Auteur d'un doublé en trois minutes face aux Glasgow Rangers (0-3), Karim Benzema a éclaté aux yeux de l'Europe à Ibrox Park. Meilleur buteur de L1 et avenir de l'équipe de France, l'attaquant lyonnais a franchi un nouveau cap. A bientôt 20 ans, il a déjà tout d'un grand.
"Karim a fait un match incroyable. Il a été décisif à un moment crucial de la rencontre". "Karim a été géant" . Alain Perrin et Jean-Michel Aulas ne s'y trompent pas. A Ibrox Park, Karim Benzema a crevé l'écran en inscrivant un doublé décisif en trois minutes. Avant cela, il avait d'abord provoqué l'ouverture du score, McGregor ne pouvant que repousser son centre sur Govou (16e). Mais l'attaquant aurait également pu être le héros malheureux de la soirée. A la 79e minute, il loupe le but du K-O. Parti seul au but, il efface le gardien écossais mais voit sa frappe repoussée sur la ligne par Naismith. Sur le contre, Darcheville aurait même pu ruiner les espoirs lyonnais si son tir n'avait pas trouvé la barre transversale. Un but qui aurait fait couler beaucoup d'encre. Mais il n'en fut rien et Benzema a pu offrir à l'OL sa 5e qualification consécutive pour les 8e de finale.
Il faut dire que "Bigbenz" n'est pas du genre à douter. Beaucoup auraient cogité à sa place après un tel raté. "Marquer, c'est mon job. J'ai un rôle de buteur, j'ai pris mes responsabilités mais c'est tout l'équipe qui a été présente , préfère-t-il relativiser. C'est vrai que c'est une grosse occasion gâchée, surtout qu'ils ont la possibilité de marquer derrière. Mais j'ai gardé le moral, ce qui m'a permis de marquer ensuite mes buts". Même l'ambiance surchauffée d'Ibrox Park n'a pas été de nature à intimider celui a décidément déjà tout d'un grand : " Jouer dans une telle ambiance est difficile, il ne faut pas louper les occasions que l'on a (...) Mais je me suis concentré sur mon match et je n'ai pas franchement ressenti de pression particulière". Vous avez dit serein ?
Il brûle les étapes
Et dire que Karim Benzema n'a pas encore 20 ans. Il les aura mercredi prochain... Mais il a pris l'habitude de brûler les étapes. "Ne rigolez pas, je suis là pour prendre votre place !", aurait-il lancé lorsque, comme le veut la tradition à Lyon, il s'était exprimé face à Wiltord, Govou ou Elber lors sa première apparition dans le groupe pro. Depuis, il a tenu parole. Pour son premier match en Ligue 1, en 2004-2005, il entre en fin de rencontre face à Metz. Sur sa première action, il offre le ballon de but à Bergougnoux. Ses débuts en C1, face à Rosenborg, sont du même acabit : servi par Ben Arfa, il efface deux défenseurs avant de frapper au ras du poteau. Et l'histoire se répète en équipe de France où sa première sélection en mars 2007 face à l'Autriche se solde par un premier but sous le maillot tricolore... neuf minutes après être entré en jeu !
En quelques mois, Benzema s'est imposé comme un titulaire indiscutable chez les champions de France, s'est installé en tête du classement des buteurs de L1 et s'est fait une place en équipe de France. A Glasgow, c'est l'Europe qui l'a découvert. Car la Ligue des Champions était le dernier terrain qui résistait à son talent. Mais il n'a pas à rougir de ses statistiques avec 5 buts au compteur en 436 minutes. Du coup, les comparaisons pleuvent. On lui prête la classe et la technique de Zinédine Zidane, la vitesse de Thierry Henry ou encore le sens du placement de David Trezeguet. Ses coéquipiers à Lyon n'hésitent pas à faire le parallèle avec Ronaldo, son idole. Et son deuxième but face aux Rangers, sur lequel il est parti du rond central pour aller placer le ballon dans le petit filet écossais, ne va pas les faire mentir.
"C'est l'ère Benzema"
Dès lors, il n'est pas étonnant qu'on l'annonce déjà chez les plus grands d'Europe. Le Milan AC, l'Inter ou encore le Real Madrid seraient prêts à débourser 30 millions d'euros pour l'attirer. "Je suis sous contrat à Lyon jusqu'en 2012 et j'ai encore des choses à faire ici", calme le natif de Bron. De toute façon, pour Jean-Michel Aulas, il est hors de question de laisser partir son joyau : "Benzema et Ben Arfa resteront à l'OL jusqu'à ce que nous gagnions cette Coupe d'Europe". Car Lyon sait qu'il tient dans ses rangs un talent comme le football français n'en a pas connu depuis longtemps. "Aujourd'hui, c'est l'ère Benzema, annonce Sonny Anderson. Il a tous les talents : l'adresse, la tête froide pour supporter la pression et il est tous les jours à fond à l'entraînement". Lyon, à qui l'on reprochait l'absence d'un attaquant de classe internationale, l'avait finalement sous le nez...
Eurosport - Anthony PROCUREUR