La nouvelle sera sans doute mal reçue par nombre de nos lecteurs, également fidèles de l'Université d'Eté de la Nouvelle Economie : il n'y aura pas de 32ème Université d'Eté de la Nouvelle Economie, en tout cas pas cette année.
Depuis 1977, contre vents et marées, dans l'artisanat et la précarité, l'ALEPS a maintenu la tradition. Chaque année les libéraux français se sont retrouvés entre eux au « festival » d'Aix en Provence, et ils ont eu aussi la possibilité de rencontrer des libéraux du monde entier. Des dizaines de jeunes étudiants venus de l'Europe entière ont donné un souffle nouveau et fait naître l'espoir d'une relève libérale dans tous les pays du vieux continent. Les universitaires ont accueilli les responsables de la vie économique et politique, car le libéralisme a été (et demeure encore) un vrai programme de gouvernement. Le succès de l'Université est allé croissant, elle a attiré parfois plus de cinq cents participants, et de grands ténors de la science économique, juridique ou politique. Pas moins de quatre prix Nobel, huit chefs d'Etat (certains en fonction aujourd'hui dont Vaclav Klaus, président de la République Tchèque et Viktor Orban, Premier Ministre Hongrois), un grand nombre de ministres et dignitaires, et au total près de dix mille étudiants de quarante nationalités différentes.
Il ne s'agit donc pas d'une interruption volontaire d'université. D'une part l'ALEPS a dû recentrer ses efforts financiers sur la Nouvelle Lettre et le site www.libres.org, et nous remercions à nouveau ceux d'entre vous qui ont répondu à l'appel de fonds lancé tant à l'occasion des réabonnements que de la création d'une société d'édition, la SEFEL, Société d'Edition et de formation Economie et Liberté). D'autre part, l'Université Paul Cézanne (Aix Marseille III) qui nous a abrités si longtemps est en pleine réorganisation cette année, Madame Pécresse et son désir de construire de grand pôles d'excellence universitaire marqués du gigantisme et de la bureaucratie a réussi à détruire la Faculté d'Economie Appliquée qui avait tenu tête depuis 1973 à l'assaut des marxistes et keynésiens. Pendant longtemps nous nous sommes demandés si cette Faculté, créée pour échapper à la pensée unique universitaire héritée de mai 1968, était une expérience pilote ou une réserve d'Indiens. Aujourd'hui, nous avons la réponse : réserve d'Indiens. Les derniers bastions de la pensée économique libérale dans l'alma mater ont été démolis par un gouvernement dit de droite (certains même allant jusqu'à le qualifier de libéral !).
Faut-il pour autant céder au désespoir ? Certainement pas. Après une éclipse de quelques mois dans le monde entier les idées et les politiques libérales font leur retour, sous une forme peu attrayante il est vrai – qui est celle de la rigueur imposée par les folies dirigistes qui ont causé et amplifié une crise stupide – mais qui marque déjà une totale rupture avec le keynésianisme flamboyant et qui va réduire durablement à la modestie sinon au silence les hommes de l'Etat arrogants et incompétents. En France, pays le plus durement touché par la vague d'étatisme, le retour des idées libérales prendra peut-être plus de temps, mais elle submergera tôt ou tard le pays, à moins qu'une explosion fatale ne se produise dans les mois prochains.
Les libéraux français ont l'occasion et le devoir civique de préparer le ressac libéral. D'une part ils se doivent d'affirmer haut et fort leurs convictions, bien qu'il soit dangereux dans ce pays de s'écarter du politiquement correct. On ne saurait trembler quand il s'agit de défendre la liberté. Les Français commencent à nouveau à prêter une oreille complaisante à beaucoup de nos thèmes ; non seulement ils ont ôté tout crédit à la classe politique, mais ils approuvent des idées de réforme (qui ne sont pas encore malheureusement des réformes) sur les retraites (sondages sur la capitalisation), sur l'école (sondages sur le chèque éducation), sur les déficits publics, sur le parasitisme social. Il ne s'agit pas de sombrer dans le populisme, mais de faire comprendre que les solutions sont libérales.
D'autre part, les libéraux français ont à élargir et approfondir leur argumentaire, pour convaincre plus facilement. Pour ce faire, qu'ils profitent de ces quelques semaines de répit pour lire quelques-uns des ouvrages récents, dont ils trouveront facilement la liste dans la revue des livres du site www.libres.org.
La rentrée est traditionnellement « sociale » et donne le premier rôle aux syndicats. Puisse cette année la rentrée être libérale. La foi nourrit l'espérance.
Note de Contrepoints : les lecteurs de Contrepoints désireux d'apporter leur aide financière à l'Aleps peuvent utiliser le site libres.org, et le bouton dons situé sur la colonne de droite.