des con…tribuables.
Enfin, je ne saurais dire s’il y a vraiment eu plus de 90 réformes, j’ai autre chose à foutre qu’en faire le décompte ! ce dont je suis sûre en revanche c’est que toutes les réformes de Nicolas Sarkozy sont bien loin de construire «une France moderne et plus juste». A moins de qualifier comme dernier cri une formidable régression de quelques 170 ans en arrière aux temps heureux – pour les capitalistes – de la révolution industrielle où les salariés n’avaient aucun droit face aux patrons de droit divin, et surtout pas à la moindre protection sociale. Travailler jusqu’à ce que mort s’en suive. Avec la retraite façon Woerth, Fillon & Sarko, ce sera bientôt de nouveau à l’ordre du jour. Si c’est cela la «justice sociale» selon Morano… No comment.
D’après le commentaire d’un journaliste de France-Cul entendu dimanche aux infos de 22 heures, Nicolas Sarkozy - qui pense sans doute éteindre l’incendie qui dévaste le gouvernement et l’UMP avec un seau de plage et ne veut surtout pas lâcher Eric Woerth dont il a besoin pour sa réforme des retraites qu’il considère comme la disposition-phare de la seconde partie de son quinquennat, indispensable pour être réélu en 2012 – a sacrifié ces deux ministres car ils avaient commis des actes répréhensibles sur le plan légal : utilisation des deniers publics à des fins privées pour Christian Blanc, obtention d’un permis de construire sur la foi de données mensongères, alors que les faits reprochés à Eric Woerth - tolérer que sa femme s’occupât de la gestion de la fortune d’une personne plus tard convaincue de fraude et d’évasion fiscales quand il portait la double casquette de ministre du budget et de trésorier de l’UMP - ne porteraient atteinte qu’à l’éthique..
Voire ! Car les révélations provenant notamment de Suisse – et principalement de la Tribune de Genève reprises par Libération le 2 juillet 2007 Florence Woerth «presque à demeure à Genève» depuis 2008 - tendraient à prouver qu’Eric Woerth ne pouvait ignorer que Florence Woerth avait quasi son rond de serviette en Suisse pour y superviser la gestion des fonds déposés par Liliane Bettencourt ou son entourage et que ce fait même - s’il avait été d’une parfaite bonne foi - eût dû lui suffire pour qu’il s’interrogeât sur la nature de ces fonds : déclarés ou non au fisc ?
Eric Woerth qui outre qu’il était jusqu’il y a peu ministre du Budget et portait également la casquette de trésorier de l’UMP – après avoir été également celui de la campagne électorale du candidat Sarkozy en 2007 - est d’ailleurs le collecteur des généreuses contributions des milliardaires soutenant Nicolas Sarkozy. Cf. la soirée au très sélect Bristol où Nicolas Sarkozy était venu leur souffler le show pour les en remercier. S’attirant les foudres de l’opposition à l’Assemblée nationale et une réponse méprisante de Woerth et - déjà – un scandale.
D’autre part les banquiers suisses chargent Eric Woerth dans l’affaire Bettencourt (Le Monde du 2 juillet 2010) pour avoir collecté personnellement la bagatelle de 7 millions d’euros auprès de donateurs français en Suisse lors de la campagne présidentielle, selon la Tribune de Genève qui reprend un article déjà ancien (19 septembre 2009) de Matin Dimanche Quand Woerth aimait les comptes en Suisse parlant de faits remontant au… 23 mars 2007 ! Sans nullement s’inquiéter s’il s’agissait de fonds légalement détenus en Suisse par des ressortissants français ou s’ils provenaient de l’évasion fiscale.
Pour en terminer avec ce festival de sarkonneries, j’épinglerais la dernière raffarinade de l’âne du Poitou qui dans une interview donnée au Figaro le 4 juillet 2010 en appelle au «consensus républicain». Après tout, il est peut-être de bonne foi. Va savoir. Mais précisément trois années de “sarkozysme réel” – c’est ça, la fameuse «France d’après» ! - nous ont appris précisément qu’il ne saurait y avoir de consensus avec Sarko et sa clique. Juste des “cons qu’on suce” jusqu’à la moelle. Discussions ? Sur le mode «c’est à prendre ou à laisser».
