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Petite, renarde et rusée

Publié le 23 juin 2010 par Popov

Petite, renarde et rusée

Le livret de La petite Renarde Rusée du tchèque Léos Janacek inspiré d'un roman feuilleton du début du siècle dernier n'a rien de révolutionnaire. Tout le mérite du compositeur est de donner à ce modeste scénario une allure de fable métaphysique . Prima la musica donc qui remplit les interstices vides d'une intrigue qui n'aurait  sinon rien de métaphysique . On est loin de l'"Affaire Makropoulos" , de Katia Kabanova" ou "De la maison des morts" du même compositeur.

C'est par une composition abstraite , moderne et profondément antiwagnérienne que Janacek élève ce récit insipide au rang d'un conte philosophique sur le temps qui passe , l'éternel renouvellement de la nature. Le public qui à chaque nouvelle représentation emmène ses enfants voir cette Renarde là (attiré sans doute par les nombreux personnages d'animaux et les déguisements ) connaît à chaque fois la même déception. L'oeuvre n'est pas pour les enfants même si le choeur des enfants de la maîtrise des Hauts de Seine y participe. La Renarde de Janacek n'est pas un conte pour enfants mais le regard désabusé et mélancolique d'un vieil homme amoureux , réveillé au besoin de plaire par son amour pour une jeune femme de trente ans sa cadette et qui sent le froid d'une mort à venir lui souffler dans l'artère. Pour donner une idée de ce temps qui passe, le metteur en scène André Engel s'est agrégé les services d'un grand spécialise de la lumière , André Diot, dont les éclairages signifiants(créent le sens) ponctuent le déroulement de ce récit insolite.Les costumes superbes des animaux (de vraies trouvailles), les décors de Rielti, tout concourt à donner à cette fable forestière une dimension poétique et simple. Les animaux incarnent l'éternel résurrection , la succession de la vie dans ses cycles. Milan Kundera dans un texte magnifique a rangé l'oeuvre du compositeur du côté de la "vérité romanesque" plus que de celle du mensonge romantique (clin d'oeil à René Girard). Janacek pour lui étant aux antipodes du Kitsch Wagnérien. Aussi cette oeuvre qui apparaît sans prétention est-elle trompeuse. Véritable chef d'oeuvre de délicatesse et de philosophie du quotidien. Pour cette reprise déjà jouée à l'Opéra , peu de changement. Jean-Philippe Lafont incarne un garde -chasse puissant, résigné ...Une nouvelle petite renarde aussi très dynamique Adriana Kucerova. Le baryton basse Paul Gay est un Harasta formidable  dans l'air du deuxième acte  comme tous les autres personnages de la première version :  Hannah Esther Minutillo en Macho renard sympa,Letita Singleton en clébard attachant, Luca Lombardo en instit enamouré d'un tournesol, le coq phallique et ses poules féministes(beau travail des artistes des choeurs)et à vrai dire tout le bestiaire : solistes comme figurants qui donnent à cette oeuvre beaucoup de fraîcheur .


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