Depuis les débuts de la mise en place de l’Organisation Scientifique du Travail dans les entreprises, c’est à dire depuis plus de 130 ans !, on sait l’importance des liens qui se créent au sein des organisations humaines quelles qu’elles soient.
Le lieu de travail est un endroit privilégié de socialisation.
Tout au long de ces siècles de développement de la production et de la productivité, l’encadrement managérial a donné plus ou moins d’importance au facteur humain dans l’entreprise. Si, dans les années 50, l’Ecole des Relations Humaines a su s’imposer, ce ne fût que pour un temps relativement court. Les crises économiques des années 70 remirent au goût du jour un type de management plus « guerrier ».
Une guerre économique dont chaque bataille que nous livrons semblent nous rapprocher du but (si tant est que celui-ci soit bien clair et partagé) sans espoir de l’atteindre jamais . On retrouve ce principe dans l’élaboration des plans d’Excellence tant vantés par les cabinets de consultants.
Il me semble que dans ce mouvement irrépressible, l’Entreprise, malgré les beaux discours, est en train de perdre l’une de ses raisons d’être.
Les nouvelles méthodes de Management, tout comme les Politiques publiques , nous répètent à l’envi que chaque question, chaque problème auquel notre société, notre organisation, notre quartier est confronté peut être traité « au cas par cas ». Ce faisant, je crois que nous assistons la à un Crime contre la Société !
Le « cas par cas » c’est surtout la fin de la reconnaissance du groupe, la fin de l’idée même de cause commune. Dans la pratique, c’est donner à penser aux individus que leur avenir (professionnel, par exemple) dépend plus d’eux mêmes que du groupe (de ces collègues, par exemple).
Mais je sais aussi que l’Entreprise est aujourd’hui en position de force pour changer le cours des choses.
N’en déplaise aux responsables des syndicats et associations libérales représentatives du patronat, je pense qu’il est temps de réhabiliter dans les discours et dans les actes le Lien Social comme le coeur des principes de management.
Il faut qu’avant tout l’employé, l’ouvrier, le salarié, se (re)trouve au centre d’une vraie politique de gestion humaine des ressources.
Les personnels d’encadrement ne doivent pas travailler au cas par cas. Il faut abandonner les idées tayloriennes du « Right Man at the Right Place », de la « One Best Way ».
Elton Mayo nous a montré toute la pertinence de « l’effet Hawthorne » dans le procès d’accroissement de la productivité dès 1932. Lors de leur étude de cas chez Western Electric (entre 1928 et 1932), un groupe d’étudiants de Harvard démontrèrent le fait que les gens réagissent positivement lorsque l’on s’occupe d’eux, générant ainsi un gain substantiel de productivité au sein des ateliers, bien supérieur aux résultats obtenus par des modifications d’ordre organisationnel. Le facteur humain est l’un des facteurs essentiels de la vie d’une entreprise déterminants l’efficacité d’une organisation.
Soixante-dix huit ans plus tard, il semble que nous n’en n’ayons pas encore pris toute la mesure, loin s’en faut.
Avec des sociologues comme Norbert Alter (« Donner et Prendre », le Don en Entreprise) ou Michel Freyssinet (et la « production cognitive ») s’ouvre de nouveau tout un champ de réflexion sur un changement de paradigme dans la mise en forme et en fond du management et de la gestion de nos entreprises.
Réhabilitons le Don, le Lien Social !
Faisons de nos entreprises des créatrices de Lien Social !