Raffarin veut bien discuter mais n’accepte pas les critiques des socialistes. Il demande même à Martine Aubry – qui «mon-trerait ainsi ses qualités de femme d’État – de corriger les propos de ses amis. Air connu !». D’autant plus rigolo que Titine n’a pas ménagé ses critiques samedi, s’attirant les foudres de l’UMP… Lire sur Le Point (4 juillet 2010) L’exécutif accuse l’opposition de nourrir l’extrémisme. Serait-ce pour l’opposer à Ségolène Royal ?
Le reste vaut aussi son pesant de cacahuètes. «l’opposition n’a qu’un objectif : élaborer un montage politique pour fragiliser, au mépris des règles de droit, un ministre en charge de la réforme prioritaire, celle des retraites». Au mépris des règles de droit ? J’ai pourtant suivi le TD de droit constitutionnel mais n’ai jamais appris qu’il était interdit de critiquer un ministre, surtout quand visiblement il ne respecte pas les règles minimales de l’éthique. J’ai de surcroît vu trop de personnalités du RPR mener la charge contre des ministres socialistes et les réformes qu’ils souhaitaient instaurer pour ajouter un quelconque crédit à cette fable.
«La question de l’influence de l’argent sur la politique mérite réflexions et débats d’une autre tenue. Ce n’est pas par la tactique des amalgames et des suspicions que l’on traite sereinement ces sujets. L’indépendance du politique mérite que l’on exclut dans ce type de débat les insultes et les injures».
«Appeler un chat un chat et Sarkozy un fripon» - je plagie sans vergogne Nicolas Boileau - n’est pas une injure mais le strict reflet de la réalité qu’il nous inflige depuis trois ans. Et quant à «l’indépendance du politique», j’avoue ne pas savoir ce qu’il faut entendre par ces termes. J’espère que cela ne signifie pas que les politiciens se considéreraient comme étant totalement indépendants des citoyens et au-dessus d’eux : ils ne sont que nos représentants – pour ceux qui sont élus – et devraient avoir au contraire des comptes précis à nous rendre sur la manière dont ils conduisent les affaires de la France.
J’aurais l’occasion de revenir plus amplement sur tous ces scandales dans une série d’articles que je prépare. Lentement mais sûrement. Tant la “matière” - la foultitude d’articles de la presse quotidienne nationale et hebdomadaire est aussi riche que fort instructive. Encore une fois, la “geste” de la Maison Sarko serait tout à fait digne d’être l’objet d’un thriller. Imaginez le roman-fleuve qu’en pourrait tirer un écrivain du talent de Morris West ou John Le Carré.
D’autant qu’un article de D’Anne Vidalie dans l’Express du 29 juin 2010 Les affaires gabonaises de Patrice de Maistre lu dimanche après-midi m’apprend que l’employeur de Sophie Woerth est très lié à tout ce que compte la FrançAfrique au pays d’Omar Bongo. Donc, là aussi beaucoup de thune à se faire. Au détriment des populations africaines. Rien de bien nouveau sous le soleil.
Cela donnerait une grande fresque d’espionnage politico-affairiste-barbouzesque sur fond de rétro-commissions qui partirait de l’Angolagate (trafic d’armes) et de l’Affaire Elf pour aller au Karachigate (vente de sous-marins Agosto au Pakistan) en passant par les frégates de Taiwan. Beaucoup de morts fort suspectes - noyades, défenestrations, accidents thérapeutiques - parmi les protagonistes de cette ténébreuse affaire ! qui par ailleurs serait à l’origine des faux listings de l’affaire Clearstream, Jean-Louis Gergorin étant convaincu que la mort de Jean-Luc Lagardère (patron de Matra-armement devenu EADS et par ailleurs en conflit avec Alain Gomez, PDG de Thomson.CSF, devenue Thales au sujet du paiement de commissions, société que l’on retrouvera dans la construction des sous-marins Agosto) au décours d’une intervention chirurgicale n’était point accidentelle mais que son patron avait été empoisonné par des espions russes… D’où l’embauche de l’informaticien Imad Lahoud, mythomane qui rêvait d’être espion mais dont les services secrets français n’avaient pas voulu…
Comme il s’agirait d’une fiction et que partant, le respect de la chronologie importerait peu, l’on pourrait emprunter des éléments à plusieurs époques de la Ve République – les scandales politico-financiers ou autres ayant touché aussi bien la droite qu’hélas ! la gauche – ne manquant pas. La liste en est bien trop longue, même en ne sollicitant que ma seule mémoire, pour vous entraîner aujourd’hui dans les prolégomènes de cette saga qui reste à écrire.
