Le gouvernement actuel aime communiquer. Après avoir mis en avant ses mesures économiques, il y a deux ans, il s’attaque désormais à défendre la réforme des retraites. A ce titre, il a dépensé 7,3 millions d'euros en publicité dans les médias depuis avril. Un tel budget fait planer plus que des doutes. D’autant plus que les résultats de la dernière campagne publicitaire n’ont pas été obtenus. Alors, communication ou propagande ? La frontière est mince.
"À la télévision, des spots nous montrent une poignée de Français modèles expliquer un à un quand ils partiront à la retraite avec les nouvelles dispositions. Le slogan est limpide de partialité: «pour sauver nos retraites, le gouvernement a choisi d'augmenter l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans». Dans la presse, le gouvernement s'est carrément acheté de grands encarts, comme celui de 4 pages insérés dans le Monde daté du 3 juillet. Habituellement, ce sont des dictatures africaines qui se payent autant de pages publi-rédactionnelles pour vanter les mérites de leur développement. Cette fois-ci, les services de Thierry Saussez, qui pilote la communication gouvernementale, ont mis le paquet".
Juan Sarkofrance, Woerth, Joyandet, Blanc : qui paye la propagande gouvernementale ?
Article publié pour la première fois le 02/07/2008
Le 23 juin, le Premier ministre présentait la campagne de publicité détaillant une série de mesures censées stimuler le pouvoir d'achat des Français. Cette grande campagne de communication, mise au point par le Service d'information du gouvernement (SIG), est dirigée par Thierry Saussez, également délégué interministériel à la communication.
"Nous avons pris depuis un an beaucoup de mesures, certaines assez techniques et complexes, et toutes nécessitent d'être expliquées pour être comprises et intégrées par nos concitoyens", a tenté de se justifier François Fillon. Quatre sujets y sont ainsi évoqués, tous intégrés par la loi Travail, emploi et pouvoir d'achat (Tepa) : la défiscalisation des heures supplémentaires, les possibilités d'exonération d'impôt pour les jobs étudiants, la diminution de moitié de la caution locative, et l'exonération des intérêts d'emprunt à l'achat d'une résidence principale.
L’objectif affiché ? Rassurer les Français. Par quel moyen (celui-ci moins affiché) ? L’auto-persuasion. Reste à savoir si le public se fera avoir par ces campagnes publicitaires qui n’ont rien d’explicatives. Elles se contentent d’énumérer les mesures avec de la musique entraînante et des images douces. Cet effort de communication ne s'arrêtera pas là. Les mesures actuellement intégrées dans la loi de modernisation de l'économie ainsi que les prochaines réformes destinées à stimuler le pouvoir d'achat feront également l'objet d'un plan de communication.
Tout cela a un coût : 4,3 millions d'euros, soit 0,03 % du coût des mesures prévisionnelles en faveur du pouvoir d'achat. Pour des mesures qui n’ont pas de résultats garantis. Selon l’Insee, le pouvoir d’achat ne progressera pas en 2008. Espérons alors que cette campagne publicitaire sauve l’économie française puisqu’il semble que cela soit tout ce qui nous reste.