« Je suis de bonne, bonne, bonne, bonne humeur ce matin, y a des matins comme ca… », disait le poète, heureusement car le film libanais de Ghassan Salhab Terra incognita n’est pas d’une gaieté folle. Ce parcourt dans Beyrouth par cinq vies bien distinctes de jeunes adultes, nous montre comment vit cette ville loin de tous les clichés. Le film vaut beaucoup par le charme de son héroïne principale , l’actrice Carole Abboud.
Le premier véritable ciné-concert pour moi cette année a lieu à la séance de 14h30 dans la salle bleue (petite salle de La Coursive où a déjà eu lieu Retour de Flamme). Il s’agit d’un film muet de 1926 qui se nomme Le Tombeau des amants, tout un programme. Si Cecil B. DeMille a une renommée internationale, Paul Sloane est tombé dans les oubliettes du 7ème art et c’est bien dommage. Malgré une première partie manquante (le film débute directement par le carton 2ème Partie) on suit avec plaisir les trépidations de l’héroïne dans une Egypte carton-pâte. Par moment ça m’a même fait penser à l’Adèle Blanc-Sec de Besson. Pour accompagner le film, Jacques Cambra est au piano et traduit en musique les diverses intrigues de l’histoire dans le plus grand respect de l’œuvre. C’est tellement mieux qu’une bande sonore enregistrée. Cela rend le moment unique et privilégié. C’est le mariage heureux de l’image et de la musique. Il y a d’autres ciné-concerts durant la semaine, je pense que je me ferai pas prier pour y retourner.
La salle du Dragon 1 a une décoration spéciale. Des hippocampes dorées ressortent des colonnes et le haut de la salle représente plusieurs types de coquillages. Un peu style rococo tout ça, c’est particulier, faut aimer. Je pensais qu’à la séance des Visiteurs d’Elia Kazan il n’y aurait pas forcement beaucoup de monde. En arrivant ¼ d’heure avant le début du film, je me suis retrouvé devant car il n y avait plus de fauteuil de libre. Je voulais voir ce film pour James Woods qui joue là l’un de ses premiers rôles. C’est un film dur et inoubliable. Rapidement, par son climat froid et malsain, nous nous laissons emporter jusqu’au drame final inévitable. Après l’avoir vu, je me dis que Kazan a signé son Chiens de Paille à lui et je ressors avec l’envie de prendre l’air, de regarder le soleil. Quelle bonne idée. Je m’assois en face du vieux port et je vois un marin d’eau douce qui se fâche avec sa femme car elle n’a pas raccordé correctement son tuyau d’arrosage à un robinet. C’est intéressant comme anecdote, vous ne trouvez-pas ?
Je retourne à La Coursive pour la soirée CMAS-CCAS. Il s’agit toujours d’un film en avant-première ce qui attire toujours beaucoup de monde. Entre nos mains est un film documentaire de Mariana Otero. Elle vient le présenter sur scène. Le film retrace la faillite d’une entreprise de sous-vêtements féminins. Confrontée à cette réalité, les employés décident de se grouper en coopérative afin de reprendre l’entreprise. Entre doute espoir et désillusion, le film profondément humain à droit à une standing ovation surtout lorsque 13 des ex-employés s’installent sur scène afin de débuter un débat avec le public. Le trac est là au départ mais très vite les échanges fusent avec son lot d’utopie et de triste réalité économique. En tout cas le film est salué comme il le mérite et ces piqueuses sont au moins devenues stars d’un soir.
Demain on se fera du Rohmer et de la Garbo, buonanotte...