Pour faire “couleur locale” et corser le tout, un petit zeste de batailles picrocholines dans la Sarkozie. Qui amusèrent fort les gazettes étrangères. Les impolitesses et entorses répétées à l’étiquette des cours étrangères. Le récit des infidélités récriproques prêtées couple royal qui se répandit comme traînée de poudre et mobilisa le ban et l’arrière ban du cabinet noir du Palais et jusqu’au surintendant de la police de Paris à la recherche du traître qui méritait au moins le carcan en place de Grève, sinon le bûcher après écartèlement et supplice de la roue.
La longue litanie des dépenses fastueuses de la Cour. Aussi bien ordinaires qu’extraordinaires, publiques ou pour son “particulier” et de tous les expédients pour y pourvoir. Ne se déplaçant dans le royaume qu’entouré d’au moins cinq cent hommes en arme. Faisant aménager à grands frais un char volant copié sur celui du roi des Amériques avec une machine pour passer le café que lui enviât sans nul doute le sieur Procope. Recevant avec grande profusion de luxe les monarques de Mare nostrum. Et dépensant sans compter lors d’un semestre où ses pairs l’avaient sacré éphémère empereur d’Occident.
La curieuse manie du Prince de consulter sans cesse des oracles qui doivent – à prix d’or – lui faire croire qu’il est le plus beau et que le peuple l’adore. La non moins longue liste des nominations d’obligés à la tête de quelques “fermes générales” qui font scandale par la hauteur des émoluments, avantages et privilèges accordés. La mise en coupe sombre du seul Tiers-Etat qui n’en peut mais cependant qu’une nouvelle aristocratie – d’argent - non seulement n’est pas soumise à la taille mais se voit rembourser des sommes fabuleuses sur les contributions du vulgaire auxquelles elle a échappé. Souvent en fraude.
Il faudrait un Saint-Simon pour tenir la chronique du “château” et fustiger la bassesse ordinaire des courtisans qui se tiennent coi ou ne maugréent qu’en étant certains que l’on ne dévoilera pas leur nom.
Ne pas risquer de déplaire par peur de perdre leurs offices ou d’être dûment chapitrés par le Prince et son Grand Chambellan qui y excellent. Quelques esprits forts dont la position est assez assurée pour ne pas dépendre des faveurs royales ou risquer l’exil dans leur lointaine province ne répugnant toutefois pas à laisser publiquement éclater leur mécontentement.
Narrer la peu glorieuse épopée de «Prince Jean» soutenant «à mort» David Martinon pour la conquête de la ville de Neuilly sur Seine avant de lui planter un poignard dans le dos et s’élancer quasi dans la foulée à l’assaut de la forteresse Epad - dont le siège fut un échec lamentable, sans doute prélude à la chute vertigineuse de la Maison Sarko – à défaut de pouvoir obtenir d’aussi haute lutte les parchemins de la basoche que lui refusa obstinément la Sorbonne.
Il n’empêche, devant la fronde qui saisit le peuple et le Parti de la Rose, notamment Dame Ségolène et Dame Martine en apprenant les turpitudes de l’ancien surintendant des Finances qui semble avoir couvert en connaissance de cause les malversations commises par Dame Liliane Bettencourt, première fortune de France (ou de son entourage) lors même que la femme du Grand Argentier de Bercy et du Parti du Roi était attachée à sa maison comme dame d’honneur avec précisément en charge l’administration de sa fortune, le Prince peut bien faire donner la meute de ses chiens couchés sous la direction malhabile de son Grand Veneur en personne, à savoir le sieur Xavier Bertrand. Ils ne feront taire ni les mécontentements ni les vérités désagréables qui surgissent chaque jour, plus précises à chaque fois.
A ces stupides «taïaut ! taïaut !» qui n’abusent qu’eux-mêmes, une seule réponse : Nous ne lâcherons rien !
La curée pourrait changer de camp comme les mouches ont changé d’âne. Le parti de Nicolas Sarkozy est foutu. Après avoir perdu la main, il perd définitivement pied – et sans doute le peu d’entendement qui lui restait. Il boira la tasse. Jusqu’à la lie.