Dans Verdi , "il y a tout de même de très beaux passages" disent les allergiques au vérisme. C'est vrai et longtemps j'ai partagé cette opinion.Avant de partir en vacances cure de Verdi : Aida,Simon Boccanegra et Don Carlos (merci Mezzo). Je change aujourd'hui mon fusil d'épaule. Verdi c'est beau, parfois très beau mais alors, que c'est mal mis en scène !
Celle de la Scala par exemple est consternante avec un Alagna, alanisant, Ramadès bateleur d'estrades, bombant le torse (bombé) entouré de Sctroumpfs (le décorateur a cru bon de peindre les figurants en bleu pour faire comme sur les fresques antiques) , une chorégraphie inutile à la Kamel Ouali etc. . Un désastre. Don Carlos pas mieux avec ses solistes fort en gueule et forts tout court qui boudinent leurs mignardises .
Simon Boccanegra à l'intrigue épuisante de conformisme (ces destins politiques aussi peu captivants que les chamailleries épuisantes des dieux de Wagner) bref...Verdi ça s'écoute d'abord. Dommage . Car quand on voit l'extraordinaire vitalité d'un metteur en scène comme Robert Carsen ou encore l'inventive création des Deschamps-Makaeiff dont la chaîne musicale rediffusait L'Etoile créée à l'Opéra-Bouffe il y a 3 ans,on se prend encore à rêver de spectacles...vivants.
Emmanuel Chabrier
Tout mon royaume pour "l'Etoile" de Chabrier mis en scène par le couple. Ou comment un auteur mineur comme Chabrier peut avoir une postérité grâce à une écoute, un humour qui prend aujourd'hui comme une bonne mayonnaise. Comme il y a plus de créativité dans quelques secondes de Super Mario que dans l'oeuvre intégrale de Bernard-Henri Lévy,il y a dans les airs de Chabrier une finesse et des dialogues qui valent bien des Verdi. Debussy ne s'y était pas trompé d'ailleurs qui lui consacre trois pages de sa correspondance à ce drôle de compositeur, bureaucrate obscur, rat de ministère, pour gagner sa vie.De quoi prendre le parti d'en rire et d'imaginer quelques savoureuses figures. Comme celle du Roi Ouf. Ouf Ier , y est incarné par un ténor irrésistible et ubuesque, Jean-Luc Viala affublé d'un astrologue charlatan Jean-Philippe Lafont (merveilleux baryton qu'on peut voir exceller,en ce moment dans la Petite renarde Rusée de Janacek ) mais aussi grand comédien.Côté filles c'est délicieux. Stéphanie d'Oustriac est très bien en jeune homme et Marie-Agnès Gillet une inoubliable princesse Laoula.François Piolino (novice épatant de Billy Budd) chante Hérisson .Et tout est de la même farine.Jusqu'à la figuration.Le mot figuration n'existe pas d'ailleurs chez Deschamps (les trois comédiens convoqués ici sont hilarants).
Tout est donc bien possible à l'Opéra.