Les sciences exactes comme les mathématiques, la physique, etc. s'appuient régulièrement sur la valeur définie des chiffres comme étant une comparaison objective entre deux valeurs. Cela s'avère exacte dans le sens où nous avons des valeurs qui sont définies et classées dans un ordre imposé comme valide. Ainsi dire que 1 est plus grand que 2 est faux. Pourtant, si l'on regarde de plus près ces deux chiffres, rien dans leur forme ne permet de dire une telle affirmation. En revanche, si l'on compare deux groupes distincts composés respectivement par un individu et deux individus, on peut immédiatement dire qu'il y a plus de monde dans le deuxième groupe par rapport au premier. C'est à partir de cette observation que je me suis posée la question de la validité "objective" des diplômes et expérience professionnelle. Que cela signifie-t-il exactement ?
Il est dans la nature humaine de vouloir toujours comparer les objets sociaux entre eux. Beaucoup de ces critères sont subjectifs comme la beauté, ce que l'on aime ou pas, ce qui est bien ou pas. D'autres sont dits objectifs car ils s'appuient sur des valeurs chiffrées par exemple la richesse d'un individu. C'est à partir de ces références que se sont construits les modèles de CV. Pour permettre une égalité de chance, les CV doivent être un outil objectif. Le choix des composantes doit donc porter sur des critères comparables tels que les diplômes ou l'expérience professionnelle. Je me suis donc interrogée sur l'"objectivité" d'une telle comparaison.
La formation
Le diplôme (ou le titre) est une "sanction" validant une période de formation. Il est donc soumis à des règles strictes qui permettent de lui attribuer une valeur, tel que le nombre d'années obligatoires à son obtention, et les notes nécessaires, ainsi que le domaine d'étude. Le contenu de la formation est soumis à validation par le ministère de l'éducation. Aussi, jusqu'au baccalauréat les programmes sont imposés et communs dans toutes les écoles, tous les collèges et lycées. Pour les universités et autres écoles de niveau supérieur, le programme est avant tout proposé par l'école, et validé ensuite par le ministère. Son contenu est donc spécifique à une école. On peut toutefois retrouver des matières communes, mais il sera difficile de trouver des formations totalement identiques. A moins de connaître le programme de chaque formation (ce qui est matériellement et psychologiquement très difficile à réaliser), l'objectivité d'un diplôme ne peut s'en tenir à son contenu. Il faudra donc vérifier si le savoir est en adéquation avec le besoin du poste.
L'expérience professionnelle
L'expérience professionnelle est objective sur la présentation des entreprises Une entreprise a un nom, une marque de fabrique et surtout un domaine d'activité clairement identifié et définie. On peut donc comparer les entreprises entre elles. Autre point de comparaison, l'aspect financier qui s'articule de la même manière dans toutes les entreprises. Pour ce qui est des compétences techniques, c'est différent, chaque entreprise a sa propre culture, forme son personnel d'une certaine manière et donc crée des savoir-faire différents que l'on ne peut comparer.
Conclusion
Les valeurs objectives des CV ne permettent pas de dire si tel ou tel candidat est le "mouton à 5 pattes", mais seulement qu'il possède un niveau d'étude et qu'il a déjà travaillé en entreprise. Ensuite, c'est la subjectivité de chaque recruteur qui va faire la différence. L'évaluation des connaissances restent très subjective puisqu'elle repose sur le choix de critères précis et donc ne mesure pas l'intégralité des connaissances acquises mais une partie. Une personne à l'aise dans un domaine, ne le sera peut être pas dans un autre, même s'il a suivi la même formation. L'évaluation de la performance présente la même subjectivité, certaines situations son plus favorable que d'autre, des liens aussi viennent renforcer la subjectivité, ou l'appartenance à des groupes. Tous ces éléments infèrent sur le jugement et donc rendent l'évaluation subjective. Sommes-nous toujours conscient de cette subjectivité ? Le déni qui consiste à rejeter la réalité fera que nous nierons cette réalité pour se protéger et faire bonne figure auprès de nos pairs. La plus grande difficulté est d'accepter ces biais de jugement pour améliorer notre objectivité. Pour lutter contre ces a priori, pensez à leur existence à chaque fois que vous regardez un CV et les risques d'erreur que cela peut entraîner, et vous aurez un jugement plus juste. Savoir distinguer ce qui est objectif dans un CV de ce qui ne l'est pas, c'est le début d'une analyse objective.
Crédit photo : Norman Maynar/Stock Exchange